Gambit de Budapest

http://en.wikipedia.org/wiki/Budapest_Gambit

Le Gambit (ou Défense) de Budapest est l’ouverture commençant par les coups 1. d4 Cf6 2. c4 e5

budapest 1

On la voit rarement à top-niveau, mais occasionnellement chez les amateurs. Deux sections de l’ECO l’exposent : A51 (1.d4 Cf6 2.c4 e5) et A52 (1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4).

Le second mouvement des noirs attaque le centre blanc, sacrifiant pour ce faire, au moins temporairement, un pion. La plupart du temps, les blancs ne vont pas s’accrocher à ce pion d’avance, parce que cela les forcerait à disposer leurs pièces avec un objectif défensif, et que ceci offre souvent aux noirs un avantage de développement. Très souvent, au lieu de cela, les blancs développent leurs pièces, espérant ainsi obtenir une avance de développement, tandis que les noirs perdent du temps pour regagner leur pion. Après 3.dxe5 (seule tentative sérieuse pour obtenir un avantage), les noirs doivent déplacer à nouveau leur cavalier.

La réponse la plus habituelle est 3...Cg4, offrant trois grandes possibilités :

Au troisième coup, les noirs peuvent aussi essayer la variante Fajarowicz, 3...Ce4!?, qui permet de mettre rapidement en jeu les pièces.


Table des matières

1 Histoire / Origines

2 Utilisation en compétition

2.1 Utilisé par de forts joueurs

2.2 Utilisé contre de forts joueurs

3 Thèmes stratégiques et tactiques

3.1 Montée de la tour pour attaquer le roque blanc

3.2 Avantages procurés par ...Fb4+

3.3 Pression sur la case e4 et le pion e3

3.4 Poussée c4-c5

3.5 Le piège de Kieninger

4 Ligne officielle 3...Cg4, ligne Adler 4.Cf3

4.1 Variante 4...Fc5 avec a2-a3

4.2 Variante 4...Fc5 sans a2-a3

4.3 Variante 4...Cc6

5 Ligne officielle 3...Cg4, ligne 4.Ff4

5.1 Ligne Rubinstein 6.Cc3

5.2 Ligne Bernstein 6.Cbd2

5.2.1 S’emparer de la paire de fous avec 7.a3

5.2.2 Combattre la paire de fous

5.2.3 Exemples pratiques

5.2.4 A la recherche d’un tempo avec 7.e3

6 Ligne officielle 3...Cg4, ligne Alekhine 4.e4

6.1 Variante 5...Cec6

6.2 Variante 5...Cg6

6.3 Variante 5...Cbc6

7 Ligne officielle 3...Cg4, autres possibilités de quatrième coup

7.1 Variante 4.e3

7.2 Variante 4.Dd4

7.3 Variante 4.Dd5

7.4 Variante 4.f4?!

7.5 Variante 4.e6

8 Variante Fajarowicz 3...Ce4

8.1 Variante Fajarowicz 3...Ce4, line 4.Dc2

8.2 Variante Fajarowicz 3...Ce4, line 4.Cf3

8.3 Variante Fajarowicz 3...Ce4, autres quatrièmes coups

9 Refuser le gambit


1 – Histoire / Origines

La première partie de Gambit de Budapest fut Adler-Maróczy, Budapest 1896. Cette partie présentait déjà quelques aspects-clé du gambit, par exemple, un jeu actif des pièces noires, et les blancs qui sortent trop tôt leur dame, ignorants du principe. Etant donné que le joueur qui avait les blancs n’était pas un fort joueur, cette nouvelle ouverture passa presque inaperçu : seuls les experts locaux qui avaient assisté à la partie y prêtèrent attention.

Ce sont les hongrois Stephan Abonyi, Zsigmond Barasz et Gyula Breyer qui améliorèrent cette ouverture. Abonyi played la joua en 1916 face au chirurgien néerlandais Johannes Esser, lors d’un petit tournoi à Budapest. Le joueur d’échecs autrichien Josef Emil Krejcik s’en servit contre Helmer/Helmar à Vienna en 1917. Carl Schlechter publia une analyse du gambit dans Deutsche Schachzeitung (1917, page 242).

C’est à Berlin en 1918 que le Gambit de Budapest fut employé pour la première fois face à un joueur de classe internationale : Milan Vidmar l’utilisa en effet contre Akiba Rubinstein lors de la première ronde. Vidmar, qui devait jouer les noirs contre un joueur aussi fort, se demandait ce qu’il pourrait bien jouer, et demanda conseil à son ami, Abonyi, qui lui montra le Gambit de Budapest, et les idées principales dénichées par les joueurs hongrois. Vidmar suivit le conseil de son ami, et joua ce qui fut l’une des parties les plus fracassantes de sa carrière, battant Rubinstein en seulement 24 coups.

Cette victoire mit tant de baume au cœur de Vidmar qu’il en gagna le tournoi, tandis que Rubinstein était pour sa part si démoralisé par cette défaite qu’il en perdit une autre partie, qui l’opposait à Jacques Mieses, et fit match nul face à Schlechter, avec la même ouverture.

A la suite de ce tournoi, on commença enfin à prendre ce gambit au sérieux. Des joueurs très haut placés dans la hiérarchie échiquéenne, tels que Savielly Tartakower et Siegbert Tarrasch commencèrent à la jouer. Schlechter écrivit le monographe “The Budapest Defence to the Queen's Gambit” (La Défense de Budapest contre le Gambit Reine), publié en 1919, après sa mort; il s’agit sûrement du premier livre traitant de cette ouverture.

Les 1.d4eurs de premier plan se mirent à chercher des antidotes fiables à ce gambit. Alexander Alekhine montra comment les blancs pouvaient bâtir une attaque puissante avec 4.e4, dans ses parties contre Ilya Rabinovich (Baden-Baden 1925) et Adolf Seitz (Hastings 1925-1926). Rubinstein expliqua comment les blancs pouvaient obtenir un léger avantage positionnel avec 4.Ff4 Cc6 5.Cf3 Fb4+ 6.Cbd2. En conséquence, à la fin des twenties, le Gambit de Budapest avait mauvaise réputation.


