Défense Française

http://en.wikipedia.org/wiki/French_Defence

Les demi-coups 1.e4 e6 caractérisent la défense française.

française

La Française est réputée solide et résistante.

Les noirs, en début de partie, se trouvent souvent dans une situation quelque peu serrée, mais parviennent souvent par la suite à s'offrir des possibilités de contre-attaque sur l'aile-dame, tandis que les blancs ont tendance à se concentrer sur l'aile-roi.

Cette défense tient son nom d'une partie par correspondance qui opposa les villes de Londres et de Paris en 1834 (bien que des parties plus anciennes impliquant la défense française existent). Au XIXème siècle, la Française ne faisait l'objet que de peu d'intérêt, par rapport à 1 ...e5, en tant que réponse à 1.e4. Wilhelm Steinitz, le premier champion du monde d'Echecs, a dit : "Je n'ai jamais joué la défense Française de ma vie : c'est la plus insipide de toutes les ouvertures". Au début du XXème siècle, Géza Maróczy fut peut-être le premier joueur de classe internationale à en faire son arme de prédilection contre 1.e4. Pendant très longtemps, l. ...e6 a été la troisième réponse à 1.e4 en popularité, précédée seulement par 1...c5 et 1...e5. Cependant, d'après la Mega Database 2007, en 2006, 1...e6 était seconde, devancée par la seule sicilienne.

L'histoire du jeu d'Echecs a vu défiler nombre de contributeurs à la théorie de la défense française. Parmi ceux-ci : Mikhail Botvinnik, Viktor Korchnoi, Aron Nimzowitsch, Tigran Petrosian, Lev Psakhis, Wolfgang Uhlmann et Rafael Vaganian. Plus récemment, les principaux pratiquants de la Française ont été Evgeny Bareev, Alexey Dreev, Mikhail Gurevich, Alexander Khalifman, Smbat Lputian, Alexander Morozevich, Teimour Radjabov et Nigel Short.

Après les demi-coups d'ouverture 1.e4 e6, la partie se poursuit habituellement par 2.d4 d5. Les blancs revendiquent de plus belle le contrôle du centre, tandis que les noirs viennent immédiatement défier le pion e4. Les blancs ont plusieurs options valables - ils peuvent échanger les pions, avec 3.exd5, ils peuvent avancer le pion, avec 3.e5, ou bien le défendre, soit avec 3.Cd2, soit avec 3.Cc3.


Table des matières

1 - Considérations d'ordre général

2 - Variante d'échange 3.exd5 exd5

3 - Variante d'avance 3.e5

4 - Variante Tarrasch 3.Cd2

5 - Ligne officielle 3.Cc3

5.1 Variante Rubinstein 3...dxe4

5.2 Variante Winawer 3...Fb4

5.3 Variante Classique 3...Cf6

6 - Les blancs ne jouent pas 2.d4

7 - Les noirs ne jouent pas 2…d5

8 - Codes ECO


Considérations d'ordre général

Prenons quelques instants pour étudier la structure de pion habituelle de la défense française. Les noirs ont plus d'espace sur l'aile-dame et, par conséquent, ont tendance à se concentrer sur ce côté de l'échiquier. Ils jouent presque toujours ...c7-c5 à un moment ou un autre, de manière à attaquer la chaîne de pions blancs à la base et, ensuite, ils ont la possibilité d'avancer leurs pions a et b.

Sinon, ou dans le même temps, les noirs tentent parfois de briser le centre blanc, qui resserre leur position. La plupart du temps, jouer ...c7-c5 n'est pas suffisant pour atteindre ce but, alors les noirs ajoutent souvent ...f7-f6. Si les blancs défendent le pion e5 par f2-f4, les noirs se retrouvent avec deux possibilités principales. Ils peuvent s'attaquer directement au pion f en jouant ...g7-g5. Le pion en g5 menace également d'avancer en g4 et d'éloigner un cavalier blanc positionné en f3. Ou bien ils peuvent jouer ...fxe5, et si les blancs recapturent avec le pion f, cela ouvre la colonne f pour la tour noire. Ensuite, comme les blancs ont souvent un cavalier en f3 pour garder les pions d4 et e5, les noirs peuvent sacrifier la qualité : ...Rxf3, affaiblissant encore un peu plus le centre blanc. D'autre part, si les blancs jouent dxe5, cela a pour effet d'ouvrir la diagonale a7-g1: ils ont alors quelques réticences à effectuer un petit roque. Parfois, lorsque les blancs sont en retard de développement et que leur roi est toujours au centre, les noirs vont venir sacrifier une pièce en e5 pour anéantir complètement le centre blanc et entamer une attaque.

