Défense Nimzo-Indienne

http://en.wikipedia.org/wiki/Nimzo-Indian

La défense Nimzo-Indienne débute 1. d4 Cf6 2. c4 e6 3. Cc3 Fb4.


nimzo-indienne

D’autres ordres de coups, tels qu’1.c4 e6 2.Cc3 Cf6 3.d4 Fb4, sont aussi faisables. Dans la nomenclature de l’ECO, la Nimzo-Indienne est classée dans les sections E20-E59.

Cette ouverture hypermoderne a été développée par le Grand Maître Aron Nimzowitsch, qui la présenta au niveau maître des échecs au début du 20ème siècle. Contrairement à la plupart des ouvertures indiennes, la Nimzo n’implique pas nécessairement un fianchetto immédiat, même si les noirs poursuivent souvent ...b6 et ...Fb7. En clouant le cavalier blanc, les noirs parent à la menace 4.e4 tout en se préparant à, éventuellement, doubler les pions blancs. Les blancs vont essayer de s’emparer du centre avec leurs pions et de développer leurs pièces pour préparer un assaut sur la position noire.

Le fait que les noirs ne choisissent pas immédiatement une structure de pions rend la Nimzo-Indienne (parfois appelée familièrement “Nimzo”) très flexible. On peut également la transposer sur des lignes du Gambit Reine ou de la Défense Ouest-Indienne (Antillaise). La Nimzo-Indienne est très populaire, et est une défense très respectée face à 1.d4. Tous les champions du monde depuis Capablanca l’ont jouée. A vrai dire, les blancs jouent souvent 3.Cf3 pour éviter la Nimzo-Indienne, ce qui leur permet d’accueillir 3...Fb4+ (la Défense Bogo-Indienne) avec 4.Fd2 ou 4.Cbd2 plutôt qu’avec 4.Cc3.


1 – Considérations d’ordre général

Dans la Nimzo-Indienne, les noirs vont souvent avoir dans l’idée d’échanger leur fou-roi contre le cavalier-dame des blancs, en jouant ...Fxc3. Ils y perdent certes la paire de fous, mais se voient dédommagés par le doublement des pions blancs sur la colonne c : voilà les blancs en proie à une faiblesse statique. Les noirs doivent ensuite fermer la position, de manière à limiter la portée des fous blancs. Pour atteindre cet objectif, ils vont devoir empêcher le centre de pions des blancs d’avancer, et neutraliser leurs possibilités d’attaque sur l’aile-roi. On trouve un exemple de cette stratégie, menée avec succès par les noirs, dans la partie (classique) Mikhail Botvinnik-Samuel Reshevsky, du match du championnat du monde 1948.

Reshevsky parvint à bloquer l’attaque aile-roi des blancs, en jouant ...Cf6-e8 et ...f7-f5. Dès lors, les fous blancs étaient réduits à défendre passivement, et la reine blanche fut forcée de se rendre en a2, pour défendre les pions a3 et c4 (quel triste sort). Sans aucune perpective de contre-jeu, les blancs n’avaient plus aucune chance sur le plan stratégique ; et les noirs échangèrent les reines et remportèrent la fin de partie.


2 – Système Rubinstein 4.e3


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Le plus souvent, les blancs vont combattre la Nimzo-Indienne avec le Système Rubinstein (d’après Akiba Rubinstein). Ils poursuivent leur expansion, avant d’opter définitivement pour un plan d’action. Les noirs disposent alors de trois réponses :

Ajoutons à celà que les noirs jouent parfois 4...d5 ou 4...Cc6.


2.1 4...0-0 ligne principale : 4.e3 0-0 5.Fd3 d5 6.Cf3 c5 7.0-0


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La réponse noire la plus flexible, et la plus fréquemment jouée, est 4...0-0. La ligne principale est la suivante : 5.Fd3 d5 6.Cf3 c5 7.0-0.

