Ruy Lopez

http://en.wikipedia.org/wiki/Ruy_Lopez

La Ruy Lopez, appelée ouverture espagnole ou partie espagnole en dehors des pays de langue anglaise, est caractérisée par les coups 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5.


ruy lopez 1


La Ruy Lopez est une des ouvertures les plus populaires. Le nombre de ses variantes est si important que l'encyclopédie ECO leur consacre tous les codes de C60 à C99.



Troisièmes coups noirs :


La défense Morphy : 3...a6

ruy lopez 2


La défense Cozio : 3...Cge7

ruy lopez 3


La défense Smyslov : 3.g6

ruy lopez 4


La défense Bird : 3...Cd4

ruy lopez 5


La défense Steinitz : 3...d6

ruy lopez 6


La défense Schliemann : 3...f5

ruy lopez 7


La défense Classique : 3...Fc5

ruy lopez 8


La défense de Berlin : 3...Cf6

ruy lopez 9




SOMMAIRE


1 Histoire

2 Les bases

3 Principales variantes

3.1 Défenses noires autres que 3...a6

3.1.1 Défense classique

3.1.2 Défense Cozio

3.1.3 Défense Berlinoise

3.1.4 Défense Bird

3.1.5 Défense Steinitz

3.1.6 Défense Schliemann

3.1.7 Défense Smyslov

3.2 Défense Morphy 3. ...a6: alternatives à la défense fermée

3.2.1 Variante d'échange

3.2.2 Défense Norvégienne

3.2.3 Variantes combinant 3. ... a6 et ... Fc5

3.2.4 Défense Steinitz différée

3.2.5 Défense Schliemann différée

3.2.6 Défense Arkhangelsk

3.2.7 Défense Russe

3.2.8 Défense ouverte

3.3 Défense fermée 3. ...a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fe7: alternatives à la ligne principale

3.3.1 Variante d'échange différée retardée

3.3.2 Attaque centrale

3.3.3 Attaque Worrall

3.3.4 Variante Averbakh

3.3.5 Variante Trajković

3.3.6 Attaque Marshall

3.4 Défense fermée, ligne principale: 3...a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fe7 6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 0-0

3.4.1 Variante Pilnik

3.4.2 Variante Bogoljubow

3.4.3 Variante Chigorin

3.4.4 Variante Breyer

3.4.5 Variante Zaitsev

3.4.6 Variante Karpov

3.4.7 Variante Kholmov

3.4.8 Variante Smyslov



Histoire

Cette ouverture doit son nom à Ruy López de Segura, prêtre espagnol du XVIème siècle. Il en proposa une étude systématique, ainsi que d'autres ouvertures, dans son livre de 150 pages sur les échecs, Libro del Ajedrez, écrit en 1561. Toutefois, bien qu'il ait donné son nom à cette ouverture, celle-ci était déjà connue avant lui; le Manuscrit de Göttingen (1490) y fait référence. C'est seulement vers le milieu du XVIIIème siècle que la Ruy Lopez devint populaire, lorsque Carl Jaenisch, un théoricien Russe, "redécouvrit" son potentiel. Elle est toujours très utilisée aujourd'hui, puisqu'il s'agit du début ouvert le plus fréquemment employé par les maîtres du jeu; elle a été adoptée par presque tous les joueurs à un moment de leur carrière, et nombre d'entre eux la jouent indifféremment avec les blancs et avec les noirs.


Les bases

On peut voir au premier coup d'œil que le troisième coup des blancs attaque le cavalier qui défend le pion e5 de l'attaque du cavalier f3. Remarquons que l'apparente menace des blancs sur le pion e des noirs (par 4.Fxc6 dxc6 5.Cxe5) n'est qu'illusoire - les noirs peuvent répondre par 5. ... Dd4, prenant le cavalier et le pion e4 en fourchette, ou par 5. ... Dg5, prenant en fourchette le cavalier et le pion g2, regagnant dans les deux cas le matériel et améliorant leur position. 3.Fb5 n'en demeure pas moins un bon coup : il développe une pièce, prépare le petit roque, et laisse planer la menace d'un éventuel clouage sur le roi noir. Toutefois, puisque ce troisième coup blanc n'est pas porteur d'une menace immédiate, les noirs peuvent répondre de très nombreuses façons.