2 – Utilisation en compétition

2.1 – Utilisé par de forts joueurs

Le Gambit de Budapest n’a jamais été très utilisé avec les noirs par les joueurs du top-10 :

Certains joueurs de très haut niveau ont essayé le gambit une fois, face à un adversaire moins bien classé, généralement avec de bons résultats :

D’autres joueurs de très haut niveau l’ont utilisé contre un autre joueur de très haut niveau, pour l’effet de surprise, et parce que, d’après eux, cela ne convenait pas au style positionnel de leur adversaire, généralement avec de bons résultats :

Quelques joueurs de premier plan l’ont employé lorsqu’ils étaient jeunes, puis l’ont abandonné en gravissant les échelons de la hiérarchie échiquéenne :


2.1 – Utilisé contre de forts joueurs

Il est très rarement arrivé que des joueurs de top-niveau se soient vus confrontés à ce gambit :

Rubinstein obtint, au tournoi de Berlin en 1918, des résultats catastrophiques : il ne prit qu’un demi-point sur trois possibles face au gambit. Mais des années plus tard, il obtint de biens meilleurs résultats : il l’emporta face à Daniuszewski (Łódź, championnat de Pologne, 1927) et face à Tartakower (Bad Kissingen, 1928).

Alekhine, pour sa part, enregistre face au gambit un score de trois sur quatre : victoires contre Euwe (Amsterdam, 1921), Rabinovich (Baden Baden, 1925) et Seitz (Hastings, 1926), mais défaite contre Gilg (Semmering, 1926).


3 – Thèmes stratégiques et tactiques


3.1 – Montée de la tour pour attaquer le roque blanc

Dans la variante 4.Cf3, les noirs ont souvent l’opportunité de développer leur tour a8 de manière agressive sur la sixième rangée, par la manœuvre a7-a5, Ta8-a6-h6. Cela peut par exemple se produire avec une suite de coups tels que 1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Cf3 Fc5 5.e3 Cc6 6.Fe2 Cgxe5 7.Cxe5 Cxe5 8.a3 a5 9.O-O O-O 10.Cc3 Ta6 11.b3 Th6.

Et la tour peut dès lors être utilisée comme une pièce d’attaque contre le roque blanc. Il est facile aux noirs d’amener de nombreuses pièces à l’assaut du roi blanc, en particulier : une tour en h6, une dame en h4 et un cavalier en g4. Si les blancs essaient de défendre par h2-h3, alors le fou c8 peut être sacrifié en h3 dans le but d’ouvrir la colonne h.

Le fou c5 ne semble pas particulièrement utile dans cette attaque. En visant e3, il rend difficile aux blancs la tâche de jouer f4 pour éloigner le cavalier noir, et, de plus, l’attaque sur e3 est parfois renforcée par le doublement de pièces majeures sur la colonne e. Il existe plusieurs motifs de sacrifice sur e3. D’autre part, le fou c5 peut parfois être recyclé sur la diagonale b8-h2 via Fc5-a7-b8, pour mettre encore plus la pression sur h2. Il peut également rester sur la diagonale a7-g1 pour mettre la pression sur f2, au cas où les blancs poussent e3 e4 à un moment donné.

La “Tour de Budapest” constitua l’une des innovations majeures des années 1980, et donna à cette défense un nouveau souffle. Toutefois, retarder …d6 pour permettre la montée entraîne un certain nombre d’inconvénients : le fou de cases blanches est obligé de patienter longtemps avant d’être développé, et toute attaque sur le fou c5 est une source d’ennui potentielle pour les noirs (ils devront en effet alors déplacer ce fou, ce qui aura pour effet soit de fermer la sixième rangée, s’ils jouent ...b6 ou...d6, d’abandonner la diagonale active a7-g1, ou encore de mettre le fou en travers de la route de la tour en a7). Ajoutons à cela l’éventualité d’une maladresse sur l’aile-roi (un cavalier en f5 viendrait prendre en fourchette la tour h6 et la dame h4) et un plan noir unique (si l’attaque directe échoue, ils n’ont pas d’autre plan) , et on en vient à regretter les vieilles lignes, dans lesquelles c’est la tour-roi qui se rend en h6 ; dès lors, en effet, la tour-reine peut être utilisée dans les opérations sur l’aile-dame (après, par exemple, la recapture du fou c5 avec le pion b).


3.2 – Avantages procurés par ...Fb4+


Dans la plupart des variantes, les noirs ont la possibilité de jouer Fb4+. Cet échec est-il ou non judicieux? Cela dépend en fait des réponses blanches possibles :


Par exemple, dans les variantes suivantes :


3.3 – Pression sur la case e4 et le pion e3

Dans la variante 4.Cf3, lorsque les blancs déplacent leur pion f en f4, le pion e3 devient une faiblesse structurelle : un pion retardé sur une colonne ouverte. Les noirs ont alors la possibilité de faire pression sur la colonne e, en particulier sur le pion e3 et sur la case e4 .

Parmi les mouvements-type de ce plan, notons la manœuvre Ce5-d7-f6 et le positionnement des pièces majeures sur la colonne e, avec les coups Tf8-e8 et Dd8-e7. Le fou c5 est déjà en bonne position pour faire pression sur le pion e3. Selon les circonstances, le fou c8 peut prendre part à l’action soit en b7 soit en f5 ; dans les deux cas, il contrôle la case e4.

Il ne faut envisager ce plan que si certaines conditions sont remplies :


3.4 – Poussée c4-c5

Dans les lignes principales, la poussée c4-c5 apporte souvent aux blancs un avantage positionnel.

Dans la ligne Bernstein, après 7.a3 Cgxe5 8.Cxe5 Cxe5 9.e3 Fxd2+ 10.Dxd2, les blancs disposent de la paire de fous et d’un avantage d’espace. Partant de là, le plan le plus souvent utilisé est l’attaque de minorité (poussée d’un ou de deux pions vers un groupe de pions adverses plus nombreux) sur l’aile-dame, avec pour objectif la réalisation de la poussée c4-c5 dans de bonnes conditions. Cette poussée peut offrir plusieurs avantages aux blancs :

Par exemple, après le naturel mais erroné 10...O-O?!, les blancs peuvent immédiatement réaliser leur objectif stratégique, avec 11.c5!

Si les noirs acceptent ce sacrifice temporaire, après 11...Dxc5 12.Tc1 Dd6 13.Dxd6 cxd6 14.Td1, les blancs regagnent leur pion en ayant créé un pion faible en d7.

Si les noirs refusent le pion, ils vont avoir quelques difficultés à se développer sur l’aile-dame, par exemple 11...d6, se verrait suivi de 12.cxd6 Dxd6 13.Dxd6 cxd6, avec un pion d6 faible.

Par conséquent, les noirs tentent généralement de retarder la poussée c4-c5 avec des mouvements tels que d7-d6, b7-b6 or Tf8-d8 (si cela peut créer un vis-à-vis indirect entre la tour d8 et la dame d2).

De même, dans la ligne Adler, après 4...Fc5 5.e3 Cc6 6.Fe2 O-O 7.O-O Te8 8.Cc3 Cgxe5 9.b3 a5 10.Fb2 Cxf3+ Fxf3 Ce5 12.Fe2 Ta6 13.Dd5 De7 14.Ce4 Fa7, il s’avère judicieux pour les blancs de pousser 15.c5, car :


3.5 – Le piège de Kieninger

Le piège de Kieninger doit son nom à Georg Kieninger, qui l’employa lors d’une partie face à Godai à Vienne en 1925.