Les blancs ont achevé leur développement sur l’aile-roi, tandis que les noirs sont parvenus à s’implanter fermement au centre. A partir de là, les suites les plus importantes sont :

La variante Parma (7...dxc4 8.Fxc4 Cbd7) doit son nom au GM Slovène Bruno Parma, et se voit parfois transposée dans la variante Karpov si l’échange des pions en d4 a lieu. Les blancs poursuivent fréquemment par 9.De2, libérant la case d1 pour la tour, qui de là pourra soutenir l’avance du pion d. Les noirs doivent alors faire un choix important. Ils peuvent jouer 9...b6, dans l’intention de jouer ...cxd4 à un moment donné pour isoler le pion d et le bloquer, ou alors échanger en c3, pour jouer contre le couple de pion isolé c3-d4. Ou bien ils peuvent envisager 9...a6 pour s’emparer de l’espace sur l’aile-dame par ...b5, auquel cas ils vont chercher à conserver leur fou de cases noires. Les noirs disposent aussi de deux alternatives de huitième coup rares qui méritent d’être mentionnés : la variante Smyslov (inventée par l’ancien champion du monde Vasily Smyslov) 8...De7, dans l’intention de jouer ...Rd8, et 8...
Fd7, suivi de ...Fc6, la variante Bronstein, création du double-finaliste des championnats du monde David Bronstein.

La variante Karpov, (7...dxc4 8.Fxc4 cxd4 9.exd4 b6) qui tient son nom de l’ancien champion du monde Anatoly Karpov, est l’une des défenses noires les plus fiables contre le système Rubinstein. On peut observer que les blancs ont un pion isolé sur la colonne d; malgré cela, les noirs vont souvent vouloir jouer ...Fxc3 à un moment donné, suivi de ...Fb7, ...Cbd7, ...T(a)c8 et ...Dc7 pour entraver la mobilité des pions c et d des blancs. Après 7...dxc4 8.Fxc4 cxd4 9.exd4 b6, la partie se poursuit habituellement 10.Fg5 Fb7, puis les blancs ont le choix entre plusieurs bons coups : 11.Ce5, 11.Te1, 11.Tc1 et 11.De2.

La variante Larsen (à laquelle le GM Bent Larsen a donné son nom) s’atteint soit dans l’ordre 7...dxc4 8.Fxc4 Cc6 9.a3 Fa5, soit dans l’ordre 7...Cc6 8.a3 dxc4 9.Fxc4 Fa5, mais cette dernière possibilité offre aux blancs l’option supplémentaire 9.axb4. L’idée est d’attendre que les blancs jouent dxc5 pour jouer ...Fxc3. Si les blancs ne forcent pas cette suite, les noirs jouent ...Fb6, qui a pour effet de pressuriser le pion d. L’intérêt d’insérer ...dxc4 avant ...Fa5 est d’empêcher les blancs de jouer cxd5, qui aurait pour effet d’obliger les noirs à jouer avec un pion dame isolé.

La variante principale était énormément populaire dans les fifties, mais le nom qui lui a été donné est devenu au fil du temps de plus en plus inapproprié. Non pas que la ligne soit mauvaise pour les noirs – au contraire, ils égalisent dans toutes les variantes – mais les blancs disposent d’un large choix de coups, que les noirs doivent tous connaître. Après 7...Cc6 8.a3 Fxc3 9.bxc3 bxc4 10.Fxc4 Dc7, les blancs ont essayé 11.Fe2, 11.Fd3, 11.Fa2, 11.Fb2, 11.Fb5 (pour inciter les noirs à jouer ...a6 avant de sonner la retraite du fou), 11.h3, 11.a4, 11.Te1, 11.Dc2 et 11.De2 – en tout, dix possibilités! Peu importe toutefois le mouvement choisi, les idées stratégiques de base restent similaires : les noirs jouent ...e5 assez rapidement, pour mettre d4 sous tension. Si les blancs ont également un fou en d3, les noirs menacent aussi ...e4, le prenant en fourchette avec le cavalier en f3. Les blancs vont essayer d’avancer leurs pions centraux, de manière à libérer leur fous : c4, d5, et f3 suivi d’e4 sont tous possibles. Si les noirs parviennent à empêcher les blancs d’atteindre cet objectif, la suite de la partie sera en leur faveur. En plus de l’ordre de coups exposé ci-dessus, il en existe d’autres qui permettent eux aussi d’atteindre la variante principale; à noter en particulier 4.e3 0-0 5.Fd3 d5 6.a3 Fxc3+ 7.bxc3 dxc4 8.Fxc4 c5, qui peut permettre aux blancs d’essayer 9.Cd2.