Les blancs tentent généralement d'exploiter leur avantage d'espace sur l'aile-roi où ils peuvent parfois placer une attaque de mat : par exemple dans l'attaque Alekhine-Chatard. On trouve un autre exemple de cette tactique dans cette ligne de la variante classique : 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 Cf6 4.Fg5 Fe7 5.e5 Cfd7 6.Fxe7 Dxe7 7.f4 0-0 8.Cf3 c5 9.Fd3

Le fou de cases blanches blancs vise le pion faible h7, habituellement défendu par un cavalier en f6; ici, le cavalier a été éloigné par e5. Les blancs poursuivent leur attaque par 9...cxd4 10.Fxh7+ Rxh7 11.Cg5+ : les noirs doivent alors abandonner leur dame si ils ne veulent pas être matés. La partie se poursuit par 11...Dxg5 12.fxg5 dxc3. Les noirs ont trois pièces mineures contre la dame : théoriquement, noirs et blancs sont alors à égalité, mais le roi noir est vulnérable et les blancs ont de bonnes possibilités d'attaque.

Si les blancs ne montent pas une attaque avec leurs pièces, ils peuvent également jouer l'avance de leurs pions sur l'aile-roi (une idée qui revient très souvent en fin de partie) : f2-f4, g2-g4, puis f4-f5. Le pion en f5 est une arme redoutable, menaçant de capturer en e6 ou d'avancer en f6. La poussée du pion h en h6 ou h5 peut également s'avérer efficace. Innovation récente, ils peuvent également gagner de l'espace sur l'aile-dame en jouant a2-a3 et b2-b4, ce qui peut avoir pour effet d' "étouffer" les pièces noires.

Un des principaux problèmes des noirs avec la défense française, c'est le fou dame, bloqué par son allié le pion e6. Au début de la partie, ce fou s'avère quasiment inutile, et, à moins que les noirs ne produisent quelques efforts pour le libérer (par exemple par les poussées de pions ...c5 et ...f6), il restera inutile toute la partie durant. La partie Tarrasch-Teichmann, San Sebastián 1912, est fréquement citée en exemple de cette potentielle faiblesse du fou.

Ici, les noirs sont réduits à la passivité complète. Leur fou, en c8, fait peine à voir, réduit à l'inactivité par les pions (noirs), en a6, b5, d5, e6 et f7. Les blancs vont probablement tenter d'échanger le cavalier des noirs, seule de leurs pièces à avoir une quelconque perspective. Bien qu'il soit possible que les noirs parviennent à défendre cette position et à tenir le match nul, cela ne sera pas facile et, à moins d'une erreur des blancs, les noirs ne parviendront pas même à s'offrir du contre-jeu. Dans la partie Tarrasch-Teichmann, les blancs s'imposèrent en 41 coups. Pour éviter un fiasco du même genre, les noirs se donnent habituellement pour priorité, très tôt dans la partie, de trouver une position utile pour leur fou. Ils peuvent jouer ...Fd7-a4, pour attaquer un pion en c2, ce qui se produit dans de nombreuses lignes de la variante Winawer. Si le pion f des noirs a été déplacé en f6, ceux-ci peuvent également songer à mener le fou en g6 ou en h5, via d7 et e8. Si le fou de cases blanches des blancs se trouve sur la diagonale f1-a6, les noirs peuvent essayer de l'échanger, en jouant ...b6 et ...Fa6, ou ...Db6 suivi de ...Fd7-Fb5.


La variante d'échange : 3.exd5 exd5

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Au début du XIX° siècle, la variante d'échange était la réponse la plus populaire à la défense française, mais, depuis, elle est tombée en désuétude. Garry Kasparov l'a étudiée au début des années 1990, mais, par la suite, a préféré 3.Cc3. Réputée sûre pour les blancs, la variante d'échange a aussi la réputation d'être plutôt monotone, du fait de la structure symétrique de pions. Les blancs conservent l'avantage du premier coup, mais les noirs gagnent en aise, car leur fou-dame se voit libéré. Les blancs choisissent souvent cette ligne en espérant un nul rapide et, bien sûr, cela arrive souvent, notamment si aucun des joueurs ne brise la symétrie.

