Défense Est-indienne

http://en.wikipedia.org/wiki/King%27s_Indian

La Défense Est-Indienne est utilisée très souvent. Voici les coups qu’il faut jouer :

1. d4 Cf6 2. c4 g6

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Les noirs ont l’intention de poursuivre 3...Fg7 et 4...d6. Si, au lieu de celà, ils jouent 3...d5, on parle de Défense Grünfeld : il s’agit d’une autre ouverture. Au troisième coup, les blancs disposent de trois grandes possibilités : 3.Cc3, 3.Cf3 et 3.g3; contre ces coups, la Défense Est-Indienne et la Grünfeld sont toutes deux jouables.

Les section E60 à E99 de l’ECO sont réservées à la Défense Est-Indienne.


1 – Vue d’ensemble

La Défense Est-Indienne est une ouverture hypermoderne dans laquelle les noirs, délibérément, autorisent les blancs à occuper le centre avec leurs pions ; la tactique des noirs consiste alors à « peser de tout leur poids » sur le centre, en en influençant les cases-clé à partir des ailes (en particulier, par l’action du fou fianchetté en g7), et en venant défier les blancs par des mouvements tels qu’...e5 ou ...c5, susceptibles de leur permettre de reprendre le contrôle du centre. Jusqu’au milieu des années 1930, la Défense Est-Indienne avait mauvaise réputation - on la considérait généralement hautement suspecte – mais, au travers des parties et analyses de trois forts joueurs ukrainiens (Alexander Konstantinopolsky, Isaac Boleslavsky et David Bronstein), elle est devenue bien plus respectée et populaire. C’est une ouverture subtile et dynamique, exceptionnellement complexe, qui fut l’une des favorites de joueurs tels que les anciens champions du monde Garry Kasparov, Bobby Fischer, Mikhail Tal et Tigran Petrosian. D’autres grand maîtres de premier plan ont également joué fréquemment cette ouverture : Miguel Najdorf, Efim Geller, John Nunn, Svetozar Gligorić, Wolfgang Uhlmann, Ilya Smirin et Teimour Radjabovy (entre autres).

Il n’est pas obligatoire de respecter l’ordre des coups 1.d4 Cf6 2.c4 g6 pour jouer une Est-Indienne. Par exemple :

1.c4 Cf6 2.Cc3 g6 3.e4 d6 4.d4 Fg7 et nous voici revenus à la ligne officielle.

1.Cf3 Cf6 2.g3 g6 3.Fg2 Fg7 4.0-0 0-0 5.c4 d6 6.d4 et nous avons transposé dans une Variante Fianchetto.


2 - Variantes

Les principales variantes de la Défense Est-Indienne sont :

2.1 – Variante Classique

3.Cc3 Fg7 4.e4 d6 5.Cf3 0-0 6.Fe2 e5

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Dans la ligne officielle, ou variante Mar del Plata, le jeu se poursuit 7.0-0 Cc6 8.d5 Ce7. A ce moment du match, les blancs ont de nombreux coups intéressants à leur disposition, entre autres 9.b4, 9.Ce1 et 9.Cd2. Dans l’Est-Indienne-type, les blancs vont tenter d’attaquer sur l’aile-dame, en préparant la poussée c4-c5, tandis que les noirs vont attaquer sur l’aile-roi, en déplaçant leur cavalier f6 en d7 ou en e8, de manière à lancer une marée de pions (f7-f5-f4 et g6-g5). Avant que, récemment, Radjabov ne ravive l’intérêt pour cette ligne, le possible 9.b4 effrayait les forts joueurs, qui l’évitaient.

7.0-0 Cbd7 est l’ancienne ligne officielle; elle est moins usuelle aujourd’hui que 7.0-0 Cc6. Cette réponse a le désavantage d’exercer une pression insuffisante sur le centre blanc.