On appelle 7...Cc6 8.a3 Fxc3 9.bxc3 Dc7 la variante Khasin (de l’IM Abram Khasin). La suite habituelle est 10.exd5 cxd5. Les blancs peuvent tenter de bâtir un fort centre, avec f3 et e4, ou bien ils peuvent préparer une attaque sur l’aile-roi, avec f3 et g4. Les noirs, quant à eux, vont tenter de réprimer le centre des blancs du mieux qu’ils peuvent, voire si possible, de le bloquer, avant de mobiliser leur majorité de pions sur l’aile-dame.

La variante Averbakh (7...Cbd7) fut popularisée par les GM Viacheslav Ragozin et Yuri Averbakh. L’idée consiste à échanger les pions en c4 et d4, puis à mener le cavalier d7 en d5 via b6. Ce même cavalier peut également se déplacer en f8 pour défendre le roi noir. Cette ligne est passée de mode depuis les sixties et l’introduction par le GM Svetozar Gligoric de l’idée de gambit 8.cxd5 exd5 9.a3 Fa5 10.b4! cxb4 11.Cb5! avec pression sur les colonnes de l’aile-dame, ainsi qu’une case à la disposition du cavalier en d6.


2.2 4...0-0: lignes avec Ce2

La ligne principale de la Rubinstein a, la plupart du temps, offert de bonnes chances aux noirs; par conséquent, depuis les eighties, les blancs ont commencé à rechercher d’autres façons d’obtenir un avantage. Dans la Rubinstein, les blancs ont souvent eu recours au mouvement Ce2, en lieu et place de Cf3, à un moment ou à un autre : ainsi, ils pouvaient recapturer en c3 avec le cavalier, évitant de ce fait les pions doublés. Il existe deux lignes dans lesquelles les blancs jouent ainsi (après 4.e3 0-0) :

La variante Reshevsky était (comme son nom l’indique) une spécialité du GM Samuel Reshevsky. Les blancs vont tout d’abord jouer a3, pour chasser le fou, avant de déplacer leur cavalier en e2 vers une case plus active. La ligne principale est 5.Ce2 d5 6.a3 Fe7 7.cxd5 ; alors 7...exd5 et 7...Cxd5 sont tous deux possibles, le second menant à une partie plus animée. Actuellement, l’expert en variante Reshevsky le plus en vue est le GM Mikhail Gurevich.

5.Fd3 d5 6.Ce2 et la variante, très proche, 5.Fd3 d5 6.cxd5 exd5 7.Ce2 furent regroupées sous l'appellation "Variante Moderne" par le FM Carsten Hansen dans son livre sur la Rubinstein Nimzo-Indienne. Là aussi, les blancs évitent les pions doublés, mais développent d’abord leur fou en d3, de manière à ce qu’il ne se retrouve pas enfermé par le cavalier en e2. Les noirs poursuivent souvent par 6...c5, pour augmenter la tension sur le centre blanc. 7.a3 et 7.0-0 sont tous deux jouables, mais la ligne principale est 7.cxd5 cxd4 8.exd4 Cxd5 9.0-0 Cc6, menant à une position avec un pion dame isolé, et un cavalier blanc en e2 au lieu d’en f3, comme c’est normalement le cas. Cela offre aux noirs la possibilité de jouer plus tard ...e5, pour complètement liquider le centre, ce même si les positions en résultant sont plutôt nulleuses. Au dixième coup, les blancs disposent de deux grandes possibilités : 10.a3, semblant demander au fou s’il est sûr de ne pas trop s’être avancé, et 10.Fc2, objectif 11.Dd3 avec une attaque sur h7.