Toutefois, malgré la structure de pions symétrique, les blancs ne peuvent forcer la nulle.

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Un autre exemple (moins extrême) : le match Mikhail Gurevich-Short, Manila 1990, lors duquel les blancs (dirigés par un grand maître Russe), jouèrent ouvertement pour la nulle, mais furent défaits par les noirs en 42 coups.

Pour s'offrir de réelles chances de gain, les blancs jouent fréquemment c2-c4 à un moment donné, pour mettre le pion d5 des noirs sous pression. Les noirs peuvent isoler le pion dame des blancs en capturant en c4, mais cela aura pour effet de donner plus de liberté aux pièces blanches, ce qui peut par la suite leur permettre de mener avec succès une attaque. On peut observer ceci dans des lignes telles que 3.exd5 exd5 4.c4 (jouée par les grands maîtres Normunds Miezis et Maurice Ashley) et 4.Cf3 Fd6 5.c4. A l'inverse, si les blancs ne procèdent pas eux-mêmes à l'avance c2-c4, les noirs peuvent prendre les devants et jouer c7-c5 (par exemple : 4.Fd3 c5).

Il existe une autre manière de créer le déséquilibre : roquer sur les côtés opposés. Par exemple :

4.Fd3 Cc6 5.c3 Fd6 6.Cf3 Fg4 7.0-0 Cge7 8.Te1 Dd7 9.Cbd2 0-0-0.


La variante d'avance 3.e5

Position après 3.e5 c5 4. c3 Cc6 5. Cf3

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Tout comme la variante d'échange, la variante d'avance fut fréquemment jouée lors des débuts de la défense française. Aron Nimzowitsch trouvait qu'il s'agissait du meilleur choix possible pour les blancs, et enrichit sa théorie de nombreuses idées intéressantes. Toutefois, la popularité de la variante d'avance déclina tout au long (ou presque) du 20ème siècle, avant de refaire son apparition au plus haut niveau dans les années 1980 par l'intermédiaire du grand maître (et théoricien des ouvertures très réputé) Evgeny Sveshnikov, qui est resté depuis un des plus grands experts de cette ligne. Ces dernières années, celle-ci est devenue presque aussi populaire que 3.Cd2; elle a permis au grand maître Alexander Grischuk de remporter de nombreuses victoires au plus haut niveau.

Voici la ligne officielle de la variante d'avance : 3...c5 4.c3 Cc6 5.Cf3. (Entre autres alternatives, les noirs peuvent tenter : 4...Db6 5.Cf3 Fd7, en préparation de 6...Fb5 qui vise à échanger le "mauvais" fou dame). Alors, les noirs jouent habituellement 5...Db6 ou 5...Fd7.

5...Db6 est le coup traditionnel; il permet d’accroître la pression sur d4. Il existe un piège célèbre, qui permet aux blancs de gagner la reine noire sur attaque à la découverte : 6.Fd3 cxd4 7.cxd4 Cxd4?? 8.Cxd4 Dxd4?? 9.Fb5+. Les noirs peuvent éviter cela en jouant ...Fd7 à la place, mais cette ligne a été jugée quelque peu plus passive. Le coup habituel est 7...Cge7, suivi de Cf5 au coup suivant. Les blancs décident parfois de sacrifier leur pion d, en poursuivant 8.0-0 Cxd4 9.Cxd4 Dxd4 10.Cc3. C’est le Gambit Milner-Barry Gambit, qui tient son nom de Sir Stuart Milner-Barry; son efficacité est relativement modeste.

Donc, les réponses les plus courantes des blancs à 5…Db6 sont 6.a3 et 6.Fe2. 6.a3 est actuellement la plus importante des lignes de la variante d’avance: ce coup prépare 7.b4, qui permet de gagner de l’espace sur l’aile-dame. Les noirs peuvent empêcher cela par 6...c4, ou bien continuer à se développer en jouant 6...Ch6, avec pour objectif …Cf5. 6.Fe2 était auparavant l’alternative la plus appréciée : ce coup était une manière simple pour les blancs de préparer leur roque. Une fois encore, 6…Ch6 est pour les noirs une réponse commune : ils préparent ainsi 7...cxd4 8.cxd4 Cf5, qui vient attaquer d4.