7.0-0 exd4 8.Cxd4 est possible également, bien que le gain d’espace consenti par les noirs soit d’une plus grande valeur que le contre-jeu qu’ils obtiennent contre le centre blanc. De nouvelles idées furent popularisées au milieu des années 1990 par le GM russe Igor Glek, mais quelques unes des meilleures lignes blanches furent plus tard réfutées. La plupart des lignes donnent toutefois l’avantage aux blancs.

7.0-0 Ca6 est assez populaire ces derniers temps; le but de ce coup en apparence maladroit est de déplacer par la suite le cavalier en c5, après un éventuel d5. 7…Ca6 a, par rapport à 7...Cbd7, l’avantage de ne pas enfermer le fou de cases blanches. Statistiquement, après 7...Ca6, les blancs enregistrent un score de 57% (sur 1600 parties). Ensuite, on voit fréquemment 8.Fe3 Cg4 9.Fg5 De8!, mais les blancs ont également essayé :

7.d5. Il s’agit du Système Petrosian, qui doit son nom à Tigran Petrosian, champion du monde de 1963 à 1969. Vladimir Kramnik jouait beaucoup cette variante. Pour les deux camps, les plans sont sensiblement les mêmes que dans la variante principale. Après 7...a5, les blancs jouent 8.Fg5 de manière à clouer le cavalier f6, ce qui a pour effet de rendre la poussée f7-f5 plus difficile à réaliser pour les noirs. Ceux-ci répondent fréquemment avec des coups comme Ca6 et Fd7, qui entravent la poussée c4-c5 des blancs. Joe Gallagher a recommandé le flexible 7...Ca6, avec des idées similaires à celles de 7.a5.

7.Fe3. On connait cette ligne sous le nom de Système Gligoric, d’après le GM Yougoslave expert en Indienne du Roi Svetozar Gligorić. Récemment, d’autres forts joueurs comme Korchnoi, Karpov ou Kasparov ont essayé cette ligne, bien que pas systématiquement. Les statistiques (ChessBase; un panel de 3000 parties) indiquent que 7.Fe3 a permis aux blancs de s’imposer 62% du temps. Sur plus de 400 parties de 7...Cc6 8.d5 Ce7 9.Cd2, les blancs enregistrent un score impressionant de 75%. Face à 7...Cg4, les blancs scorent 58%. L’idée principale de ce coup est d’éviter le poids de la théorie relative à la ligne 7.0-0 Cc6. Ce mouvement permet aux blancs de ne pas échanger en e5 d’une part, et de ne pas bloquer le centre avec d5 d’autre part. S’ils jouent correctement, les blancs visent à disposer leurs pièces sur leurs cases idéales : 7.Fe3 Cc6 8.d5 Ce7 9.Cd2! Les noirs répondent très souvent 7...Cg4 8.Fg5 f6 9.Fh4 Cc6, mais on voit parfois d’autres coups. Par exemple :

7...Ca6 8.0-0 transpose dans la Moderne.

7...h6!? est l’une des préférées de John Nunn. La partie se poursuit comme suit : 8.0-0 Cg4 9.Fc1 Cc6 10.d5 Ce7 11.Ce1 f5 12.Fxg4 fxg4. Ensuite, les noirs jouent ...g6-g5 et Cg6-f4, tandis que les blancs font pression sur l’aile-dame. Bien que cette variante soit soutenue par John Nunn, de nombreux joueurs trouvent qu’elle donne l’avantage aux blancs.

7...exd4 permet régulièrement d’obtenir du contre-jeu, accompagné d’un rapide ...c7-c6 / ...d6-d5. Par exemple : 8.Cxd4 Te8 9.f3 c6 10.Dd2 (10.Ff2!?) 10...d5 11.exd5 cxd5 12.0-0 Cc6 13.c5 et 13...e3!?