Dans la ligne Bernstein, après 6...De7 7.a3, le fou b4 est attaqué, mais les noirs ne se trouvent pas dans l’obligation de le déplacer immédiatement et, au lieu de cela, regagnent d’une part le pion gambité, et d’autre part tendent un piège, avec 7...Cgxe5. On dirait que les blancs gagnent une pièce, avec 8.axb4??, mais en fait ils tombent dans le piège de Kieninger : 8...Cd3#.

Il est intéressant de noter qu’après 8.Cxe5 Cxe5, les blancs se trouvent toujours dans l’impossibilité de capturer le fou b4, parce que la menace 9…Cd3# plane toujours. Donc, ce piège (et sacrifice passif) est efficace pendant deux coups.

A noter également une miniature dans la variante Fajarowicz : après les coups 1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Ce4 4.Dc2 Fb4+ 5.Cd2 d5 6.exd6 Ff5 7.Da4+ Cc6 8.a3 Cc5 9.dxc7 De7!, les blancs ne purent se résoudre à perdre leur dame et durent poursuivre 10.Dd1 Cd3#.


4 – Ligne officielle 3...Cg4, ligne Adler 4.Cf3

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Cf3

La ligne Adler tient son nom de la partie Adler-Maróczy, qui se déroula lors du tournoi de Budapest en 1896. Les blancs renoncent à leur pion e5, en échange de la possibilité de développer toutes leurs pièces sur leurs cases idéales : le cavalier b1 en d5, le cavalier g1 en f3 et le fou c1 sur la diagonale a1-h8.

Dans la ligne principale, 4...Fc5, le pion f2 est attaqué, ce qui force les blancs à jouer 5.e3 : résultat, le fou c1 se retrouve coincé. Et ensuite, après 5...Cc6, à long terme, les blancs ne vont pas disposer de suffisament de pièces pour protéger leur pion e5. Par exemple :

Les blancs doivent prendre une important décision d’ordre théorique : jouer ou non a2-a3. Certes, ce mouvement interdit à l’adversaire de jouer Cc6-b4, et permet éventuellement de jouer b2-b4, mais il peut également constituer, dans certaines lignes, une perte de temps.

Les noirs peuvent aussi essayer la ligne mineure 4...Cc6, qui va leur permettre de retarder si les circonstances l’exigent le développement de la diagonale f8, et qui autorise les blancs à transposer dans la variante 4.Ff4 s’ils le souhaitent.


4.1 – Variante 4...Fc5 avec a2-a3

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Cf3 Fc5 5.e3 Cc6 6.a3

Après les mouvement normaux 6...a5 7.b3 O-O 8.Fb2 Te8 9.Cc3 Cgxe5 10.Cxe5 Cxe5 11.Fe2 d6 12.O-O, les deux rois sont en sécurité, et les noirs ont, au passage, regagné le pion qu’ils avaient investi.

Les blancs ont un avantage d’espace au centre : ils peuvent soit y tensionner directement, soit faire pression sur l’aile-dame, par le biais de poussées telles que b3-b4 et c4-c5. Dans le même temps, le roi blanc manque de défenseurs, ce qui fait que les noirs peuvent entamer une attaque avec leurs pièces, avec l’incontournable "montée de tour" (voir le chapitre sur les « thèmes stratégiques et tactiques »). Après 12…Te6, les blancs doivent choisir comment ils vont réagir à l’assaut qui approche :

Néanmoins, après 15...c6!? 16.Cf4 Ff5, il va peut-être s’avérer difficile pour les blancs de réaliser la poussée b3-b4, et la faiblesse du pion d6 n’est pas d’une grande importance tant qu’ils sont dans l’impossibilité de l’attaquer avec leurs pièces mineures : blancs et noirs ont par conséquent les mêmes chances. Par conséquent, placer le Cc3 en d5 peut s’avérer prématuré.


4.2 – Variante 4...Fc5 sans a2-a3

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Cf3 Fc5 5.e3 Cc6 6.Fe2

Après les mouvements normaux, 6...O-O 7.O-O Te8 8.Cc3 Cgxe5 9.Cxe5 Cxe5 10.b3, les noirs doivent faire un choix :

Première option : initier une montée de tour, grâce au coup 10...a5, qui va permettre d’amener la tour a8 sur l’aile-roi. Un problème va toutefois se poser : le fou c8 va peut-être rester inactif assez longtemps ; et, par exemple, après 13.Dd5! De7 14.Ce4 Fa7 15.c5 Tg6 16.Tac1 Fb8 17.f4, les blancs ont un avantage positionnel au centre.

Une autre possibilité pour les noirs est, après 10...d6 11.Fb2, d’initier une autre montée de tour, avec 11...Te6, mais ils vont alors certainement se retrouver avec un temps de retard par rapport à la variante avec a2-a3. Par exemple, après 12.g3 Th6?! 13.Ce4 Dd7 14.h4, le fou c5 des noirs n’a plus accès à la case a7.

Les blancs peuvent également capturer le fou c5, par 10...d6 11.Ca4. La retraite 11...Fb6 12.Cxb6 axb6 est douteuse, car les noirs n’obtiennent aucune compensation pour la paire de fous, et cela s’avère d’autant plus vrai lorsque le fou de cases noires c1 a la possibilité de se positionner sur la grande diagonale a1-h8. 11…b6 est bien meilleur pour les noirs : la perte de la paire de fous se voit compenser par la colonne semi-ouverte b et un meilleur contrôle des cases centrales.


4.3 – Variante 4...Cc6

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Cf3 Cc6

Les noirs jouent cela lorsqu’ils veulent remettre à plus tard le développement de leur fou de cases noires. Cela offre aux blancs une large variété de choix :


5 – Ligne officielle 3...Cg4, ligne 4.Ff4

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Ff4

Tandis que dans la ligne Adler, les blancs s’exposent à une forte attaque contre leur aile-roi, avec une tour noire aterrissant en g6 ou en h6 (voir "La montée de tour" dans les thèmes stratégiques), c’est rarement le cas avec 4.Ff4, puisque ce fou peut facilement, si cela s’avère nécessaire, défendre l’aile-roi. Par conséquent, la partie va avoir tendance à se dérouler plutôt du côté de l’aile-dame (dans la ligne Bernstein) ou du centre (dans la ligne Rubinstein).