Les principales variantes

La Ruy Lopez est l'ouverture pion-roi dont la théorie a été la plus largement développée. A presque chaque coup, il existe de nombreuses alternatives raisonnables qui, pour la plupart, ont été étudiées en profondeur.

Pour des raisons pratiques, nous diviserons toutes ces possibilités en deux groupes :

Les variantes dans lesquelles les noirs n'adoptent pas 3. ... a6 sont plus anciennes et généralement plus simples, mais ce sont les lignes de la Défense Morphy qui sont jouées le plus fréquemment.


Réponses noires autres que 3. ... a6

Parmi les variantes présentées dans cette section, les plus populaires aujourd'hui sont la défense Berlinoise et la défense Schliemann, suivies par la défense Classique. La défense Steinitz était bien considérée fin XIXème-début XXème.


La défense Classique 3. ... Fc5

La défense Classique, ou défense Cordel (code ECO : C64), 3. ... Fc5, est peut-être la plus vieille défense employée contre la Ruy Lopez, et est encore parfois jouée aujourd'hui. La réponse le plus fréquente des blancs est 4.c3; les noirs choisissent parfois 4. ... f5, le gambit Cordel. Cette variante engendre des positions plutôt désordonnées, qui débouchent assez rarement sur des matchs nuls (par rapport à d'autres quatrièmes coups raisonnables pour les noirs). 4.c3 Cf6 est plus solide;

ensuite, 5.O-O O-O 6.d4 Fb6 mène à la la variante Benelux. La principale alternative blanche à 4.c3 est 4.O-O.

La défense classique est jouée par Boris Gulko. Wilhelm Steinitz enregistra un score de +5 =2 -4 avec cette variante, et le GM australien Ian Rogers un score de +7 =4 −1 en compétition internationale.


La défense Cozio

La défense Cozio, 3. ... Cge7, n'est plus du tout à la mode, et est peut-être la moins populaire de toutes les défenses de cette section. Bien que Bent Larsen l'ait utilisée avec succès, elle n'en demeure pas moins une des variantes de la Ruy Lopez les moins explorées.


La défense Berlinoise, 3. ... Cf6

La défense Berlinoise, 3. ... Cf6 est réputée pour sa solidité, et pour son taux de parties nulles. Les blancs enregistrent 56.3% de victoires avec la Berlinoise, c'est-à-dire autant qu'avec la Ruy Lopez en général; mais 37% des parties Berlinoises s'achèvent par un match nul, contre 30% toutes variantes confondues. Fin 19ème-début 20ème, la défense Berlinoise était jouée par de nombreux joueurs, dont Emanuel Lasker, dans le style de la variante Steinitz : on répondait à 4.0-0 par 4. ... d6. Du fait de sa passivité, cette approche finit par perdre les faveurs des joueurs, et la variante Berlinoise se fit rare. Arthur Bisguier joua la Berlinoise pendant des dizaines d'années, choisissant à chaque fois la variante 4.0-0 Cxe4. Puis, en 2000, Vladimir Kramnik obtint, avec la même ligne, le match nul contre Garry Kasparov dans leur match de Championnat du Monde, ce qui eut pour effet de remettre la Berlinoise au goût du jour; même des joueurs au style dynamique tels qu' Alexei Shirov et Veselin Topalov l'ont essayée.

Puisque le troisième coup noir ne menace pas le pion e (si les noirs le capturent, les blancs le regagnent en e5), les blancs répondent le plus souvent en effectuant le petit roque. Après 4.0-0, les noirs peuvent soit jouer le solide 4. ... Cxe4, soit le plus combattif 4. ... Fc5 (la variante Classique-Beverwijk de la Berlinoise – 5.Cxe5 Cxe5 6.d4 !). Après 4. ... Cxe4 5.d4 (5.Te1 Cd6 6.Cxe5 est raisonnable également) Cd6 6.Fxc6 dxc6 7.dxe5 Cf5 8.Dxd8+ Rxd8, on considère que les blancs ont un petit avantage, de par leur structure de pions légèrement meilleure, et de par la position exposée du roi noir. Cependant, les noirs ont la paire de fous et leur position est dépourvue de faiblesses : il sera donc difficile pour les blancs de générer une pression susceptible de leur permettre de mettre à profit cet avantage. D'ailleurs, les quatre parties de Berlinoise du match Kasparov-Kramnik se sont soldées par un match nul.

