Aux échecs, le système du Hérisson désigne une formation de pions, généralement adoptée par les noirs, et qui peut découler de plusieurs ouvertures. Par exemple, les noirs peuvent échanger leur pion en c5 contre le pion d4 des noirs, puis disposer leurs pions en a6, b6, d6 et e6. Ces pions forment une rangée d’ « épines » derrière laquelle les noirs vont venir développer leurs forces. La position-type : les fous en b7 et e7, les cavaliers en d7 et f6, la reine en c7, et les tours en c8 et e8 (ou c8 et d8 – la tour en d8 va permettre la défense du pion d6 et le soutien de la poussée ...d5, tout en n’interdisant pas l’accès à la case f6 au cavalier, si sa présence est nécessaire pour assurer la défense du pion d6). Bien que la position des noirs soit quelque peu resserrée, il se peut qu’ils puissent, par exemple en jouant …b5 ou …d5, libérer toute l’énergie contenue dans cette position. Ces coups de pions doivent leur efficacité au fait que les blancs disposent habituellement leurs propres pions en c4 et e4.
Une fois mise en place la structure de base du système du Hérisson, et selon la manière dont les blancs y réagissent, les noirs ont plusieurs façons de réorganiser leurs pièces. Le cavalier d7 fait souvent un bon en c5, d’où il attaque le pion e4, ou en e5, d’où il attaque le pion c4. Le cavalier f6 vient se placer en e8 pour défendre le pion d6, ou en d7, ou même en h5, si ces cases sont libres. La reine noire peut être placée en b8 (dévoilant l’action de la tour c8 et permettant …b5) ou en a8 (avec vue sur d5). Parfois, les noirs jouent ...Ff8, ...g6 et ...Fg7 (ou plus simplement ...Ff6, si le cavalier f6 s’est déplacé) pour exercer une influence sur d4, tout en menaçant de déplacer ce même fou, via d8, en c7, pour mener une attaque sur l’aile-roi des blancs (conjointement avec une reine en b8). Il existe également des situations dans lesquelles les noirs peuvent bâtir une attaque sur l’aile-roi en jouant ...Rh8, ...Tg8, et ...g5, souvent suivis du doublement des tours sur la colonne g et de la poussée du pion g en g4.
La stratégie traditionnelle du jeu d’échecs fronce les sourcils à la vue du positionnement des noirs : les pièces noires ont peu d’espace pour manœuvrer. Au tout début des années 1970, “le hérisson” était un terme générique, qui désignait n’importe quel positionnement resserré, défensif et difficile à attaquer, mais aujourd’hui, le terme fait référence exclusivement à la formation étudiée dans les paragraphes précédents. Dans les années 1970, on commença à analyser le hérisson en profondeur : on appréciait la richesse des idées stratégiques qui émanaient de la position. Certes, la position des noirs est resserrée, mais elle est également à peu près exempte de faiblesses. Les blancs ne disposent pas d’une méthode a-priori évidente pour attaquer la structure de pions des noirs. En revanche, ainsi que nous venons de l’esquisser, les noirs ont plusieurs méthodes à leur disposition pour créer du contre-jeu. C’est ainsi que, dans la pratique moderne, le système du hérisson a conservé sa popularité en tant que système de développement.
Les idées inhérentes au système du hérisson furent développées en premier dans l’ouverture anglaise. La défense dite « du hérisson », en particulier, fait référence à une variante de l’anglaise symétrique (1.c4 c5) dans laquelle les noirs se positionnent ainsi : 1.c4 c5 2.Cf3 Cf6 3.g3 b6 4.Fg2 Fb7 5.Cc3 e6 6.0-0 Fe7 7.d4 cxd4 8.Dxd4 d6. Il existe d’autres ouvertures dans lesquelles les noirs emploient ce système : la défense ouest-indienne, et les variantes Taimanov et Kan de la défense Sicilienne.
La formation basique du système du hérisson noir :
Les blancs, eux aussi, peuvent s’essayer à la posture du hérisson, même si cela arrive plus rarement. On trouve un exemple de hérisson blanc dans la partie Fischer - Andersson, Siegen 1970, qui fut d’ailleurs l’un des premiers matchs à voir apparaître cette méthode de développement. La victoire fracassante de Fischer, qui démontra la force de l’attaque Rh1/Tg1/g4 avec un certain brio, impressionna tant Anderson que celui-ci devint lui-même un fervent hérissonniste.