Le coup 4...g5!?, controversé, affaiblit beaucoup de cases, ce dont les blancs vont pouvoir tenter de profiter avec les manœuvres Ff4-d2-c3 (pression le long de la diagonale a1-h8), Cg1-e2-g3-h5 (pression sur les cases f6 et g7) et h2-h4 (ouverture de la colonne h). De là ce qu’a écrit Borik : "le coup 4...g5 affaiblit de manière irréparable le camp noir". Néanmoins, la ligne 4...g5 a, ces dernières années, trouvé de nouveaux supporters, grâce aux victoires des noirs dans les parties Van Wely-Mamedyarov, Ciudad Real 2004 (les blancs avaient joué 5.Fg3), et Graf-Asik, Kavala 2007 (les blancs avaient joué 5.Fd2).

Malgré ce récent regain de popularité, 4...g5!? reste moins usuel que la ligne principale, qui débute par 4…Cc6. La ligne principale voit ensuite les deux camps développer leurs pièces autour du pion e5. Par exemple : 4...Cc6 5.Cf3 Fb4+ (préparant 6...De7); les blancs doivent alors choisir entre 6.Cc3 et 6.Cbd2.


5.1 – Ligne Rubinstein 6.Cc3

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Ff4 Cc6 5.Cf3 Fb4+ 6.Cc3

Position après 4.Ff4 : 

budapest 2

Cette ligne tient son nom de Rubinstein (ceci étant dû à la partie Rubinstein-Vidmar, Berlin 1918), ce même si Rubinstein, pour sa part, en vint rapidement à préférer la ligne Bernstein. Il est à noter que, cependant, d’autres sources fiables appellent "variante Rubinstein" la variante 4.Ff4, et non pas seulement la sous-variante 6.Cc3.

Les noirs feraient mieux d’échanger immédiatement le cavalier c3, par 6...Fxc3+ 7.bxc3 car, le cas échéant, les blancs n’ont qu’à éviter le doublement de leurs pions pour prendre un léger ascendant sur le plan positionnel. Ensuite, les noirs peuvent mettre la pression sur le pion e5 avec 7...De7, et la seule possibilité pour les blancs de conserver le pion est 8.Dd5. Les blancs menacent de faire baisser la pression grâce au mouvement h2-h3, qui chasserait le cavalier g4 en h6, d’où il n’exercerait que peu d’influence; par conséquent, les seules possibilités pour les noirs de conserver l’initiative sont 8...Da3 et 8...f6.


5.2 – Ligne Bernstein 6.Cbd2


1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Ff4 Cc6 5.Cf3 Fb4+ 6.Cbd2

On ne sait pas trop pourquoi cette ligne s’appelle ainsi : le nom pourrait venir du joueur d’échecs Jacob Bernstein, mais il semble avéré que celui-ci n’a jamais joué le Gambit de Budapest (ni avec les blancs, ni avec les noirs).

Dans cette ligne positionnelle, les blancs laissent tomber le pion e5, en échange de divers avantages (par exemple, la paire de fous). Après 6...De7, les blancs ont le choix entre 7.a3 (pour s’emparer de la paire de fous) et 7.e3 (pour gagner un tempo par rapport à la variante 7.a3).


5.2.1 – S’emparer de la paire de fous avec 7.a3

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Ff4 Cc6 5.Cf3 Fb4+ 6.Cbd2 De7 7.a3

Le fou b4 est attaqué, mais les noirs ne sont pas obligés de le déplacer pour l’instant, et jouent au lieu de cela 7...Cgxe5 pour récupérer le pion gambité. Les noirs menacent alors à la fois de prendre le pion c4 et le cavalier f3; et les blancs vont devoir soit accepter les pions doublés, soit déplacer leur roi. On peut observer cela, par exemple, après 8.e3?! : 8...Cxf3+ force soit 9.gxf3, soit 9.Dxf3 Fxd2+ 10.Rxd2, et les blancs ne peuvent plus roquer.

Les blancs ne peuvent jouer 8.axb4?? à cause du piège de Kieninger 8...Cd3. Ils n’ont pas non plus intérêt à jouer 8.Fxe5?!, car ils perdraient alors la paire de fous, qui constitue leur seul espoir de prendre l’ascendant dans la ligne Bernstein. Par conséquent, les blancs sont plus ou moins obligés d’échanger les cavaliers, par 8.Cxe5 Cxe5.

9.axb4?? ne permet toujours pas aux blancs de gagner une pièce, car la menace Cd3# plane toujours. 9.Fxe5?! non plus, car les noirs joueraient alors le coup intermédiaire 9...Fxd2+ 10.Dxd2 Dxe5, avec jeu égal. Les blancs jouent par conséquent 9.e3, de façon à protéger le pion c4, attaqué par le cavalier posté en e5.

Maintenant, la menace de mat en d3 a disparu, donc le fou b4 est véritablement attaqué, et les noirs doivent le bouger. 9...Fd6 (ou 9...Fc5 10.b4 Fd6, qui permet de contrer 11.c5?! avec 11...Cd3+ 12.Fxd3 Fxf4) a le désavantage d’installer le fou sur une mauvaise case, et 9...Fa5?? perd le fou, sur 10.b4 Fb6 11.c5. Seule possibilité, donc, 9...Fxd2+ et, après 10.Dxd2, nous arrivons à la véritable position de départ de cette variante.

Il est important de noter que, du point de vue des noirs, la séquence 7...Cgxe5 8...Cxe5 9...Fxd2+ n’est pas seulement astucieuse, mais qu’il s’agit également du meilleur ordre de coups possible; en effet, en suivant un ordre différent, les noirs donneraient aux blancs la chance de réaliser tôt dans la partie l’avantageuse poussée c4-c5 (dont les points positifs sont exposés dans la section “thèmes stratégiques et tactiques”). Par exemple, après les mouvements 7...Fxd2+?! 8.Dxd2 Cgxe5 9.Cxe5 Cxe5, les blancs devraient jouer autre chose que l’habituel 10.e3?!, et jouer immédiatement l’audacieux 10.c5!, puisque les noirs ne peuvent pas capturer en c5 sans perdre le pion c7 (à cause des possibilités Ta1-c1 et Dd2-c3).


5.2.2 – Combattre la paire de fous

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Ff4 Cc6 5.Cf3 Fb4+ 6.Cbd2 De7 7.a3 Cgxe5 8.Cxe5 Cxe5 9.e3 Fxd2+ 10.Dxd2

Les blancs ont un très léger avantage statique : la paire de fous et un avantage d’espace sur l’aile-dame.

Les noirs, pour leur part, ont peu de quoi être fier, étant donné qu’ils ne disposent d’aucune cible dans le camp blanc. Toutefois, ils disposent de quelques petits atouts :

Leur cavalier en e5 dispose d’une bonne position au centre, attaque le pion c4, et interdit au fou f1 l’accès à ses cases naturelles d3 et f3. De plus, échanger le cavalier avec Fxe5 n’est d’aucun intérêt pour les blancs, étant donné que cela signifierait pour eux la perte de l’avantage de la paire de fous.