La Berlinoise s'est vue assigner les codes ECO C65 à C67. C65 couvre les alternatives à 4.0-0, y compris 4.0-0 Fc5. C66 s'intéresse à 4.0-0 d6, tandis que C67 traite de 4.0-0 Cxe4.


La défense de Bird

La défense de Bird (ECO C61), 3. ... Cd4, est une variante peu usuelle, parfois jouée dans le but de surprendre les blancs, et dans l'espoir d'une erreur de leur part dans des positions qui leur sont étrangères. Cependant, s'ils jouent attentivement, les blancs sont supposés être à même d'obtenir un petit avantage.

Cette défense fit son apparition en 1843 dans Handbuch des Schachspiels de Paul Rudolf von Bilguer, et fut explorée par Henry Bird dans les années 1850. Henry Bird lui-même la joua avec les noirs pas moins de seize fois : 6 victoires, 2 nuls et 8 défaites. Plus tard, la défense de Bird fut utilisée quelques fois en tournoi par Siegbert Tarrasch, Boris Spassky et Alexander Khalifman. Bien qu'elle soit encore jouée occasionnellement aujourd'hui (pour l'effet de surprise), aucun fort maître depuis Bird ne l'a adoptée régulièrement.


La défense Steinitz

La défense Steinitz (également appelée la Vieille défense Steinitz) (ECO C62), est solide mais passive : en effet, après 3. ... d6, les noirs manquent d'espace. Bien qu'elle fut la défense favorite du premier champion du monde, Wilhelm Steinitz, et qu'elle fut adoptée plus tard par les champions du monde et experts en défense Emanuel Lasker, José Capablanca, et Vasily Smyslov, elle est rarement jouée aujourd'hui. Les blancs ont la possibilité de forcer les noirs à abandonner le centre (voir piège de Tarrasch), concession qui, si elle n'est pas irrémédiable, n'en reste pas moins lourde de conséquences. La variante différée de cette défense (3. ... a6 4.Fa4 d6) offre aux noirs de meilleurs perspectives, et est plus populaire.

Wilhelm Steinitz joua cette variante pas moins de 21 fois (+6 =3 -12). Frank Marshall et Emanuel Lasker enregistrèrent tous deux un score de +4 =2 -2 avec les noirs. Alexander Onischuk a fait bien mieux, avec +7 =2 -1 en compétition internationale.


La défense Schliemann 3. ... f5!?

La défense Schliemann (ECO C63), 3. ... f5!?, est une ligne très pointue, dans laquelle les noirs tentent d'ouvrir la colonne f pour mener leur attaque, sacrifiant fréquemment un pion ou deux. Considérée comme quelque peu douteuse par de nombreux joueurs, elle n'a cependant pas été réfutée, et est occasionnellement utilisée à haut niveau, pour l'effet de surprise qu'elle crée. Elle fit son apparition en 1847, par l'intermédiaire de Carl Jaenisch : on l'appela alors la défense Jaenisch. Puis, dans les années 1860, la variante avec gambit de la défense Classique 3. ... Fc5 4.c3 f5 fut nommée d'après l'avocat allemand Adolf Karl Wilhelm Schliemann (1817-1872), qui donna par la suite son nom à la variante 3. ... f5.

Rudolf Spielmann joua cette variante avec les noirs (+6 =5 -1), tout comme Frank Marshall (+9 =8 -4). Alexander Shabalov enregistre un score positif en compétition internationale.