Greco, en 1620, fut le premier à introduire le coup 5...Fd7, qui fut ensuite remis au goût du jour et popularisé par Viktor Korchnoi dans les années 1970. Aujourd’hui, il s’agit d’une des lignes principales. L’idée contenue dans ce coup est la suivante : puisque les noirs jouent habituellement ...Fd7 à un moment ou un autre, pourquoi ne pas le jouer directement, puis attendre que les blancs ne se dévoilent. Comme sur ...Db6, les blancs vont, la plupart du temps, répondre 6.a3, ou bien, dans le même esprit, 6.Fe2 (auquel cas la partie peut se poursuivre ainsi : 6… Cge7, puis 7...Cf5 vont permettre d’attaquer d4, ou 7...Cg6, suivi de ...f6, d’attaquer e5).


Variante Tarrasch 3.Cd2

Après 3.Cd2 Cf6

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La variante Tarrasch doit son nom à Siegbert Tarrasch. Ce coup était très populaire à la fin des années 1970 et au début des années 1980; Anatoly Karpov l'utilisa fréquemment à bon escient. Aujourd'hui encore, les joueurs qui cherchent à se rassurer en obtenant rapidement un léger avantage l'utilisent.

3.Cd2 se distingue de 3.Cc3 à plusieurs égards : il n'obstrue pas le passage du pion c des blancs, qui pourra alors venir soutenir le pion d4 plus tard dans la partie (par c3); et il empêche la variante Winawer, parce que 3...Fb4 échouerait sur 4.c3 : les noirs perdent un temps à organiser la retraite de leur fou.

La suite 3...c5 4.exd5 exd5, prélude de plus d’une lutte Karpov-Korchnoi, mène généralement à des positions dans lesquelles les noirs jouent avec un pion-dame isolé. La ligne officielle est actuellement la suivante : 5.Cgf3 Cc6 6.Fb5 Fd6 7.0-0 Cge7 8.dxc5 Fxc5 9.Cb3 Fb6. La position qui en résulte pourra apporter un léger avantage aux blancs en fin de partie, s’ils s’avèrent capables de neutraliser l’activité des pièces noires en milieu de jeu. Les blancs disposent d’une autre possibilité : 5.Fb5+ Fd7 (5...Cc6 est possible aussi) 6.De2+ Fe7 7.dxc5 leur permet en effet d’échanger les fous et de rendre la tâche plus ardue aux noirs (ils auront plus de difficultés à regagner le pion).

L’alternative 3...c5 4.exd5 Dxd5!? peut être intéressante. L’idée noire est d’échanger les pions c et d contre les pions d et e des blancs, et ainsi d’avoir un pion de plus au centre. Ceci leur procure en effet un léger avantage structurel, mais, pour compensation, les blancs gagnent un temps de développement précieux en harcelant la reine noire. Le jeu d’opposition avantage statique / avantage dynamique est la raison pour laquelle cette ligne est devenue si populaire ces dix dernières années. Il est possible que la partie se poursuive ainsi : 5.Cgf3 cxd4 6.Fc4 Dd6 7.0-0 Cf6 (empêchant 8.Ce4) 8.Cb3 Cc6 9.Cbxd4 Cxd4; à cet instant, les blancs pourront choisir soit de rester dans le milieu de jeu par 10.Cxd4 soit de proposer l’échange de dames par 10.Dxd4.

Tandis que 3...c5 visait à l’ouverture du centre, 3...Cf6 vise à sa fermeture. Après 4.e5 Cfd7 5.Fd3 c5 6.c3 Cc6 (6...b6 préparant ...Fa6 qui va permettre aux noirs de se débarrasser de leur “mauvais” fou de cases blanches, une idée qui revient très souvent dans la française) 7.Ce2 (laissant libre f3 pour le cavalier-dame) 7...cxd4 8.cxd4 f6 9.exf6 Cxf6 10.Cf3 Fd6. Et les noirs ont libéré leurs pièces, au prix d’un pion attardé en e6. Les blancs peuvent choisir aussi de défendre leur pion en e5 en jouant 4.e5 Cfd7 5.c3 c5 6.f4 Cc6 7.Cdf3, mais il s’ensuit un ralentissement de leur développement.