Le fou c8 peut, potentiellement, devenir bien meilleur que son homologue blanc le fou f1, si la possibilité lui est offerte de se positionner sur une bonne case, en b7 ou en c6, tandis que le fou f1 reste entravé par le cavalier e5.

De ces constatations découlent les plans instinctifs des deux camps :

Les blancs vont tenter de mener une attaque de minorité sur l’aile-dame, de manière à augmenter leur avantage d’espace et à créer quelques faiblesses dans la structure de pions noire (par exemple un pion isolé ou un pion attardé). Ils vont par conséquent tenter d’avancer leurs pions b2 (en b4) et c4 (en c5) dans de bonnes conditions.

Les noirs vont essayer de garder le jeu fermé; en particulier, ils doivent laisser le pion c4 en place, de manière à tenir le fou f1 à distance. Des mouvements tels que b7-b6 et d7-d6 peuvent permettre d’atteindre ce but. Ils vont également tenter de développer leur fou c8 sur la diagonale a8-h1, où il se trouvera en bonne place pour viser le roque blanc.


5.2.3 – Exemples pratiques


Le premier coup des noirs doit être 10...d6!, car sinon, les blancs jouent 11.c5! et prennent immédiatement un avantage conséquent. Par exemple, 10...b6? perd un pion; en effet, 11.Dd5 Cc6 (forcé) 12.Fxc7, et 10...O-O?! est mauvais, à cause de 11.c5! – les noirs ne peuvent prendre avec 11...Dxc5?, parce que 12.Tc1 De7 13.Txc7 : la victoire des blancs se dessine déjà.

Donc, après 10...d6!, les blancs peuvent tenter (et ont tenté) à peu près tous les coups qui vont dans le sens du plan exposé ci-dessus :

Il est possible de jouer immédiatement 11.c5!?, sacrifiant un pion de manière à ouvrir des diagonales pour les fous. Les blancs obtiennent une puissante attaque pour leur pion, mais rien de décisif; par exemple : 11...dxc5 12.Tc1 f6!? (surprotégeant le cavalier e5, de manière à éviter les fourchettes 13.Dc3 ou 13.Dd5, qui permettraient aux blancs de regagner le pion) 13.Dc2 b6 14.Fxe5 Dxe5 15.Fb5+ Rf8.

Avec 11.Dc3, les blancs préparent c4-c5 et mettent la pression sur le cavalier e5 (le pion d6 est alors cloué) et sur le pion g7. Les noirs peuvent poursuivre leur plan naturel avec 11...b6 ; alors, les blancs peuvent envisager de sacrifier un pion, avec 12.c5!? bxc5 13.Fxe5 Dxe5 14.Dxe5+ dxe5, dans le but de détruire la structure de pions des noirs. Cependant, de nombreuses pièces ont été échangées dans l’opération, et la paire de fous a disparu, ce qui fait que les blancs vont peut-être éprouver quelques difficultés à créer un avantage maintenant. La meilleure attitude à adopter pour les noirs est de prendre leur courage à deux mains et de sacrifier tous leurs pions faibles pour activer leurs pièces; par exemple, 15.Tc1!? Tb8! 16.Txc5 Txb2 17.Txc7 O-O!, et les blancs vont avoir de sérieux problèmes pour développer leurs pièces restantes.


5.2.4 – A la recherche d’un tempo avec 7.e3


1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Ff4 Cc6 5.Cf3 Fb4+ 6.Cbd2 De7 7.e3

Dans cette variante, les blancs tentent d’éviter le mouvement a2-a3, de manière à gagner un temps, par rapport à la variante 7.a3. Après les coups standards 7...Cgxe5 8.Cxe5 Cxe5 9.Fe2 d6 10.O-O, c’est la dernière chance pour les noirs d’échanger le fou b4 contre le cavalier d2.

Si les noirs procèdent par 10...Fxd2, ils vont s’en tirer avec un temps de retard par rapport à la variante 7.a3 et, bientôt, ils se trouveront dans l’incapacité de parer les menaces positionnelles des blancs sur l’aile-dame. Les blancs se contentent de poursuivre avec les plans standards de la variante 7.a3, sans justement pousser a2-a3.

Donc, les noirs auraient mieux fait d’éviter l’échange, et de poursuivre avec un coup tranquille, tel que 10...O-O. Ensuite, les blancs peuvent mettre en pratique deux idées :

La première de ces deux idées est insuffisante pour obtenir un avantage si les noirs savent comment réagir. Ils doivent lutter pour le contrôle des cases noires b4 et c5, de manière à ce que leur fou de cases noires évite les problèmes. Par exemple, après 11.Cb3 b6 12.a3 Fc5, les noirs font jeu égal.

La seconde idée, plus dangereuse, peut également être combinée avec la première. Les blancs recyclent leur cavalier d2 en d5 (Cd2-b1-c3-d5), où il sera idéalement placé, et pourra aider à mettre en œuvre la poussée b2-b4.


6 – Ligne officielle 3...Cg4, ligne Alekhine 4.e4


 Position après 1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.e4 Cxe5 5.f4 Cg6 6.Cf3 Fb4+ :

budapest 3

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.e4

Alekhine a donné son nom à cette ligne probablement grâce à ses victoires dans les parties Alekhine - Rabinovic (Baden Baden, 1925) et Alekhine - Seitz (Hastings, 1926).

Les blancs n’essaient pas de conserver leur avantage matériel (le pion e5) et concentrent leurs efforts sur la construction d’un fort centre de pions, de manière à prendre l’avantage sur le plan spatial.

Les noirs doivent faire quelque chose pour leur cavalier g4, attaqué par la reine d1. En plus de la ligne officielle, deux variantes mineures ont été tentées :

La ligne officielle est 4...Cxe5 5.f4; les noirs doivent faire un choix important : où déplacer leur cavalier e5.


6.1 – Variante 5...Cec6

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.e4 Cxe5 5.f4 Cec6

Le cavalier est plus en sécurité en c6 qu’en g6, et peut de là prendre part à une stratégie générale de cases noires. Il peut se rendre en d4, tandis que l’autre cavalier peut se placer en c5 via a6 ou d7.

Les blancs ne disposent que de peu de mouvements, étant donné que 6.a3?! a5 joue en faveur des noirs, en créant une faiblesse en b3, et que 6.Cf3?! Fc5 ne va pas leur faciliter la tâche lorsqu’il va s’agir de roquer. Notons en particulier qu’après 6.Cf3 Fc5, si les blancs tentent de forcer l’échange des fous avec quelque chose du genre Fd3/De2/Fe3, les noirs peuvent essayer de brouiller les pistes avec la structure Fc5 / Fg4 / Cd4.