La défense Smyslov

La défense Smyslov, 3. ... g6, est un système positionnel assez calme, qui était joué de temps en temps par Vassily Smyslov et Boris Spassky. Elle devint populaire dans les années 1980 lorsqu'on s'aperçut que 4.c3 a6! offrait aux noirs de bonnes perspectives. Plus tard, on découvrit qu'après 4.d4 exd4 5.Fg5, c'était les blancs qui avaient l'avantage, et aujourd'hui, cette variante est rarement jouée. Une ligne intéressante avec gambit : 4.d4 exd4 5.c3, a également été recommandée par Alexander Khalifman, bien que certaines des positions sur lesquelles elle débouche n'aient pas encore été suffisament testées.


La défense Morphy 3. ... a6

3. ... a6, la défense Morphy, est de loin le troisième coup noir le plus souvent joué. Il remet en question la belle position du fou blanc. Ceux-ci n'ont que deux bonnes options, 4.Fxc6 et 4.Fa4. Ce qu'il est essentiel de savoir sur 3. ... a6 est qu'après l'habituelle retraite 4.Fa4, les noirs vont avoir la possibilité de déclouer leur cavalier-dame en jouant ... b5. Ensuite, les blancs vont devoir éviter le piège de l'arche de Noé, dans lequel les noirs font prisonnier le fou-roi blanc en b3 avec leurs pions, par ... a6, ... b5 et ... c4.

La défense Morphy doit son nom à Paul Morphy, qui la popularisa. Steinitz n'appréciait pas ce coup. En 1889, il écrivit : "en théorie, le fait que ce coup conduise le fou où il veut aller constitue un désavantage", mais ce n'est pas l'opinion la plus répandue, et, de nos jours, 3. ... a6 est choisi dans plus de 75% de toutes les parties débutant par une Ruy Lopez.

Après 3. ...a6, la ligne la plus jouée est la défense fermée : 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fe7, dont il sera question dans les deux sections qui suivent celle-ci, dans lesquelles nous traiterons des alternatives suivantes :


La variante d'échange

Dans la variante d'échange, 4.Fxc6, les blancs endommagent la structure de pions des noirs, ce qui leur fournit un plan tout-fait à long terme : échanger les pièces et gagner la finale de pions. Les noirs obtiennent cependant des dédommagements honnêtes : ils conservent la paire de fous, et cette variante est loin d'être considérée comme la plus ambitieuse pour les blancs, bien que les anciens champions du monde Emanuel Lasker et Bobby Fischer aient obtenu de nombreux succès en l'utilisant.

Après 4.Fxc6, les noirs répondent presque toujours 4. ... dxc6, même si 4. ... bxc6 est jouable également. Après 4. ... dxc6, l'évident 5.Cxe5? est un coup faible, car : 5. ... Dd4! 6.Cf3 Dxe4+ 7.De2 Dxe2+ laisse les blancs sans aucune compensation pour la paire de fous noire.

Après 4.Fxc6 dxc6, il existe deux lignes officielles. Fin 19ème-début 20ème, Lasker obtint de grands succès avec 5.d4 exd4 6.Dxd4 Dxd4 7.Cxd4. Depuis lors, de meilleures lignes ont été développées pour les noirs, et cette ligne-ci est désormais considérée comme favorisant légèrement les noirs. Jon Jacobs écrit, dans Chess Life de juillet 2005 (p21): "Une recherche dans les bases de données (limitée aux parties de plus de 20 coups, entre joueurs FIDE 2300 ou plus) révèle que la position après 7.Cxd4 a été atteinte 20 fois entre 1985 et 2002, et que les résultats blancs sont littéralement catastrophiques : +0 −7 =13."

Le flexible 5.0-0 est parfois appelé variante Barengdt, mais c'est Fischer qui en fit une arme sérieuse pour les blancs. Contrairement à 5.d4, ce coup force les noirs à défendre leur pion e, tâche dont ils s'acquittent habituellement par 5. ... f6, 5. ... Fg4, 5. ... Dd6 (la ligne la plus pointue, préparant le grand roque), 5. ... De7, 5. ... Df6 ou 5. ... Fd6. Les coups 5. ... Fe6 ou 5. ... Fe7 sont rarement utilisés mais n'en demeurent pas moins jouables, avec l'idée que si les blancs jouent 6.Cxe5, les noirs répondent par 6. ... Dd4, prenant en fourchette le cavalier et le pion e4. Le coup ... Dd4 s'avère habituellement impossible dans ces variantes après que les blancs aient roqué, parce que, lorsque la dame va capturer le pion e4, la tour va, la plupart du temps, venir se positionner en e1, clouant la dame et la gagnant. Cependant, avec 5. ... Fe6, Te1 ne pourra pas gagner la dame, parce que le fou e6 intercepte le clouage.