2.3 4...c5


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Les noirs peuvent augmenter la tension sur d4, et se réserver la possibilité de jouer ...d5, ou ...d6 et ...e5. Il est toujours possible de transposer dans la ligne officielle, dont il est question ci-dessus (par exemple : 5.Fd3 d5 6.Cf3 0-0 7.0-0), mais deux variantes importantes émergent après 4...c5 :

5.Fd3 Cc6 6.Cf3 (6.Ce2 verra probablement une transposition dans la variante Moderne) 6...Fxc3+ 7.bxc3 d6, la variante Hübner, fut popularisée par le GM Robert Hübner vers la fin des sixties et les seventies, et utilisée par Bobby Fischer lors de son championnat du monde 1972 face à Boris Spassky. Il s’agit d’un choix un peu inhabituel, parce que les noirs capturent en c3 avant même que les blancs ne jouent a3, mais c’est parce que l’intention des noirs est d’immédiatement mettre en place un blocus sur les cases noires, avec ...d6 et ...e5. Ceci est rendu possible par le fait que le cavalier des blancs est positionné en f3; s’il se trouvait en e2 (comme dans certaines lignes de la Sämisch), les blancs pourraient avancer rapidement leurs pions aile-roi, mais dans cette ligne-ci, le cavalier doit d’abord être chassé. En fermant la position, les noirs parviennent à rendre leurs cavaliers supérieurs aux fous blancs, et les pions doublés sur la colonne c privent les blancs de poussées de pions sur l’aile-dame. A vrai dire, c’est le succès de cette variante qui est à l’origine de la mode actuelle, qui veut que les blancs choisissent des lignes dans lesquels ils échappent aux pions doublés. Lorsqu’ils jouent cette ligne, les blancs ont le choix entre deux types de formation : ils peuvent fermer tout de suite le centre, en jouant 8.e4 e5 9.d5 Ce7, ou bien jouer plus flexible : 8.0-0 e5 9.Cd2 0-0, mais les noirs font jeu égal dans les deux cas.

La Variante Rubinstein (pour éviter la confusion, la variante 4.e3 est appelée Système Rubinstein) se joue dans le même esprit que la Variante Reshevsky : les blancs empêchent les noirs de doubler leurs pions. Après 5.Ce2, les noirs préparent la retraite de leur fou avec 5...cxd4 6.exd4, puis choisissent entre 6...d5 et 6...0-0. 6...d5 permet 7.c5, après quoi il est typique de poursuivre avec 7...Ce4 8.Fd2 Cxd2 9.Dxd2 a5 10.a3 Fxc3 11.Cxc3 a4. La poussée c4-c5 permet aux blancs de créer une majorité de pions sur l’aile-dame, neutralisée par les noirs grâce aux coups ...a7-a5-a4. Les noirs, ensuite, tentent de détruire le reste de la structure de pions blanche, en jouant ...b6 ou ...e5, tandis que les blancs essayent, en s’appuyant sur leur avance de développement, de s’offrir des possibilités d’attaque sur l’aile-roi. Il est également possible de jouer 6...0-0 7.a3 Fe7. Au début de sa carrière, Kasparov joua quelques fois 8.d5 exd5 9.exd5, ce qui lui permettait d’augmenter son avantage d’espace, au prix d’un léger retard de développement. 8.Cf4 constitue un mouvement plus sûr pour les blancs.


2.4 4...b6


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Le mouvement 4...b6, adopté par Nimzovitsch, est un coup tout à fait dans l’esprit de la Nimzo-Indienne : les noirs fianchettent leur fou de cases blanches pour mieux contrôler la case e4. Les blancs poursuivent souvent par 5.Ce2, évitant les pions doublés, ou par 5.Fd3, qui leur permet de continuer à se développer (6.Cf3, 7.O-O).

Après b6, les principales variantes sont :

La variante Fischer (5.Ce2 Fa6) a pour objectif l’échange des fous de cases blanches après ...d5, qui permet aux noirs de jouer sur les cases blanches. Keres, Bronstein et Smyslov contribuèrent très tôt à la théorie sur cette ligne, et Fischer l’employa plusieurs fois avec succès. Les blancs peuvent jouer 6.a3 (un coup qui avait les faveurs de Botvinnik), de sorte à placer le fou b4 face à un dilemne : la retraite ou l'échange avec le cavalier c3 (cloué); ils peuvent aussi tenter 6.Cg3, préparant e4, un mouvement inventé par Reshevsky.

5.Ce2 c5 6.a3 Fa5!?, a été appelée variante Romanishin-Psakhis par Carsten Hansen, parce que les deux GMs Oleg Romanishin et Lev Psakhis furent les premiers à remettre cette ligne au goût du jour et à y injecter de nouvelles idées. On peut également atteindre cette position avec l’ordre de coups 4.e3 c5 5.Cge2 b6 6.a3 Fa5. Les noirs offrent aux blancs la possibilité de prendre le fou au piège en a5, un défi que les blancs relèvent la plupart du temps, mais rarement avec succès.

