Défense Alekhine

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La Défense Alekhine débute ainsi : 1.e4 Cf6. Dans l'ECO, elle occupe les sections B02 à B05.


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Elle doit son nom à Alexander Alekhine, qui la présenta lors du tournoi de Budapest en 1921, dans ses parties face à Endre Steiner et Fritz Sämisch. Quatre ans plus tard, les éditeurs de la quatrième édition de Modern Chess Openings (MCO-4) écrivaient : "Rien n'est plus révélateur des conceptions iconoclastes de l' "école hypermoderne" que la défense bizarre présentée par Alekhine ... Au mépris de toutes les doctrines de l'école classique, les noirs permettent que leur cavalier soit pourchassé sur l'échiquier dès le début de la partie, avec l'espoir de pouvoir créer une faiblesse dans le centre de pions imposant (c4, d4, e5 et f4) des blancs." Dans MCO-15 (2008), le GM Nick de Firmian déclare : "Dès les premiers coups [de la défense Alekhine], il n'est plus question de symétrie ou d'équilibre, ce qui en fait un bon choix d'ouverture pour les joueurs au style agressif."

Parmi les premiers amateurs de cette défense, citons, en plus d'Alekhine, Ernst Grünfeld. La popularité de la défense Alekhine croît et décroît; à l'heure actuelle, elle est peu jouée. De Firmian observe : "Il est possible que la mode évolue rapidement, étant donné que les résultats obtenus par les noirs sont bons. Il suffirait qu'un grand champion se mette à la jouer fréquemment." Le joueur le mieux classé qui l'utilise est le GM Vassily Ivanchuk, tandis que le GM Lev Alburt a beaucoup contribué à sa popularité. De Firmian écrit : "En ce moment, les GMs Shabalov et Minasian utilisent cette défense régulièrement, et Aronian, Adams et Nakamura l'emploient de temps en temps. Par le passé, de grands joueurs tels que Fischer ou Korchnoi l'ont incluse dans leur répertoire, d'où sa respectabilité."

Variantes Principales

1 Attaque des quatre pions

2 Variante d'échange

3 Variante Moderne

4 Attaque des deux pions

5 Variante des deux cavaliers

6 Autres lignes



Après les coups habituels 2.e5 Cd5, trois des principales variantes de l'Alekhine utilisent 3.d4 (notons toutefois que les blancs disposent à ce stade de la partie d'autres possibilités). Les deux variantes les plus courantes sont la Variante d'échange et l'Attaque des quatre pions.

Dans la variante d'échange, 3.d4 d6 4.c4 Cb6 5.exd6, les blancs ont un avantage d'espace. Les noirs, pour leur part, peuvent tirer parti du centre à moitié ouvert, par ...g6 / ...Fg7 / ...Fg4.

Dans l'Attaque des quatre pions, 3.d4 d6 4.c4 Cb6 5.f4, les blancs disposent d'un avantage d'espace plus conséquent (notons toutefois que le centre n'est pas figé). Les noirs ont plusieurs possibilités :

Il existe également un certain nombre de variantes moins importantes : citons entre autres le Gambit Sullivan, 3.d4 b5 (préparant 4.Fxb5 c5 5.dxc5?? Da5+), et la Variante Balogh, 3.d4 d6 4.Bc4.


1 - L'attaque des quatre pions

            1.e4 Cf6 2.e5 Cd5 3.d4 d6 4.c4 Cb6 5.f4


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L'attaque des quatre pions est le choix le plus ambitieux dont les blancs disposent, et il s'agit peut-être de la variante qui illustre le mieux l'idée de base de la défense Alekhine : les noirs permettent aux blancs de gagner plusieurs temps en attaquant le cavalier et d'ériger un centre de pions apparemment imposant, avec la conviction de pouvoir l'annihiler plus tard.
La partie peut prendre un tour très acide, car les blancs doivent soit jouer de sorte à conserver leur avantage d'espace, soit faire usage de cet avantage avant que les noirs ne parviennent à mener avec succès une attaque contre leur centre. Les noirs eux aussi se doivent de jouer vigoureusement, car s'ils jouent passif ils seront anéantis par le centre blanc. L'attaque des Quatre Pions n'est pas si populaire que celà, non pas qu'elle soit faible, mais parce que de nombreux joueurs hésitent à la jouer avec les blancs, de peur d'entrer dans une variante tactique recélant de nombreuses subtilités auxquelles les noirs se sont peut-être préparé. La ligne principale est : 5...dxe5 6.fxe5 Cc6 7.Fe3 Ff5 8.Cc3 e6 9.Cf3. Citons également une ligne alternative, la variante Planinc (du GM Albin Planinc, qui l'employait avec succès dans les années 1970), qui voit les noirs poursuivre : 5...g5!?, l'objectif étant de détruire le centre des blancs en leur proposant le tentant 6. fxg5?, dxe5 leur posant quelques problèmes. Dans les années 1990, l'Attaque des quatre pions fut souvent employée par Michael Schirmer, un joueur d'Echecs par correspondance, dont les parties apparaissent dans un livre récent écrit par Nigel Davies, très estimé GM britannique et fervent défenseur de l'Alekhine.