On connaît 3.Cd2 Cc6 sous le nom de variante Guimard : après 4.Cgf3 Cf6 5.e5 Cfd7, les noirs, au coup suivant, viennent proposer aux blanc l’échange du pion e, gênant, par …f6. Toutefois, les noirs n’exercent aucune pression sur d4, parce qu’ils sont dans l’impossibilité de jouer ...c5, par conséquent les blancs ne devraient pas avoir trop de difficultés à conserver un léger avantage.

La ligne 3...Fe7!? a recueilli beaucoup de succès chez les GM ces derniers temps. Il s’agit à vrai dire d’un coup étrange, supposé prouver aux blancs que tout coup à des désavantages. Par exemple, après 4.Cgf3 Cf6 5.e5 Cfd7, les blancs ne vont pas pouvoir jouer f4, tandis que 4.Fd3 c5 5.dxc5 Cf6 et 4.e5 c5 5.Dg4 Rf8!?, pour leur part, mènent à d’obscures complications. Surprise : 3... h6?!, en partant du même raisonnement, a aussi gagné le cœur d’un certain nombre d’aventuriers des ouvertures ces dernières années, parmi lesquels le GM Alexander Morozevich. Notons également l’existence d’une autre ligne rare : 3...a6. Ici, les noirs empêchent le fou de cases blanches des blancs d’occuper la case b5, puis jouent …c5 seulement ensuite.


Ligne officielle : 3.Cc3

Jouée dans plus de 40% de toutes les françaises, 3.Cc3 est actuellement la ligne principale de cette défense. Les noirs ont trois choix possibles, 3...dxe4 (la variante Rubinstein), 3...Fb4 (la variante Winawer) et 3...Cf6 (la variante Classique). 3...Cc6!? (4.Cf3 Cf6, avec dans l’idée 5.e5 Ce4) est excentrique. Le maître international allemand Helmut Reefschlaeger aimait beaucoup ce coup.


La variante Rubinstein 3...dxe4

Cette variante doit son nom à Akiba Rubinstein, et on peut également l’observer après 3.Cd2 dxe4. Les blancs sont plus libres dans leur développement, et ont plus d’espace au centre, tandis que les noirs devraient pouvoir « neutraliser » le centre en jouant ...c7-c5. Cette ligne, solide, a fait un modeste come-back, figurant dans plusieurs parties de GMs en tant qu’arme de nul, bien que la théorie persiste à dire qu’elle offre aux blancs un léger avantage. Après 4.Cxe4, les deux choix noirs les plus populaires sont 4...Fd7 5.Cf3 Fc6 (la variante Fort Knox) qui active le fou de case blanche (souvent jouée par Alexander Rustemov), et 4...Cd7 5.Cf3 Cgf6 6.Cxf6+ Cxf6 (la ligne la plus simple) qui permet de bien préparer ...c5.


Position après 4.Cxe4 :

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Une autre idée intéressante, 4...Dd5, est explorée dans la série Secrets of Opening Surprises (SOS) du MI Jeroen Bosch.


La variante Winawer 3...Fb4

Cette variante, à laquelle Simon Winawer a donné son nom, et dont les premiers pionniers furent Aaron Nimzowitsch et Mikhail Botvinnik, constitue l’un des principaux systèmes de la défense française. Vers le milieu du 20ème siècle, ce coup était le second en popularité derrière 3.Cc3 ; puis aux alentours des années 1980, la variante Classique a refait son apparition sur le devant de la scène et est par la suite devenue plus populaire.

3...Fb4 cloue le cavalier c3 sur le roi, laissant ainsi le pion e4 sans défense. Les blancs mettent, logiquement, leur pion à l’abri par 4.e5, gagnant du terrain, avec dans l’idée de prouver aux noirs qu’ils ont trop avancé leur fou en b4. Les noirs répondent généralement 4...c5, et la partie se poursuit par 5.a3 Fxc3+ 6.bxc3.