"Variante Américaine" est l’autre nom donné par Hansen à la ligne 5.Ce2 Ce4 (en référence au fait qu’elle a été d'abord exposée par le GM Isaac Kashdan, puis développée par le GM Bisguier, l’IM Anthony Santasiere, et, en ce moment, par le GM Nick de Firmian. Les noirs échangent deux pièces mineures et jouent ...f5 pour garder e4 sous contrôle.

5.Ce2 Fb7 est une ligne plutôt passive : les blancs obtiennent un léger avantage en poursuivant 6.a3 Fe7 7.d5, bloquant le fou en b7 et rendant e3-e4 possible.

La variante Fianchetto Classique, également connue sous le nom de variante Tal, peut s’atteindre dans deux ordres de coups différents : 4.e3 b6 5FBd3 Fb7 6.Cf3 0-0 7.0-0 d5, ou 4.e3 0-0 5.Fd3 d5 6.Cf3 b6 7.0-0 Fb7. C’est une variante solide, dans laquelle les blancs s’emparent fréquemment assez tôt de l’initiative et les noirs égalisent à la fin. Les blancs peuvent s’y prendre de deux manières pour attaquer la formation noire. La première consiste à jouer 8.cxd5 exd5 9.Ce5, suivi de 10.f4, avant de transférer la reine ou la tour f1 en h3, via f3. Cette formation, connue sous le nom d’Attaque Pillsbury, enferme le fou de cases noires et paraît plutôt rudimentaire, mais est à vrai dire plutôt dangereuse. Les noirs doivent tout de suite presser le centre blanc en jouant ...c5, et ...Ce4 peut s’avérer un coup adroit, pour fermer la diagonale b1-h7, et peut-être échanger quelques pièces. La principale alternative pour les blancs est 8.a3 Fd6 9.cxd5 exd5 10.b4, qui permet de gagner du terrain sur l’aile-dame, tout en rendant plus ardue la tâche des noirs de se libérer avec ...c5.

La variante Keres, caractérisée par les mouvements 5.Fd3 Fb7 6.Cf3 0-0 7.0-0 c5, tient son nom du GM Estonien Paul Keres, ce même si Smyslov et Bronstein furent eux aussi parmi les premiers à s'essayer à cette ligne. Si la possibilité leur en est offerte, les noirs jouent ...cxd4 et ...d5, dans l’espoir d’imposer aux blancs un pion dame isolé. De nos jours, on considère que 8.Ca4 est la suite la plus intéressante pour les blancs, permettant d'esquiver l’échange en c3, et menaçant 9.a3. Le cavalier reste souvent en a4 assez longtemps, pour aider à la mise en œuvre d’une éventuelle poussée c4-c5. Après 8...cxd4 9.exd4, on voit souvent les noirs adopter la tactique du Hérisson (pions en a6, b6, d6 et e6), et les blancs œuvrer pour le gain d’espace sur l’aile-dame (b4 et c5).

La variante Hollandaise doit son nom au fait qu’après 5.Fd3 Fb7 6.Cf3 Ce4, les noirs poursuivent habituellement avec 7...f5, la position obtenue ressemblant à une Défense Hollandaise (1.d4 f5). Il ne s’agit pas d’une ligne très jouée, ce qui est certainement dû au fait que les blancs s’adjugent de bonnes chances de victoire en jouant 7.0-0 f5 8.d5, sacrifiant un pion pour ouvrir les diagonales pour leurs fous.