2 - La variante d'échange

            1.e4 Cf6 2.e5 Cd5 3.d4 d6 4.c4 Cb6 5.exd6

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La Variante d'échange est moins ambitieuse que la Variante des Quatre Pions. Les blancs procèdent à l'échange des pions, acceptant ainsi un avantage spacial plus modeste. Les noirs doivent choisir : comment vont-ils procéder à la recapture en d6? En jouant le solide 5...exd6, qui mène à une position très stratégique? Ou bien en tentant le plus ambitieux 5...cxd6, grâce auquel les noirs disposent de davantage de pions au centre? La troisième possibilité de recapture, 5...Dxd6, est jouable aussi, car la fourchette 6.c5 se heurte à 6...De6+, mais est toutefois considérée comme inférieure, puisque, tôt ou tard, les noirs devront nécessairement parer la menace qui plane sur leur cavalier.

Dans la ligne 5...cxd6, plus subtile, l'objectif des noirs va souvent être d'attaquer et de miner le pion d4 des blancs, et éventuellement le pion c4 aussi. Pour ce faire, leur plan habituel consiste à fianchetter le fou-roi en g7, et à poster leur autre fou en g4 (où il sera bien placé pour éliminer l'un des défenseurs-clé de la case d4), ainsi que leurs cavaliers en b6 et c6 qui visent les pions blancs. La variante Voronezh (qui tient son nom de Voronezh en Russie, où cette ligne fut inventée, notamment par le joueur Grigory Sanakoev) a mis à mal la réputation de la ligne 5...cxd6; les blancs remettent à plus tard le développement de l'aile-roi, mais jouent b3 / Fe3 / Cc3 / Tc1, ce qui a pour effet de rendre le centre de pions difficile à assaillir. John Emms recommande cette ligne, tandis que Nigel Davies la considère comme un gros problème. John Cox, pour sa part, indique qu'un plan avec ...e5 est envisageable.

La ligne 5...exd6 est solide, et de nombreux joueurs l'ont adoptée pour éviter la variante Voronezh. Il est à noter, toutefois, qu'elle offre moins de contre-jeu aux noirs. Ceux-ci développent généralement leur fou-roi en e7 puis en f6, parce qu'il est possible que les blancs postent leur fou en g5, ce qui peut s'avérer ennuyeux pour les noirs s'ils ont développé leur fou en fianchetto (par exemple : 6.Cc3 g6 7.Cf3 Fg7 8.Fg5).


3 - La variante Moderne


            1.e4 Cf6 2.e5 Cd5 3.d4 d6 4.Cf3

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La Variante Moderne est la variante de Défense Alekhine la plus utilisée. Comme dans la Variante d'échange, les blancs se contentent d'un avantage spacial plus modeste, et comptent bien le conserver. Les noirs ont à leur disposition de nombreuses réponses :

        4...Fg4, clouant le cavalier, est la riposte la plus courante; les blancs parent généralement la menace noire en jouant 5.Fe2. Souvent, les noirs vont volontairement renoncer à la paire de fous, par ...Fxf3, car le cavalier blanc en f3 est une pièce vraiment très puissante, et que le capturer met à mal les pions centraux des blancs. Lev Alburt, Vlatko Kovacevic et le défunt Vladimir Bagirov sont des spécialistes de cette ligne.

        On voit également assez souvent 4...g6, préparant le fianchettage d'un fou pour contrer la masse de pions centraux blancs. Cette variante fut jouée lors de la 13ème partie de Match du Siècle, qui opposa Boris Spassky et Bobby Fischer. (Lors de la 19ème partie du match, on utilisa le plus courant 4...Fg4.) Lev Alburt jouait fréquemment cette ligne. La réplique blanche 5.Fc4 est appelée Variante Keres.

        4...dxe5 (la variante Larsen) est jouable aussi, et peut mener à une ligne très pointue, avec sacrifice : 5.Cxe5 Cd7 6.Cxf7!? Bent Larsen s'en servit lors de parties contre Mikhail Tal et Bobby Fischer.

        4...c6 est passif mais solide, créant une position difficile à attaquer.

Dans la plupart des variantes, les noirs peuvent jouer ...Fg4 pour transposer dans la ligne 4...Fg4.