Par conséquement, les blancs répondent souvent 6.Fe3 Fb4+ 7.Cc3. Ensuite, la stratégie des noirs va souvent impliquer Dd8-e7 tôt ou tard, pour mettre la pression sur le pion e4. Par conséquent, la meilleure solution pour les noirs consiste à échanger le fou b4 contre le cavalier c3, ce qui leur permettra d’échapper par la suite à un éventuel Cc3-d5. Etant donné que toutes les pièces noires se trouvent sur l’aile-dame, attaquer le centre des blancs avec des poussées telles que f7-f5 provoquerait probablement un trop grand affaiblissement. Mieux vaut ici attaquer avec des pièces, par exemple en adoptant la formation b6 / d6 / Cc5 / Fb7 / O-O-O.


6.2 – Variante 5...Cg6

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.e4 Cxe5 5.f4 Cg6

Le cavalier posté en g6 met sous pression le pion f4, mais si les blancs poussent f4-f5, il va devoir trouver une autre case, et donc perdre un temps. Les blancs ont deux grandes possibilités :

Dans les deux cas, lors du milieu de jeu, les blancs essaient de pousser f4-f5 ou e4-e5 dans les meilleures conditions possibles, et les noirs tentent de les en empêcher, en mettant sous pression le pion e4 et/ou la case e5.


6.3 – Variante 5...Cbc6

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.e4 Cxe5 5.f4 Cbc6

Un sacrifice de pièce; la meilleure suite pour les deux camps est 6.fxe5 Dh4+ 7.Rd2. Nunn a démontré que les noirs ne pouvaient alors regagner que deux pions pour le cavalier, et encore, au prix d’un échange de dames, à cause du possible De2. Par exemple : 7...Df4+ 8.Rc3! Dxe5+ 9.Rd2 Df4+ 10.Re1 Dxe4+ 11.De2 et la reine noire est clouée. Il est probable que le meilleur plan pour les noirs consiste à s’en tenir à un pion, en jouant 8...Fb4+ 9.Rb3 Dxe5, avec les deux dames en jeu et un roi blanc plus exposé.


7 - Ligne officielle 3...Cg4, autres possibilités de quatrième coup


7.1 – Variante 4.e3

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.e3

...


7.2 – Variante 4.Dd4

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Dd4

Le coup 4.Dd4 est un coup naturel, qui protège le pion e5 et attaque le cavalier g4. Toutefois, "le problème pour les blancs dans le gambit de Budapest est que les coups naturels mènent souvent au désastre". Les noirs ont la possibilité de s’emparer de l’initiative, avec le dynamique 4...d6, laissant les blancs avec un pion d’avance. Après la suite naturelle 5.exd6 Fxd6, les blancs ne peuvent pas jouer 6.Dxg7?? parce que 6...Fe5 7.Dg5 Dxg5 8.Fxg5 Fxb2 gagne du matériel. Donc, en échange du pion sacrifié, les noirs sont en avance de développement (deux pièces sorties) et vont pouvoir encore gagner du temps, en attaquant la dame blanche exposée. Toutefois (voir la partie Amura-Radu, Santiago 1990), les blancs peuvent obtenir une suite de partie jouable après 6.Cf3 0-0 7.Fg5 De8 8.c5 Cc6 9.Dc3 Fe7 10.Fxe7 Dxe7 11.e3 (les blancs commirent ensuite des erreurs et perdirent). 5…Cc6!? (au lieu de 5…Fd6), permet d’éviter la ligne 7.Fg5. La partie continue 6.Dd1 Fxd6 7.e3 (7.Cf3?? Cxf2! 8.Rxf2 Fg3+ gagne) 0-0 avec compensation pour le pion sacrifié. Dans cette ligne, 6.De4+ Fe6 7.dxc7?? se heurte à 7...Dd4!


7.3 – Variante 4.Dd5


1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Dd5

Après 4...Cc6, les blancs ont une dernière chance de revenir en eaux calmes, avec 5.Ff4 Fb4+ 6.Cc3, qui se verra rapidement transposé dans la ligne Rubinstein (1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.Ff4 Cc6 5.Cf3 Fb4+ 6.Cc3 Fxc3+ 7.bxc3 De7 8.Dd5).

Alternativement, les blancs peuvent essayer 5.Cf3, avec des thèmes similaires à ceux de la variante 4.Dd4 : les noirs visent l’activation rapide de leurs pièces au prix d’un pion, en jouant 5...d6. Le coup intermédiaire 6.Fg5 ne mène les blancs nulle part, parce qu’après 6...Fe7 7.Fxe7 Cxe7 8.De4 dxe5, ils ne peuvent pas récupérer leur pion, à cause du "piège de Schlechter" 9.Cxe5? Dd1+! 10.Rxd1 Cxf2+, qui donne aux noirs un avantage très net. Les blancs doivent donc accepter le gambit : 6.exd6 Fe6 7.d7+ Fxd7, et l’avance de développement des noirs compense la perte de leur pion.

5.f4, un mouvement gourmand, n’est pas recommandé : il combine les désavantages d’une sortie prématurée de la reine avec l’affaiblissement de la diagonale a7-g1 par f4, avec des thèmes similaires à ceux de la variante 4.f4?! exposée ci-dessous.


7.4 – Variante 4.f4?!


1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Cg4 4.f4?!

Cette variante est considérée faible, car les blancs négligent leur développement et affaiblissent la diagonale a7-g1. Les noirs exploitent cette erreur immédiatement, par 4...Fc5, qui menace de fourchette en f2 et interdit aux blancs de roquer.

Ensuite, après 5.e3, les noirs se retrouvent dans une situation plaisante : ils ont le choix entre soit regagner immédiatement le pion par 5...Cxe3, soit gambiter un autre pion, avec 5...d6, pour ouvrir le centre face au roi blanc (la partie peut alors continuer : 6.exd6 O-O 7.Cc3 Fxe3 8.Fxe6 Cxe6 9.Dd2 Te8 10.Rf2, et les noirs ont une bonne attaque).

Donc, les blancs vont peut-être préférer 5.Ch3, qui offre aux pièces noires une bonne activité si ceux-ci gambittent (de suite ou plus tard) un autre pion (par d7-d6). Par exemple, après 5...O-O 6.Cc3 d6 7.exd6 cxd6, les pièces noires sont toutes placées sur de bonnes cases, tandis que le roque des blancs se voit sérieusement retardé.


7.5 – Variante 4.e6


Il s’agit là généralement d’une tentative blanche destinée à éviter les complications et à jouer pour le match nul. A vrai dire, après 4...dxe6 5.Dxd8+ Rxd8, la position est équilibrée : le fait que les noirs ne vont pas pouvoir roquer n’est que de peu d’importance puisque les reines ont été échangées. Si les noirs souhaitent éviter cette fin de partie prématurée, ils peuvent jouer 4...Fb4+ 5.Fd2 Df6!?, avec jeu dynamique sur f2 et b2.


