L’Attaque Trompowsky commence avec les coups 1.d4 Cf6 2.Fg5. Elle tient son nom d’un joueur qui fut une fois champion du Brésil, Octavio Trompowsky (1897–1984), et qui la jouait dans les années 1930 et 1940. On l’appelle aussi la Zot.
L’intérêt du second coup des blancs réside dans le fait que ceux-ci vont pouvoir échanger leur fou contre le cavalier des noirs, et forcer au passage ceux-ci à accepter les pions doublés. Il ne s’agit pas là bien sûr d’une menace fatale; les noirs peuvent donc choisir d’entrer dans le jeu des blancs.
Sur 1.d4 Cf6, la Trompowsky constitue une alternative populaire aux lignes plus courantes 2.c4 et 2.Cf3. Jouer 2.Fg5 permet aux blancs d’éviter la somme de théorie concernant les Défenses Indiennes plus communes, telles que la Défense Ouest-Indienne ou la Défense Est-Indienne. Les blancs peuvent aussi jouer 2. Fg5 sur 1. d4 d5, et alors les noirs peuvent jouer 2...Cf6, transposant dans l’une des variantes exposées ci-dessous, ou dans une autre, par exemple : 2...c6, préparant 3...Db6 pour attaquer le pion b des blancs. Julian Hodgson et Antoaneta Stefanova, GMs, jouaient souvent l’Attaque Trompowsky.
Lignes principales
Les noirs disposent de plusieurs solutions leur permettant de parer l’Attaque Trompowsky; certaines dans lesquelles ils évitent les pions doublés, d’autres dans lesquelles ils les acceptent. Ci-dessous, nous allons exposer les réponses noires les plus importantes.
2...Ce4 est la réponse la plus fréquente. Bien que ce coup viole un principe d’ouverture (“ne jouez pas deux fois la même pièce dans l’ouverture”), il a l’avantage d’attaquer le fou blanc, le forçant soit à se déplacer à nouveau, soit à être défendu.
3.h4 permet de défendre le fou; de plus, les noirs vont devoir se passer de 3...Cxg5?, puisque cela ouvrirait une colonne pour la tour blanche. Les noirs disposent d’une possibilité intéressante : …h6, qui va leur permettre d’obliger le fou des blancs à s’éloigner, et de jouer, au coup suivant, un coup de positionnement au centre.
Très souvent, les blancs vont battre en retraite, par 3.Ff4 ou 3.Fh4. Dans ce cas, les noirs vont essayer de maintenir leur cavalier en e4, ou au moins d’obtenir des blancs des concessions avant de l’en ôter. Par exemple, si les blancs se débarrassent du cavalier avec f3, cela a également pour effet d’enlever au cavalier g1 sa meilleure case de développement.
3. Cf3? est peu joué, sauf par des amateurs; après 3... Cxg5 4. Cxg5 e5!, les noirs rattrapent le temps perdu grâce à l’attaque à la découverte de la reine sur le cavalier, le centre des blancs est liquidé, et ceux-ci n’ont obtenu aucun dédommagement pour la paire de fous.
2...e6
permet également d’éviter les pions doublés, étant donné que le
cavalier est désormais défendu par la dame. 2...e6 permet également
d’élargir l'horizon du fou-roi des noirs. Point négatif : le
cavalier est cloué, ce qui peut s’avérer ennuyeux.
2...d5 prend le contrôle du centre, mais autorise les blancs à imposer les pions doublés. Si les blancs le font, les noirs vont essayer de montrer la valeur de leur paire de fous, et de prouver que les blancs ont perdu du temps, en déplaçant deux fois leur fou pour l’échanger. En capturant vers l’aile (…exf6), les noirs préservent une structure de pions défensive, tout en ouvrant des diagonales pour leur reine et leur fou de cases noires.
2...c5, de même, permet une prise de contrôle du centre; l’objectif étant d’échanger ce pion c contre le pion d des blancs. Ici aussi, les noirs doivent accepter les pions doublés et tenter de mettre en valeur leur paire de fous.
2...g6 est une autre possibilité, qui pousse véritablement les blancs à infliger le supplice des pions doublés. Le développement des noirs est légèrement plus lent que dans les deux lignes exposées ci-dessus. Les noirs ont l’intention de fianchetter leur fou de cases noires, dès lors qu’il sera devenu incontestable, et de tenter de prouver que le fou incontestable compense largement la faiblesse engendrée par les pions doublés.
2...c6 est une ligne-contretemps, dans laquelle les noirs ont pour intention de jouer ...Db6, forçant les blancs à soit défendre, soit sacrifier leur pion b. Les blancs peuvent jouer le thématique 3.Fxf6, ou 3.Cf3, mais ils doivent absolument éviter 3.e3?? Da5+ (Djordjević-Kovačević, Bela Crkva 1984 : les blancs abandonnèrent (en effet : 4...Dxg5) ; "jamais un maître n’avait perdu aussi rapidement" (Graham Burgess, The Quickest Chess Victories of All Time, p. 33)).
L’Attaque Trompowsky idéale
La partie ci-dessous est le résultat idéal d’une Trompowsky. On peut observer la faiblesse résultant de l’avance noire 3...g5 en réponse à 3. Ff4.
1. d4 Cf6 2. Fg5 Ce4 3. Ff4 g5?! 4. Fe5 f6 5. e3! fxe5?? 6. Dh5# 1-0