Certes, les blancs ont des pions doublés sur l’aile-dame, que les noirs vont s’empresser de viser pour s’offrir du contre-jeu, mais ceux-ci peuvent aussi apporter une aide aux blancs, puisqu’ils leur permettent d’exercer une plus grande influence sur le centre, et que, de plus, la colonne b est semi-ouverte. Ajoutons à cela l’avantage d’espace blanc sur l’aile-roi, sur laquelle les noirs sont encore plus faibles que d’habitude après l’échange de leur fou de cases noires, et l’avantage blanc de la paire de fous, et nous obtenons de dangereuses chances d’attaques pour les blancs.

Les noirs, ensuite, jouent la plupart du temps 6...Ce7 (l’alternative principale est 6...Dc7, qui permettra simplement de transposer aux lignes principales après 7.Dg4 Dc7, sauf si les noirs jouent, par exemple, 7.Dg4 f5.) Les blancs peuvent alors exploiter l’absence du fou de cases noires des noirs en jouant 7.Dg4, offrant aux noirs deux possibilités : le sacrifice de leurs pions aile-roi avec 7...Dc7 8.Dxg7 Tg8 9.Dxh7 cxd4 qui va leur permettre, en retour, de procéder à la destruction du centre blanc ; on appelle cette variante « le pion empoisonné »; l’autre possibilité consiste à jouer 7...0-0 8.Fd3 Cbc6, qui permet de conserver l’égalité sur le plan matériel, mais qui, toutefois, laisse le roi du côté où les blancs sont en train de mener l’attaque. Judit Polgar compte parmi les éminents experts de la ligne 7.Dg4.

Si les complications tactiques impliquées par 7.Dg4 ne sont pas du goût des blancs, 7.Cf3 et 7.a4 constituent de bonnes alternatives positionnelles. 7.Cf3 est simplement un coup naturel de développement, et les blancs poursuivent fréquemment en sortant leur fou-roi en d3 ou e2 (parfois en b5) puis en effectuant un petit roque. 7.a4 poursuit un triple-but :

1 - la préparation de Fc1-a3, qui permettra de profiter de l’absence du fou de cases noires des noirs,

2 – empêcher les noirs de jouer ...Da5-a4 or ...Fd7-a4, qui menacerait c2,

3 – et si les noirs jouent ...b6 (suivi de ...Fa6 pour échanger le mauvais fou), les blancs pourront répondre a5, attaquant le pion b6.

Les deux camps disposent de nombreuses alternatives à la ligne officielle de la Winawer. Voici quelques uns des quatrièmes coups blancs possibles :

Après 4.e5, les noirs ne sont pas forcés de répondre 4...c5, mais ils peuvent tenter 4...b6, suivi de ...Fa6, ou 4...Dd7 ; ensuite, ils pourront contrer 5.Dg4 avec 5...f5. Toutefois, en l’état actuel de la théorie, ces deux lignes semblent donner l’avantage aux blancs. Les noirs ont une autre possibilité pour changer de trajectoire : 4.e5 c5 5.a3 Fa5, la variante Suisse. Ils maintiennent ainsi cloué le cavalier, et les blancs essaient de le déclouer, en jouant 6.b4 cxd4 7.Dg4 ou 7.Cb5 (le plus souvent, les blancs vont être à même de prendre l’avantage, par 7.Cb5 bxa3+ 8.c3 Fc7 9.Fxa3). A noter également, la variante Rauzer : 5.a3 cxd4 6.axb4 dxc3 7.Cf3 (6.Dxd4 est intéressant également).