8 - Variante Fajarowicz 3...Ce4

1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Ce4

budapest 4

On dit que la variante Fajarowicz trouve ses origines dans les cercles échiquéens de Leipzig (première partie importante : H.Steiner-Fajarowicz au tournoi de Wiesbaden en 1928).

Les noirs sont indifférents à la perte du pion e5, et préfèrent se concentrer sur un jeu actif de leurs pièces. A mesure que la partie avance, les blancs devront éviter plusieurs pièges tactiques, en particulier un éventuel Fb4+ à un mauvais moment, Df6 double-attaquant b2 et f2, ou encore une attaque concertée sur la case d3, avec la formation Cc5 / Ff5 / Cb4 (après que le pion e2 ait été déplacé en e3).

La variante 4.Dc2 offre soit un combat tactique (après 4...d5), soit une lutte positionnelle (après 4...Fb4+); dans le second cas, les noirs ont de bonnes chances de gain. Selon Borik, les coups les plus précis pour chacun des deux joueurs sont 4.Cf3 Fb4+ 5.Cd2 Cc6 6.a3 Cxd2 7.Cxd2 Ff8 et il est difficile pour les noirs de justifier leur sacrifice de pion.


8.1 – Variante Fajarowicz 3...Ce4, ligne 4.Dc2


1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Ce4 4.Dc2

Les blancs attaquent tout de suite le cavalier e4, mais prennent garde dans le même temps de ne pas placer leur dame sur une case où les noirs pourraient l’attaquer tout en se développant (comme cela serait le cas après 4.Dd3 ou 4.Dd4). A partir de là, une retraite du cavalier d4 serait pour les noirs synonyme de la perte de leur avance de développement : ils perdraient les dédommagements obtenus en échange du pion sacrifié. Ceux-ci doivent donc poursuivre leur expansion, tout en tentant de garder le cavalier en e4, mais cela ne va en aucun cas s’avérer facile. Selon Otto Borik, ce coup est celui “qui donne le plus de fil à retordre aux noirs”. Les noirs peuvent tenter l’hyperactif 4...d5, mais si les blancs jouent avec précision, ils ont la possibilité de prendre une importante avance de développement grâce à un contre-sacrifice. L’autre solution pour les noirs consiste à jouer 4...Fb4+, visant à imposer aux blancs un mauvais positionnement de leurs pièces, avant de décider que faire du cavalier e4.

La réponse 4...d5 protège le cavalier e4 et libère le fou c8. A ce moment de la partie, plusieurs coups blancs ne sont pas satisfaisants :

5.cxd5 permet aux noirs de développer leur dame par 5...Dd5, et alors les blancs vont se révéler incapables de conserver le pion e5 tout en parant les diverses menaces pesant sur la diagonale a5-e1 (entre autres : 6.Cc3 Cxc3 7.Dxc3 Cc6, avec double-menace Dxe5 / Fb4, ou encore 6.Cd2 Fb4 7.Cgf3 Cc6 8.a3 Fxd2+ 9.Fxd2 Cxd2 10.Dxd2 Dxd2+ 11.Rxd2 Fg4, suivi de O-O-O et The8).

5.Cf3? Ff5 (menaçant 6...Cg3) 6.Da4+ Cc6 7.Fe3 Fb4+ 8.Cbd2 d4! laisse les blancs avec de plus en plus de problèmes à résoudre, avec g7-g5 à venir.

Par conséquent, le meilleur coup pour les blancs est 5.exd6, car le cavalier en e4 reste attaqué. Comme on l’a vu précédemment, chasser le cavalier de son avant-poste par 5...Cxd6 est voué à l’échec, donc les noirs poursuivent leur expansion avec 5...Ff5, ce qui le permet dans le même temps de créer la menace 6...Cg3.

A cet instant de la partie, de nombreuses possibilités sont perdantes pour les blancs :

6.dxc7 est trop gourmand : il perd un temps important et ouvre la colonne d pour la tour a8. Les noirs continuent : Dxc7, Cc6 et O-O-O; il va alors leur être possible de tensionner la case d3 avec Cc5 et Cb4.

6.Da4+ et 6.Db3 perdent au moins deux temps, étant donné que la reine blanche va se trouver attaquée lorsque les noirs vont jouer Ce4-c5. Les noirs développent alors rapidement leur pièces grâce à Cc6, Fxd6 et une attaque sur les colonnes centrales.

Ainsi, les blancs ont de grandes difficultés à se déclouer mais, d’un autre côté, le cavalier e4 est lui aussi cloué, étant donné que le fou f5 n’est pas protégé. On en déduit que le meilleur coup pour les blancs est le paradoxal 6.Cc3! : ils laissent certes leur dame sous la menace du fou f5, mais développent leurs pièces et attaquent le cavalier e4 une fois supplémentaire. A ce moment de la partie, le cavalier en e4 ne dispose que de deux découvertes lui permettant de protéger le fou f5, mais 6...Cg3 échoue sur 7.Da4+ Fd7 8.dxc7 Dxc7 9.Cb5! qui offre quasiment la victoire aux blancs. Donc, seul 6...Cxd6 permet aux noirs de conserver l’initiative.

Maintenant, une retraite de la dame blanche donnerait un avantage de développement aux noirs, donc les blancs profitent du fait que leur sixième coup leur permet désormais d’exercer un contrôle suffisant de la case e4 pour jouer 7.e4 !, préparant la sortie du fou f1 et attaquant le fou f5. Malheureusement pour les noirs, toutes les défenses raisonnables, comme par exemple 7...De7 ou 7...Fg6, donnent le temps aux blancs de rattraper leur retard de développement, et de conserver leur pion d’avance. Par conséquent, les meilleurs chances des noirs résident dans le sacrifice de pièce 7...Cxe4, qui peut leur permettre de s’emparer d’un pion et de tenter d’égaliser en profitant des bonnes possibilités tactiques qu’offre cette position.

L’acceptation du sacrifice, par 8.Cxe4 offre aux noirs suffisament de jeu en échange de la pièce (par exemple : 8...Fb4+ 9.Re2 Cc6 10.Fe3 De7 11.f3 O-O-O). La meilleure solution pour les blancs va consister à ignorer le sacrifice et à poursuivre leur développement en jouant 8.Fd3! : après la suite possible 8...Cxf2 9.Fxf5 Cxh1 10.Cf3, ils ont obtenu, en échange de leur investissement matériel, une énorme avance de développement.