Dans la variante d’échange (7.dxe5 dxe5 8.Dxd8 Txd8), les blancs échangent les reines, et tentent ensuite de prouver que ce milieu de jeu sans dames est légèrement à leur avantage. Les blancs jouent souvent cette ligne dans l’espoir d’obtenir un rapide match nul, mais la position est encore très riche. Il est typique de voir les blancs tenter d’exploiter d6, avec des coups tels que b4, c5, Cf3-d2-c4-d6, etc., et les noirs contre-attaquer en tentant d’exploiter d4. En pratique, il est plus facile d’exploiter d4. D’après la MegaBase 2002 (qui regroupe plus de 2 millions de parties extraites de tournois internationaux), les blancs enregistrent un score de 49% avec la variante 7.dxe5 (sur un panel d’un peu plus de 3000 parties) (contre 54 % toutes variantes de défense Est-Indienne confondues). Le pourcentage de parties nulles est très élevé : 53%.


2.2 - Variante Sämisch

La variante Sämisch, c’est 3.Cc3 Fg7 4.e4 d6 5.f3.

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Elle doit son nom à Friedrich Sämisch, qui développa ce système dans les années 1920. Elle mène souvent à un combat féroce, les deux adversaires roquant des côtés opposés, et attaquant chacun l’autre roi, comme dans la partie Bagirov-Gufeld (voir ci-dessous). Les noirs ont à leur disposition plusieurs avances de pion : ...e5, ...c5 et ...b5 (préparé par les coups ...c6 et/ou ...a6). Parfois, lorsque les noirs jouent …c5, on observe une transposition dans une Benoni Moderne. Les champions du monde Mikhail Botvinnik, Mikhail Tal, Tigran Petrosian, Boris Spassky, et Garry Kasparov ont tous joué cette variante. 5.f3, un coup populaire, défend le pion e4 et permet ainsi aux blancs de sécuriser leur centre et de lancer une attaque sur l’aile-roi avec Fe3, Dd2, Rh6, g2-g4 et h2-h4. C’est un coup qui permet également de placer un fou en e3 sans avoir à s’inquiéter de Cg4. Le seul inconvénient de ce mouvement est qu’il prive le cavalier-roi des blancs de sa case naturelle/idéale. Les noirs peuvent soit attaquer le centre, comme mentionné précédement, soit temporiser, avec 6...Cc6, 7...a6 et 8...Tb8, de sorte à pouvoir jouer b7-b5 ultérieurement. Aujourd’hui, la réponse noire la plus à la mode est le sacrifice de pion 6…c5.

5...0-0 6.Fe3 c5 7.dxc5 dxc5 8.Dxd8 Txd8 9.Fxc5 Cc6. Les noirs ont, temporairement, de nombreux avantages en compensation du pion qu’ils ont sacrifié, toutefois, si ces avantages ne sont pas exploités, la situation peut se retourner en faveur des blancs :

Les mouvements 5...0-0 6.Fe3 Cc6 7.Cge2 a6 8.Dd2 Tb8 constituent la variante Panno de la Sämisch. Les noirs jouent en fonction du choix de plan des blancs. Si ceux-ci jouent 0-0-0 et se lancent dans une attaque sur l’aile-roi, alors 7...a6 prépare une contre-attaque visant le roque blanc. Si, au lieu de cela, les blancs jouent plus prudemment, alors les noirs peuvent venir défier leur centre.

Après 5...0-0 6.Fe3, si les blancs jouent 7.d5, les noirs vont avoir du mal à égaliser, d’autant plus que les blancs sont prêts à parer la poussée …f7-f5, par f2-f4 !, étant donné que leur cavalier ne se situe pas en f3.


2.3 - Variante Averbakh

La variante Averbakh - 3.Cc3 Fg7 4.e4 d6 5.Fe2 0-0 6.Fg5 - doit son nom à Yuri Averbakh. Ce déplacement du fou permet d’éviter de perdre un pion après 6…e5. Les noirs ordonnent généralement la retraite de leur fou avec ...h6, ce qui leur permet de se réserver la possibilité d’un éventuel g5 plus tard dans la partie (même si, en pratique, il s’agit d’un coup un peu faible). Notons aussi que ...c5 est une alternative à ...e5 à envisager, puisqu’elle permet de garder ouverte la grande diagonale. Plusieurs moyens sont à la disposition des blancs pour se développer : par exemple Dd2, Cf3, f4 ou même h4. Toutefois, tous ces shémas d’expansion offrent aux noirs de bonnes perspectives.