Les blancs peuvent également retarder l'échange d'un ou deux coups : 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fe7, et seulement alors 6.Fxc6 (l'échange retardé différé), par exemple; à première vue, cela ressemble à une simple perte de temps, mais, puisque les noirs ont joué ... Cf6, la possibilité qu'ils puissent défendre le pion par ... f6 est écartée, et le fait que le fou se trouve déjà en e7 implique que le coup ... Fd6 aura perdu un temps.


La défense Norvégienne

La défense Norvégienne (également appelée variante Wing) constitue pour les noirs une alternative agressive mais gourmande en temps. La partie se poursuit par : 3. ... a6 4.Fa4 b5 5.Fb3 Ca5. Le but de cette ouverture est d'éliminer le fou blanc. Le sacrifice 6.Fxf7+?! semble quelque peu hasardeux, exposant certes le roi des noirs, mais avec de bonnes chances pour eux de consolider leur pièce d'avance s'ils jouent avec précision. On connaît cette défense depuis les années 1880, et elle a été réintroduite en 1901 par Carl Schlechter.


Variantes combinant 3. ... a6 et ... Fc5

La défense Graz, la défense Classique différée et la défense Møller combinent 3. ... a6 avec le coup actif ... Fc5. On a cru pendant cent ans qu'il était plus judicieux pour les noirs de placer le fou en e7, mais il est bien plus actif en c5. Les blancs peuvent gagner du temps après avoir joué d4, puisque le fou noir va devoir se déplacer, mais on sait aujourd'hui que cela n'est pas aussi important que ce qu'on croyait.

La défense Møller, 3. ... a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fc5 était déjà une vieille ligne en 1903 quand Dane Jørgen Møller (1873–1944) l'analysa dans Tidsskrift för Schack. La défense Graz, 3. ... a6 4.Fa4 b5 5.Fb3 Fc5, fut analysée par Alois Fink (né en 1910) dans Österreichische Schachzeitung en 1956 et dans Wiener Schach Nachrichten en 1979, mais elle n'est devenue populaire que dans les années 1990, bien qu'étant d'une logique implacable.


La défense Steinitz différée

Dans la défense Steinitz différée (appelée également défense Steinitz moderne, ou défense Neo-Steinitz) (ECO C72–C76), les noirs jouent 3. ... a6 (4.Fa4) avant de jouer 4. ... d6. La possibilité de se déclouer en plaçant ... b5 au bon moment donne aux noirs plus de liberté que dans la défense Steinitz de base. En particulier, dans la défense Steinitz, les blancs peuvent quasiment forcer les noirs à abandonner le centre, par ... exd4, mais dans la Steinitz différée, les noirs peuvent, s'ils le souhaitent, garder leur emprise sur le centre. La plupart des coups blancs intéressants sont alors jouables : 5.c3, 5.c4, 5.Fxc6, 5.d4, et 5.0-0. La variante Siesta, très subtile, apparaît après 5.c3 f5, tandis que de la suite plus calme 5.c3 Fd7 6.d4 découle un milieu de partie tactique. La partie est très serrée aussi après 5.Fxc6 bxc6 6.d4 ou 5.0-0 Fg4 6.h3 h5. Les lignes plus anciennes, commençant avec 5.c4 et 5.d4 ne semblent pas donner aux noirs d'aussi bons résultats.

Keres enregistre un score de +24 =25 −2 avec les noirs sur cette ouverture.