3 - Variante Classique (ou Variante Capablanca) 4.Dc2

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La variante Classique ou Capablanca était populaire aux débuts de la Nimzo-indienne, mais fut par la suite supplantée par 4.e3. Toutefois, elle connut un regain de popularité dans les années 1990, et elle jouit aujourd’hui d’une popularité aussi bonne que celle de la Rubinstein. Les blancs ont pour objectif d’acquérir la paire de fous sans compromettre leur structure de pions. Le désavantage est que la dame va devoir bouger au moins deux fois durant l’ouverture, ce qui va avoir pour effet, entre autres, de retarder le développement de l’aile-roi. Par conséquent, malgré le fait que les blancs aient la paire de fous, il est généralement recommandé aux noirs d’ouvrir rapidement le jeu de manière à pouvoir profiter de leur avantage de développement. Les noirs ont à leur disposition quatre réponses : 4...0-0, 4...c5, 4...d5 et 4...CNc6. Plus rarement, ils répondent 4...d6 (préparant ...Cbd7 et ...e5).

De nos jours, la ligne principale de la variante Classique est 4.Dc2 0-0 5.a3 Fxc3+ 6.Dxc3 b6 7.Fg5 (malgré un intéressant gambit, 6...b5!?, inventé par Alvis Vitolins). Le choix des noirs se porte fréquemment sur 7...Fb7, mais 7...Fa6 est possible aussi, qui vise le pion c, et 7...h6 8.Fh4 c5, ainsi que 7...c5, sont parfois joués également. Après 7...Fb7, le coup le plus direct pour les blancs est 8.f3, préparant e4, mais les noirs ont une possibilité de contre-attaque : 8...h6 9.Fh4 d5, et la capture du pion 10.cxd5 exd5 11.Fxf6 Dxf6 12.Dxc7 Fa6 est très dangereuse pour les blancs, parce que le développement des noirs est meilleur. Pour cette raison, les blancs essaient parfois 8.e3 à la place, et après 8...h6 9.Fh4 d5?! 10.cxd5 exd5? 11.Fxf6 Dxf6 12.Dxc7 Fa6, ils gagnent une pièce par 13.Fxa6 Cxa6 14.Db7. Pour éviter cela, les noirs devraient plutôt jouer 8.e3 d6, préparant ...Cbd7 et ...c5.

Le chemin de chacun des deux joueurs peut s’éloigner de la ligne officielle. Au lieu de 7.Fg5, les blancs peuvent jouer 7.Cf3 Fb7 8.e3, préparant le développement du fou de cases noires en b2. Une autre possibilité : 4.Dc2 0-0 5.e4, est aussi possible, ce même si cela manque quelque peu de cohérence avec 4.Dc2, puisque que les noirs vont peut-être pouvoir doubler les pions blancs sur la colonne c à un moment donné (la dame doit garder e4), ce que 4.Dc2 était supposé empêcher. Après 5.a3 Fxc3+ 6.Dxc3, les noirs peuvent aussi tenter 6...Ce4 7.Dc2 f5, similaire à la variante Hollandaise (voir 4.e3 b6), mais sans les pions blancs doublés.

4...c5 profite du fait que la dame en c2 ne protège plus le pion d. Ce coup est l’une des raisons pour lesquelles 4.Dc2 était peu apprécié au milieu du Xxème siècle. Si les blancs choisissent de défendre le pion, les noirs s’arrogent une partie facile en maintenant la tension sur d4, par conséquent les blancs répliquent presque toujours 5.dxc5. Les noirs ont deux possibilités : recapturer en c5 avec le fou (par exemple : 5...Fxc5 ou 5...0-0 6.a3 Fxc5), ou avec le cavalier (5...Ca6 ou 5...0-0 6.Cf3 Ca6). Dans le premier cas, le fou aura en fin de compte la possibilité de se replier en e7, et les noirs pourront alors adopter une formation en Hérisson (pions en a6, b6, d6 et e6). Et si les noirs recapturent avec le cavalier, ils devront sûrement renoncer à la paire de fous à un moment ou un autre, par ...Fxc3 ; toutefois, le cavalier est très utile en c5, d’autant plus qu’il pourra éventuellement se rendre en e4 pour attaquer la reine en c3.