2.4 - Attaque des Quatre Pions

Les deux joueurs poursuivent ainsi : 3.Cc3 Fg7 4.e4 d6 5.f4 0-0 6.Cf3.

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C’est la méthode la plus agressive à la disposition des blancs. Si les noirs ne sont pas préparés à l’affronter, ils peuvent se trouver en déroute et perdre la partie très rapidement. Nous n’en sommes qu’au cinquième coup, et les blancs ont déjà établi un centre de pions élargi, et ils menacent de pousser e4-e5. Echange de bons procédés : les noirs ont développé leurs pièces tandis que les blancs ont développé leurs pions. Si les noirs parviennent à ouvrir la position, les blancs peuvent se retrouver dans une situation de déséquilibre, étant donné qu’ils occupent beaucoup de terrain, mais au prix d’un certain retard dans le développement. ...e7-e5 et ...c7-c5 constituent les deux grandes possibilités pour les noirs. La ligne principale est 6...c5.

6...c5 7.d5 e6 8.Fe2 exd5 9.cxd5

6...Ca6 est connu sous le nom de Variante Moderne. Ce coup prépare à vrai dire …Cc5, qui permet d’obtenir du contre-jeu. Cette variante s’est avérée très efficace contre des coups blancs neutres, tels que 7.Fd3. 7.e5, le plan le plus agressif qui puisse être mis en œuvre par les blancs dans ces circonstances, peut s’avérer plus difficile à jouer pour les noirs.


2.5 - Variante Fianchetto

La Variante Fianchetto 1.d4 Cf6 2.c4 g6 3.Cf3 Fg7 4.g3 0-0 5.Fg2 d6 6.0-0.

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Elle tient son nom du fait que les blancs développent leur fou de cases blanches en g2; cette ligne compte parmi les plus populaires chez les grands maîtres. Cette variante est très différente tactiquement des autres types d’Est-Indienne. Ici, le plan habituel des noirs d’attaque sur l’aile-roi est compromis par le défenseur supplémentaire blanc et par le fait que ceux-ci ne vont plus chercher à bloquer le centre. Les variantes les plus communes sont :

6...Cbd7, avec 8...exd4. Les noirs ont l’intention de prendre le contrôle du centre par : ...e7-e5. 7.Cc3 e5 8.e4 exd4 9.Cxd4 Te8 10.h3 a6! Ce coup découvre les plans des noirs. Les coups 11...Tb8 ...c7-c5 ...b7-b5 ont été préparés (parfois avec …Ce4 d’abord). On appelle cette ligne Variante Gallagher de la Variante Fianchetto.

8...c6 et 8...a6 constituent des alternatives intéressantes.

6...Cc6 7.Cc3 a6 8.d5 Ca5. Bien que l’on enseigne que les cavaliers sont mal placés au bord de l’échiquier, dans cette situation cela permet d’accroître la tension sur l’aile-dame; de plus, le cavalier pourra par la suite atteindre rapidement c5. On a vu des centaines de fois la partie se poursuivre : 9.Cd2 c5 10.Dc2 Tb8 11.b3 b5 12.Fb2 Fh6 13.f4 bxc4 14.bxc4 e5!

Enfin, les blancs ont d’autres possibilités de formation, comme par exemple Cf3 / h3 / Cge2 (avec ou sans Fd3), mais, en ce moment, celles-ci jouissent à haut niveau d’une popularité moindre. La ligne 1.d4 Cf6 2.c4 g6 3.Cc3 Fg7 4.e4 d6 5.Cge2 (suivi de 6.Cg3) est appelée Attaque Hongroise.


3 - Une partie célèbre

Voici les coups d’une des Est-Indiennes les plus célèbres, une perle, née de la main du défunt GM ukraino-américain Eduard Gufeld, qui l’appelait sa "Mona Lisa" :