Six sections ECO sont réservées à la Steinitz moderne : C71 regroupe les réponses blanches 5.d4, 5.Cc3 et 5.c4, tandis que C72 traite de 5.0-0. L'échange retardé 5.Fxc6 bxc6 6.d4 est exposé dans C73. Les sections C74, C75 et C76 commencent toutes trois par 5.c3. C74 s'intéresse à 5. ... Cf6 mais traite principalement de 5. ... f5 6.exf5 Fxf5, avec 7.d4 ou 7.0-0. C75 parle essentiellement de 5. ... Fd7 6.d4 Cge7, la variante Rubinstein. C76, enfin, passe en revue les possibilités avec fianchetto aile-roi : 5. ... Fd7 6.d4 g6.

La défense Schliemann différée

La défense Schliemann différée, 3. ... a6 4.Fa4 f5, n'est pas aussi populaire que la ligne de la défense Schliemann. Elle est même considérée inférieure à celle-ci, puisque les blancs peuvent la contrer efficacement, par 5.d4! exd4 6.e5.


La défense Arkhangelsk

La défense Arkhangelsk (ou défense Archange) (ECO : C78) a été inventée par des théoriciens soviétiques dans la ville d'Arkhangelsk. La variante débute ainsi : 3. ... a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 b5 6.Fb3 Fb7. Ces coups mènent souvent à des positions serrées, dans lesquelles les noirs espèrent que l'influence du fou b7 sur le centre et sur l'aile-roi blanche vont permettre de compenser leur roque tardif. Les blancs ont plusieurs possibilités, parmi lesquelles : essayer de bâtir une structure de pions idéale au centre, par c3 et d4 ; défendre le pion e avec Te1, ou simplement se développer. La défense Arkhangelsk trouve sa justification tactique dans la possibilité pour les noirs de répondre à 7.Cg5 par 7. ... d5 8.exd5 Cd4! (et non 8. ... Cxd5, car alors les blancs prennent l'avantage par 9.Dh5 g6 10.Df3).


La défense Russe

La défense Russe (ECO : C79) aurait pu s'appeler défense Steinitz différée retardée. En faisant usage des coups dans cet ordre : 3. ... a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 d6, les noirs patientent jusqu'à ce que les blancs roquent avant de jouer ... d6. Cela peut leur permettre d'éviter certaines lignes de la défense Steinitz différée dans lequelles les blancs "grand-roquent", alors même que la position du cavalier en f6 interdit également aux noirs de lutter pour le centre par f7-f6. Ces nuances n'ont que peu d'importance aujourd'hui, puisque, depuis bien longtemps, ni la défense Steinitz différée ni la défense Russe ne sont très jouées.

Chigorin jouait la défense Russe dans les années 1890, et, plus tard, elle fut adoptée par Rubinstein. Avec les noirs, Alekhine obtint le score mémorable de +7 =4 −1. Quelques maîtres russes la jouaient encore dans les années 1950.


La défense ouverte

Dans la défense ouverte, 3. ... a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Cxe4, les noirs essaient de mettre à profit le temps que vont mettre les blancs à regagner le pion en s'implantant au centre. La partie se poursuit habituellement par 6.d4 b5. 6. ... exd4, la variante Riga, est considérée inférieure; voici la ligne principale : 7.Te1 d5 8.Cxd4 Fd6! 9.Cxc6 Fxh2+! 10.Rh1! (10.Rxh2 Dh4+ 11.Rg1 Dxf2+ annule par échec perpétuel.) Dh4 11.Txe4+! dxe4 12.Dd8+! Dxd8 13.Cxd8+ Rxd8 14.Rxh2 Fe6 (14...f5?? 15.Fg5#!); la fin de partie est alors supposée favorable aux blancs, après 15.Fe3 or Cd2 (mais pas 15.Cc3 c5!, qui prend le fou au piège). Après 6. ... b5, on voit fréquemment 7.Fb3 d5 8.dxe5 Fe6, et l'équilibre matériel est rétabli.