4...Fb4+ est moins entreprenant : il s’agit de clouer les pièces blanches avant de décider que faire du cavalier e4. Les blancs ne peuvent pas répondre 5.Fd2, vu qu’ils perdraient la paire de fous, et que les noirs regagneraient facilement le pion e5, avec Cc6/De7/O-O/Te8. 5.Cd2 installe le cavalier dans une mauvaise position et enferme le fou c1, par conséquent, du point de vue des noirs, les conditions sont favorables à l’ouverture du jeu par 5...d5 ; ensuite, les blancs peuvent poursuivre dans plusieurs directions :

L’autre solution pour les blancs consiste à jouer 5.Cc3, qui a l’avantage de libérer le fou c1. La partie peut se poursuivre ainsi : 5...d5 exd5 Ff5 7.Fd2 Dxd6 8.e4 Fxc3 9.Fxc3 Fxe4, et les noirs ont certes regagné leur pion, mais les blancs ont la paire de fous ainsi que de bonnes possibilités d’attaque sur l’aile-roi.


8.2 – Variante Fajarowicz 3...Ce4, ligne 4.Cf3


1.d4 Cf6 2.c4 e5 3.dxe5 Ce4 4.Cf3

Ceci a pour effet d’entraver la manœuvre Dd8-h4-h5 qui égalise dans la variante 4.a3. Ensuite, après 4...Cc6, les blancs doivent éviter 5.Cd2 Cc5, qui ne fait qu’enfermer le fou c1, permettant ainsi aux noirs de regagner leur pion e5 ou de parvenir à activer leurs pièces dans de bonnes conditions. Mieux vaut pour eux jouer un autre coup de préparation : 5.a3!, retardant voire empêchant Ff8-b4+ ou Cc6-b4, si utiles aux noirs dans la variante 4.Dd2. A partir de là, éviter la menace Dd1-c2 va s’avérer très difficile pour les noirs; par exemple, après 5...d6 6.Dc2 Ff5 7.Cc3 Cxf2 8.Dxf5 Cxh1, ils ne pourront pas sauver leur cavalier h1, et l’avantage sera donc blanc.

Conséquemment, les noirs vont s’efforcer d’inclure dans leur plan 4...Fb4+, qui va obliger les blancs à choisir parmi plusieurs coups moyens. La ligne 5.Fd2 Cxd2 6.Cxd2 Cc6 7.a3 Fxd2+ 8.Dxd2 De7 9.Dc3 semble au premier abord permettre aux blancs de parer à toute éventualité, mais les noirs vont pouvoir, en fin de compte, regagner leur pion grâce au plan b6 / Fb7 / O-O-O / Tde8 / g5 / g4, avec l’initiave sur l’aile-roi. Par conséquent, il est plus judicieux pour les blancs de conserver leur fou, en jouant 5.Cbd2 Cc6 6.a3 Cxd2 7.Cxd2 ; ici, Borik recommande 7...Ff8, et ajoute que les noirs ne vont pas avoir la partie facile, car ils ne sont pas certains de pouvoir regagner leur pion.


8.3 – Variante Fajarowicz 3...Ce4, autres quatrièmes coups

Les autres quatrièmes coups blancs possibles ne sont pas très prometteurs. Il vaut mieux s’en tenir aux mouvements principaux, cités ci-dessus.

Les mouvements 4.Dd3 et 4.Dd4 semblent gagner un temps en attaquant le cavalier e4, mais après 4...Cc5 suivi de 5...Cc6, les noirs ont regagné ce temps, et la reine blanche demeure mal placée. Les noirs peuvent alors développer leur fou b8, après d7-d6, puis mettre en place une attaque sur les cases blanches c2 et d3, avec des mouvements tels que Ff5 et Cb4. Il est important pour les noirs de jouer d7-d6 suffisament tôt, de manière à pouvoir répondre à un éventuel Fc1-g5 par Dd8-d7. Ainsi, ils évitent un échange de pièces, et leur dame peut toujours jouer sur les cases blanches via f5. Si les blancs mènent leur dame en g3, les noirs peuvent protéger leur pion g7 avec Cc5-e6, et la reine blanche va rapidement s’avérer mal placée.

Le coup 4.Dd5 paraît meilleur, étant donné que la dame est hors de portée des cavaliers noirs. La réponse 4...Cc5 n’est plus très bonne, puisque les blancs pourraient jouer Fc1-g5 avant que les noirs ne jouent d7-d6, par exemple 4...Cc5? 5.Cf3 Cc6 6.Fg5! et les noirs ne peuvent éviter l’échange des fous de cases noires, qui leur est défavorable. Au lieu de cela, les noirs doivent jouer 4...Fb4+, et les blancs ont alors un choix difficile à faire : soit ils abandonnent la paire de fous, avec 5.Fd2, soit ils affaiblissent leur structure de pions, avec 5.Cc3, soit ils enferment leur fou, avec 5.Cd2. S’ils choisissent cette dernière possibilité, il existe une importante finesse tactique : après le possible 5...Cc5 6.a3 Fxd2+ 7.Fxd2 b6!, les blancs ne peuvent s’emparer de la tour noire à cause de 8.Dxa8? Fb7 9.Dxa7 Cc6 qui gagne la dame blanche. Ainsi les noirs peuvent se développer tranquillement sur l’aile-dame, harceler la reine blanche et, plus tard, regagner le pion e5.

Le coup 4.Cd2 fait obstruction au fou c1, tout en ne permettant pas au cavalier d’occuper sa case idéale. Par exemple, après 4...Cc5 5.b4 Ce6 6.a3 a5!, les attaques sur le pion b4 forcent les blancs à laisser tomber la case c5 avec 7.b5. Les noirs ont alors de bonnes perspectives, car ils peuvent disposer un cavalier en avant-poste en c5 et ensuite concentrer leurs efforts à regagner le pion e5.

Le mouvement 4.a3 permet aux blancs d’éviter d’éventuels échecs ennuyeux à partir de b4 et de préparer Dd1-c2, mais les noirs vont pouvoir égaliser par la manœuvre Dh4/Dh5, dont l’idée consiste à empêcher le fou c1 de se rendre en f4 d’où il pourrait défendre le pion. Par exemple, après 5.Fe3 Fc5 6.Fxc5 Cxc5 7.Dc2 Cc6 8.Cf3 Dh5, les blancs se trouvent dans l’incapacité de protéger leur pion e5. Autre possibilité : 5.g3 Dh5 6.Cf3 Cc6 : les blancs ne peuvent jouer 7.Ff4, à cause de 7...Fc5 8.e3 g5; ici aussi, donc, les noirs regagnent leur pion avec une position égale.


9 – Refuser le gambit

Le gambit de Budapest est rarement refusé en compétition, car le décliner ne promet aux blancs rien de mieux qu’une partie nulle.