La variante Classique 3...Cf6

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Il s’agit d’un des systèmes majeurs de la française. Les blancs peuvent continuer ainsi : 4.e5, c’est la variante Steinitz (de Wilhelm Steinitz) ou 4.Fg5, menaçant le cavalier cloué par 5.e5. Aujourd’hui, au plus haut niveau, on répond le plus souvent 4...dxe4 (la variante Burn, d’après Amos Burn). Et la suite la plus explorée est alors 5.Cxe4 Fe7 6.Fxf6 Fxf6 7.Cf3 Cd7 ou 7...0-0, qui amène une situation qui ressemble à celle immergeant de la variante Rubinstein. Les noirs ont l’avantage de la paire de fous, et donc de meilleures chances de victoires d’un point de vue dynamique, tandis que le cavalier blanc, bien placé en e4, offre aux blancs une meilleure position sur le plan statique. Ce jeu d’opposition rend cette variante plus populaire que la Rubinstein et a pendant très longtemps été une des préférées d’Evgeny Bareev. Les noirs peuvent aussi tenter 5.Cxe4 Fe7 6.Fxf6 gxf6 : on a vu à plusieurs reprises Alexander Morozevich essayer cette ligne; en poursuivant par ...f5 et ...Ff6, les noirs obtiennent une bonne emprise sur le centre, mais doivent poursuivre la partie avec une structure de pions brisée. Il y a une autre ligne qui ressemble à la Rubinstein : 5.Cxe4 Cbd7 6.Cf3 Fe7 (6...h6 peut être tenté de même) 7.Cxf6+ Fxf6.

Autrefois, 4...Fe7 était la ligne officielle après 4.Fg5 et est, encore de nos jours, importante, ce même si la variante Burn l’a surclassée en popularité. Voici la suite habituelle : 5.e5 Cfd7 6.Fxe7 Dxe7 7.f4 0-0 8.Cf3 c5, offrant aux blancs nombre d’options, parmi lesquelles 9.Fd3, 9.Dd2 et 9.dxc5. Les blancs peuvent aussi tenter le gambit 4...Be7 5.e5 Nfd7 6.h4, mis au point par Adolf Albin et joué par Chatard, mais peu pris au sérieux jusqu’au jour où Alexander Alekhine s’en servit pour vaincre Fahrni à Mannheim en 1914. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’Attaque Albin-Chatard ou l’Attaque Alekhine-Chatard. Après 6...Fxg5 7.hxg5 Dxg5 8.Ch3 De7 9.Cf4 Cc6 10.Dg4 (expliquant le choix de 8.Ch3 plutôt que de 8.Cf3), les blancs ont sacrifié un pion pour ouvrir la colonne h, augmentant ainsi leurs chances de mener à bien une attaque sur l’aile-roi. Les noirs peuvent aussi refuser le gambit de plusieurs manières, par exemple : 6...a6 ou 6...f6, mais les meilleurs joueurs préfèrent majoritairement 6...c5. L’Attaque Alekhine-Chatard n’est pas très populaire chez les grands maîtres (bien que, par exemple, Garry Kasparov l’ait utilisée avec succès face à Viktor Korchnoi en 2001), mais elle est bien plus souvent jouée dans les parties d’amateurs.

Les noirs ont un troisième choix : contre-attaquer avec 4...Fb4 (la variante MacCutcheon), ignorant la menace 5.e5 : 5.e5 h6 6.Fd2 Fxc3 7.bxc3 Ce4 8.Dg4. Les noirs peuvent alors jouer soit 8...g6, qui affaiblit certes les cases noires aile-roi, mais permet d’éventuellement grand-roquer par la suite, soit 8...Rf8.

4.e5 Cfd7, c’est la variante Steinitz. Les blancs ont le choix entre le banal 5.f4, 5.Cce2 (la variante Shirov-Anand; les blancs se préparent à soutenir leur centre de pions avec les coups c2-c3 et f2-f4), ou 5.Cf3 (qui vise à l’activation rapide des pièces). Après 5.f4 c5 6.Cf3 Cc6 7.Fe3 (7.Cce2 transpose sur la variante Shirov-Anand. Un piège a été découvert ici : 7.Fe2 cxd4 8.Cxd4 Cdxe5! 9.fxe5 Dh4+ gagne un pion), les noirs disposent de plusieurs options. Ils peuvent augmenter la tension en d4, en jouant 7...Db6 or 7...cxd4 8.Cxd4 Db6, ou bien ils peuvent achever leur développement, soit en commençant par l’aile-roi (7...cxd4 8.Cxd4 Fc5) soit en commençant par l’aile-dame (7...a6 8.Dd2 b5).