4...d5, un des coups favoris de Mikhail Botvinnik, est un autre coup qui permet d’attaquer immédiatement le centre. Après 5.cxd5, les noirs peuvent recapturer soit avec la reine, soit avec le pion. 5...Dxd5 : le système Romanishin, dont l’idée est qu’après 6.Cf3 Df5 7.Dxf5 exf5, les noirs vont pouvoir renforcer leur emprise sur e4 et libérer la case e6 pour leur fou, ce qui leur suffit pour égaliser. Les blancs peuvent empêcher cela en jouant 6.e3 : 6...Df5 va se heurter à 7.Fd3, mais le pion e3 enferme le fou c1. On jouait auparavant 5...exd5 6.Fg5 h6, une ligne qui recèle quelques subtilités. Après 4...d5, les blancs peuvent également jouer 5.a3 Fxc3+ 6.Dxc3 Ce4 7.Dc2, ce à quoi les noirs répondent soit 7...c5, soit 7...Cc6 pour préparer ...e5. Même si les blancs sont en possession de la paire de fous, les noirs ont tout de même intérêt à rechercher une ouverture rapide de la position, pour exploiter leur avance de développement. Il en résulte habituellement une position avec équilibre dynamique.

4...Cc6 : la variante Zürich ou variante Milner-Barry (qui doit son nom au joueur d’échecs britannique Stuart Milner-Barry). Les noirs abandonnent le fou de cases noires, mais leurs pions centraux sont placés en d6 et e5, de sorte que le fou qui leur reste est libre. Pour éviter d’avoir à déplacer leur dame, les blancs vont sûrement jouer Fd2 à un instant donné, de manière à pouvoir, lorsque les noirs vont capturer le cavalier, recapturer avec le fou. 4...Cc6 est démodé, car la plupart des joueurs préfèrent éviter de bloquer leur pion c. Aujourd’hui, on obtient assez fréquemment cette ligne par transposition à partir d’un Tango des Cavaliers Noirs, par exemple : 1.d4 Cf6 2.c4 Cc6 3.Cf3 e6 4.Cc3 Fb4 5.Dc2.


4 - Variante Kasparov 4.Cf3

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4.Cf3 est connu sous le nom de variante Kasparov, car Garry Kasparov s’en servit avec grand succès face à Anatoly Karpov, lors de leur match de championnat du monde de 1985. Kasparov joua 4.Cf3 par deux fois, remportant à chaque fois la victoire. Aujourd’hui, cette variante constitue l’une des armes favorites (avec les blancs) du GM Alexei Barsov et de l’ancienne championne Nona Gaprindashvili.

Les blancs développent leur cavalier sur sa case naturelle, et attendent la réponse des noirs. 4...d5 transpose dans la Défense Ragozin du Gambit Dame Refusé, et 4...b6 5.Fg5 Fb7 transpose dans une ligne hybride Nimzo/Ouest-Indienne ; 4...c5 est le coup-type de la Nimzo-indienne, et le plus courant. Ensuite, 5.e3 transpose dans le Système Rubinstein, mais le coup principal est 5.g3, qui mène à une position émergeant également de la variante Fianchetto. La ligne officielle est : 5.g3 cxd4 6.Cxd4 0-0 7.Fg2 d5 8.cxd5 Cxd5. Les noirs ont réduit à néant le centre blanc, mais le fou en g2 exerce une forte pression sur l’aile-dame noire, pression que les blancs pourront encore augmenter avec 9.Db3.

Cette ligne peut aussi survenir dans une Défense Bogo-Indienne (1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cf3 Fb4+), si les blancs parent l’échec avec 4.Cc3. Cette transposition peut s’avérer déconcertante pour le joueur de Bogo-Indienne qui ne joue pas aussi la Nimzo-Indienne.


5 - Autres Variantes

4.f3 – Cette ligne n’a pas de nom particulier; on y fait allusion simplement en tant que Variante 4.f3. Auparavant, on l’appelait Variante Gheorghiu (un nom donné par Gligoric), ou parfois Variante Shirov, d’après Alexei Shirov qui obtint avec elles de nombreux succès au début des années 1990, avant de perdre trois parties de suite en l’employant et de l’abandonner. Il s’agit d’une tentative directe de s’emparer d’e4, ce au prix d’un certain retard de développement. La réplique noire la plus courante est 4...d5 5.a3 Fxc3+ 6.bxc3 c5 7.cxd5 Cxd5, avec une position qu’il est aussi possible d’obtenir à partir d’une variante Sämisch. La forte pression exercée par les noirs sur c3 et d4 force les blancs à jouer 8.dxc5, dans le but d’ouvrir la position pour leurs deux fous. Les blancs poursuivent ensuite par e4, et les noirs répondent …e5 à un moment donné, pour empêcher les blancs de mener plus avant leurs pions e et f. Une autre approche possible pour les noirs consiste à jouer 4...c5 5.d5, pour atteindre une position à la Benoni.