4 – L'attaque des deux pions

            1.e4 Cf6 2.e5 Cd5 3.c4 Cb6 4.c5


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L'attaque des deux pions (connue aussi sous les noms Attaque Lasker et Système du Chasseur), constitue également un choix ambitieux. Les pions blancs en c5 et e5 assurent un certain avantage spatial, mais au prix de l'affaiblissement de la case d5. Le centre blanc n'est pas aussi puissant que dans l'Attaque des Quatre Pions, et la partie prend souvent une tournure d'ordre plus stratégique.


5 – La variante des deux cavaliers

            1.e4 Cf6 2.e5 Cd5 3.Cc3


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Dans la variante des deux cavaliers (également appelée Attaque Sämish), les blancs acceptent immédiatement les pions doublés, après
3...Cxc3 (3...e6 est possible également) 4.dxc3, en échange d'un rapide développement de leurs pièces. Bien que la riposte 3...Cxc3 paraisse raisonnable, elle mène souvent à des lignes qui ressemblent à la Défense Française, dans lesquelles les pions doublés ne dérangent pas tellement les blancs.


6 – Autres lignes

Après 2.e5, les noirs peuvent ordonner la retraite de leur cavalier : 2...Cg8. Le GM Joel Benjamin, dont c'est la "ligne favorite", l'a prénommée "Défense de Brooklyn", en l'honneur de sa ville natale. On dirait que les noirs partent avec un handicap de trois coups, pourtant, selon la théorie, les blancs n'en tirent qu'un léger avantage.


2...Ce4?
est un très mauvais coup, surnommé par John L. Watson et Eric Schiller "Mokele Mbebe". Ils analysent 3.d4 f6 4.Fd3 d5 5.f3 Cg5 6.Fxg5 fxg5 7.f4! g6! 8.Cf3! g4 (ils analysent aussi 8...gxf4 9.Cg5! e6 10.Dg4! De7 11.0-0 et 8...Fg4 9.h3, deux lignes offrant un gros avantage aux blancs) 9.Cg5 Fh6 10.Cxh7 Txh7 11.Fxg6+ Tf7 12.Dd3 Ff8 13.f5 e6 14.f6 Dd7 15.h3! g3 16.Dxg3, avec avantage gagnant pour les blancs. Nunn's Chess Openings conclut que les blancs prennent largement l'avantage avec 3.d4 f6 (ou 3...e6 4.Ch3 h6 5.Dg4 d5 6.f3 h5 7.Df4 g5 8.Cxg5 Cxg5 9.Dxg5 Fe7 10.Dg7) 4.Dh5+ g6 5.Dh4 d5 6.Fd3.

Les blancs disposent de plusieurs alternatives à 2.e5 :

    2.Cc3 est souvent joué par des amateurs, et par ceux désireux d'éviter une lutte théorique en terrain plus familier à leur adversaire. Les noirs peuvent répondre 2...e5, transposant dans une partie Viennoise.

    2...d6, avec transposition probable dans une Défense Pirc, ou, plus ambitieux, 2...d5 (connu sous le nom de Variante Scandinave). Après 2...d5, 3.exd5 Cxd5 4.Fc4 Cb6 ou 4...Cxc3, les deux camps font à peu près jeu égal; 4...e6, en revanche, perd un pion : 5. Fxd5 exd5 6.De2+!. La suite 2...d5 3.e5 est d'ordre plus combatif; les noirs ont le choix entre 3...d4, 3...Cfd7 (transposant dans la variante Steinitz de la Défense Française, après 4.d4 e6 – attention au subtil 4.e6!?), 3...Ce4!?, et même 3...Cg8.

    2.d3, la variante Maroczy, est plus rare. Bien que ce coup soit jouable, il enferme le fou de cases blanches des blancs, d'où la réputation de passivité de cette variante. Si les blancs fianchettent ce fou, la transposition dans une AEI est probable. Lev Alburt et Eric Schiller trouvent 2.d3 "insipide", et recommandent pour le contrer le coup 2...d5 (ou 3.Cd2 e5, avec une Défense Philidor inversée) 3.e5 Cfd7 4.f4 (4.d4 c5 5.c3 Cc6 : une position de la Défense Française est atteinte, mais les noirs ont ici un temps d'avance) c5 5.Cf3 e6 6.g3!? Cc6 7.Fg2 Fe7 8.0-0 b5, avec jeu égal.

    Le coup 2.Fc4 est rarement utilisé, car il permet aux noirs de gagner la paire de fous et de s'emparer de l'espace au centre. Alburt et Schiller écrivent qu'après 2...Cxe4 3.Fxf7+ Rxf7 4.Dh5+ Rg8, ou 4...g6 5.Dd5+ e6 6.Dxe4 Fg7 7.Df4 Re8! "Les noirs n'ont rien à craindre." Si les noirs ne veulent pas que leur roi soit chassé, plusieurs alternatives jouables sont à leur disposition : 2...e5 (transposant dans un Début du Fou), 2...d5 et 2...e6.