Sortir des sentiers battus avec les blancs

Après 1.e4 e6, près de 90% de toutes les parties continuent ainsi : 2.d4 d5, mais les blancs peuvent essayer d’autres idées. La plus importante de ces idées est 2.d3 d5 3.Cd2, une version de l’attaque est-indienne. Les blancs vont probablement poursuivre Cgf3, g3, Fg2, 0-0, c3 et/ou Te1 (dans un ordre ou un autre). Les blancs peuvent s’opposer à ce plan : par 3...c5, suivi de ...Cc6, ...Fd6, ...Cf6 ou ...Fge7 puis ...0-0 par exemple. 3...Cf6 4.Cgf3 Cc6, en prévision de ...dxe4 et ...e5, pour enfermer le fou g2 est possible aussi. Cette variante-ci est jouable également : 3...Cf6 4.Cgf3 b6 rend ...Fa6 possible si le fou de cases blanches des blancs quitte la diagonale a6-f1. 2.d3 a toujours été utilisé par de nombreux joueurs de premier plan, comme par exemple les grands maîtres Pal Benko, Bobby Fischer et Lev Psakhis.

Parmi les autres idées intéressantes : 2.De2, la variante Chigorin, qui décourage 2...d5 parce qu’après 3.exd5, le pion noir est cloué, et donc ceux-ci vont devoir sortir leur dame pour récupérer leur pion. Les noirs répondent souvent 2...c5, et ensuite, il est possible que la partie ressemble à la variante 2.d3 ou à la variante fermée de la défense sicilienne.

La variante des Deux Cavaliers se joue ainsi : 2.Cf3 d5 3.Cc3 ; ensuite les noirs ont deux bonnes réponses possibles : 3...d4 et 3...Cf6. 2.b3 mène au Gambit Réti, après 2...d5 3.Fb2 dxe4, mais les noirs peuvent aussi le refuser, en jouant 3...Cf6. 2.e5 est appelé Attaque Steinitz, du nom du premier Champion du monde, qui l’analysa, et la joua parfois à la fin du XIXème siècle. Mais étant donné qu’il ne s’agit probablement pas d’une réponse en forme de défi à 1...e6, c’est plutôt rarement joué.

Après 2.d4 d5, les blancs peuvent aussi choisir le gambit Diemer-Duhm : 3.c4?!, mais ils doivent savoir qu’il s’agit théoriquement d’un coup faible. On voit souvent 3...dxe4 4. Cc3 Cf6 5. f3, ce à quoi les noirs peuvent répondre par 5...Fb4, 5...c5, ou5...exf3.


Sortir des sentiers battus avec les noirs

Bien que 2...d5 soit le meilleur coup après 1.e4 e6 2.d4, les noirs jouent, à l’occasion, d’autres coups :

2...c5 (on parle de “Franco-Benoni”, parce que la poussée ...c5 est caractéristique de la défense Benoni). Les blancs peuvent même transposer sur une Benoni traditionnelle, en poursuivant par 3.d5, ce qui leur offre éventuellement des possibilités supplémentaires, puisqu’ils ne sont pas forces de jouer c4. Notons aussi que 3.Cf3 va leur permettre de transposer sur une sicilienne « normale », et 3.c3 de transposer sur une des lignes de la sicilienne Alapin (généralement atteinte après 1.e4 c5 2.c3 e6 3.d4). On peut également « revenir dans une française », par exemple : 1.e4 e6 2.d4 c5 3.c3 d5 4.e5 transpose sur la variante d’avance.

2...f5?! (la défense Kingston), partage quelques points communs avec la défense Hollandaise. 3.e5 pose peu de problèmes aux noirs, après 3...Ce7 4.Cf3 c5. Le gros challenge pour les noirs est la variante d’échange (3.exf5 exf5 4.Fd3) : 4...Cc6 5.Fxf5 Df6 promet une suite riche en pointes tactiques.


Codes ECO

Les variantes de la défense française sont classées dans les sections C00 à C19 de l'encyclopédie ECO des ouvertures (toutes les sections répertorient des variantes débutant par les coups 1.e4 e6 2.d4 d5, à l'exception de C00) :

C00 - 1.e4 e6 sans 2.d4

C01 - 2.d4 d5 (y compris la variante d'échange 3.exd5)

C02 - 3.e5 (variante d'avance)

Les sections C03 à C09 traitent de la variante Tarrasch

C10 - 3.Cc3 (y compris la variante Rubinstein, 3...dxe4)

Les sections C11 à C14 traitent de la variante Classique

Les sections C15 à C19 traitent de la variante Winawer