4.Fg5 – La variante Leningrad a reçu ce nom car la théorie la concernant fut beaucoup développée par des joueurs de cette ville, comme par exemple Boris Spassky. Voici les mouvements de la ligne principale : 4...h6 5.Fh4 c5 6.d5 d6 7.e3 Fxc3+ 8.bxc3 e5. Les noirs ont mis en place un blocus à la variante Hübner, à une différence près : le fou de cases noires des blancs est hors de la chaîne de pions. Le clouage du cavalier f6 est très ennuyeux, et les noirs s'en débarrassent souvent en jouant le draconien ...g7-g5, qui permet également de mettre un frein à une éventuelle poussée f2-f4 des blancs. Bien sûr, ce coup affaiblit l’aile-roi des noirs, et leur roi va devoir chercher refuge ailleurs, en général en c7, via d8.

4.a3 – La variante Sämisch (d’après Fritz Sämisch) vise directement à réfuter le concept stratégique des noirs. Ceux-ci doivent jouer 4…Fxc3+, doublant les pions des blancs, car 4...Fa5?? perd le fou (5.b4 Fb6 6.c5), et 4...Fe7? est totalement illogique, puisqu’il permet aux blancs de jouer 5.e4 sans crainte. Après 5.bxc3, les noirs peuvent de suite bloquer les pions doublés, en jouant 5…c5, avant d’accumuler les pressions sur le pion avancé c (souvent condamné) à l’aide de coups tels que ...Fa6, ...Cc6-a5 et ...Tc8. En guise de dédommagements, les blancs espèrent pouvoir mettre en place un centre fort, qui pourra leur servir de base pour une rapide attaque sur l’aile-roi, avant que les noirs n’aient pu faire usage de leurs avantages statiques. Au fil du temps, cependant, les noirs ont prouvé que les faiblesses structurelles consenties par les blancs n’étaient pas réellement compensées par les possibilités d’attaque qu’ils obtenaient en échange, et donc on ne voit plus beaucoup cette variante de nos jours. La variante Sämisch fut employée cinq fois par Mikhail Botvinnik face à Tal lors du championnat du monde d’Echecs 1960 (cinq matchs nuls !), et une fois lors de la revanche en 1961 (victoire blanche).

4.g3 – La variante Fianchetto ressemble au Système Catalan, dans lequel les blancs fianchettent leur fou du roi pour faire pression sur le centre à partir des ailes. Les noirs peuvent répondre 4...c5 5.g3, la position est alors semblable à l’une des positions de la variante Kasparov (voir plus haut). 4...d5 est possible également. Il s’agit d’ailleurs peut-être de la réponse la plus forte, car si les blancs ne font rien pour les en empêcher, les noirs peuvent s’emparer du pion c4, et souvent le conserver. Ceci n’est habituellement pas possible dans la Catalane, avec le cavalier développé en d2 qui va simplement venir recapturer en c4.

4.Db3 – La variante Spielmann tient son nom de Rudolf Spielmann qui la joua à Carlsbad en 1929. De même que la variante Classique, elle évite aux blancs les pions doublés. Toutefois, contrairement à 4.Dc2, la dame n’exerce aucune forme de contrôle sur e4, ce dont les noirs peuvent profiter en jouant 4...c5 5.dxc5 Cc6 6.Cf3 Ce4, par exemple. Pour cette raison, ce malgré d'occasionnels regains d'intérêt orchestrés par les GMs Vladimir Akopian, Vladimir Malaniuk et Jeroen Piket, cette variante-ci est elle aussi plutôt rare.

4.e4 – Le gambit Dilworth doit son nom à Vernon Dilworth, qui publia un article à son sujet dans CHESS magazine de Mars 1949. L’idée de Dilworth était la suivante : 4...Cxe4 5.Dg4 Cxc3 6.Fd2. Mais les compensations obtenues par les blancs en échange du pion apparurent assez tôt tout au plus nébuleuses, et cette ligne ne trouva par conséquent jamais d’autre défenseur que Dilworth.