Les blancs ont de nombreuses possibilités au neuvième coup, parmi lesquels 9.c3, 9.De2, et 9.Cbd2. La ligne classique commence par 9.c3; alors, les noirs peuvent choisir entre 9. ... Cc5, 9. ... Fe7, et l'agressif 9. ... Fc5. Avec 9.Fe7, Euwe gagna 13 fois, fit match nul 17 fois et perdit seulement 5 fois. Après 9.c3 Fc5 10.Cbd2 0-0 11.Fc2, les noirs doivent parer l'attaque sur le cavalier e4. La vieille suite est 11. ... f5; après 12.Cb3 Fa7 13.Cfd4 Cxd4 14.Cxd4 Fxd4, les blancs ont la possibilité de prendre un léger avantage avec le 15.Dxd4 de Bogolioubov. Sinon, la Grande variante, très subtile, continue avec les coups 15.cxd4 f4 16.f3 Cg3 17.hxg3 fxg3 18.Dd3 Ff5 19.Dxf5 Txf5 20.Fxf5 Dh4 21.Fh3 Dxd4+ 22.Rh1 Dxe5. La partie la plus célèbre mettant en scène cette variante est sûrement le match Smyslov–Reshevsky (1945 URSS–USA, match-radio). Une analyse de cette ligne venait d'être publiée dans un magazine d'Echecs russe, et Smyslov parvint à la suivre et à obtenir rapidement une position gagnante. Reshevsky n'avait pas vu l'analyse et il lutta en vain pour résoudre la position sur l'échiquier, et contre l'horloge. La variante (ou attaque) Dilworth, 11. ... Cxf2 12.Txf2 f6 13.exf6 Fxf2+ 14.Rxf2 Dxf6 a jusqu'à maintenant permis aux noirs d'obtenir de bons résultats. Elle mène à des fins de partie déséquilibrées difficiles à jouer aussi bien pour les blancs que pour les noirs. Yusupov est un des rares grands maîtres à adopter fréquemment la Dilworth.

Dans l'attaque Howell (ECO : C81), 9.De2, les blancs jouent pour le contrôle de la colonne d, après Td1. Habituellement, la partie se poursuit : 9. ... Fe7 10.Td1, puis 10. ... Cc5 ou 10. ... 0-0. Keres jouait parfois cette ligne.

Le coup de Karpov, 9.Cbd2, limite les possibilités des noirs. Dans le match de championnat du monde 1978 Karpov–Korchnoi, à la suite de 9.Cbd2 Cc5 10.c3 d4 (10. ... Fe7 est un coup ancien, qui est resté populaire) Karpov introduit le surprenant 11.Cg5!?, un coup suggéré par son entraîneur Igor Zaitsev. Si les noirs prennent le cavalier par 11. ... Dxg5, les blancs regagnent leur matériel par 12.Df3. Cette variante a joué plus tard un rôle décisif dans le match de championnat du monde Kasparov–Anand, en 1995, lors duquel Anand ne parvint pas à s'imposer avec les noirs.


La défense fermée 3. ... a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fe7 : alternatives à la ligne officielle

Dans la ligne officielle, le fou blanc se retire, logiquement, en a4, puis la partie se poursuit par 4...Cf6 5.0-0 Fe7. Les noirs menacent alors de gagner un pion, par 6...b5, suivi de 7...Cxe4 : les blancs doivent réagir. La plupart du temps, les blancs défendent le pion e par 6.Te1 : cette fois, c'est au tour des noirs de réagir, sous peine de perdre un pion après 7.Fxc6 and 8.Cxe5. Bien souvent, les noirs parent cette menace en éloignant le fou blanc, avec 6...b5 7.Fb3, bien qu'il soit également possible de défendre le pion par 6...d6.

Après 4...Cf6 5.0-0 Fe7, la suite qu'on voit le plus fréquemment est 6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 0-0. Nous étudierons cette possibilité dans la section suivante, après avoir passé en revue dans celle-ci les alternatives à la ligne officielle.


Variante d'échange retardé différée

La variante d'échange retardé différée (ou variante d'échange doublement différée) (ECO : C85), 6.Fxc6, perd un temps par rapport à la variante d'échange. Cette perte de temps est compensée par la position du cavalier et du fou noir, respectivement en f6 et e7 : c'est à dire que les pièces noires n'occupent pas leur position idéale. En f6, le cavalier empêche les noirs de supporter le pion e par f7-f6, et le fou, en e7, est quelque peu passif.


Attaque du centre

L'attaque du centre (ou variante du centre) (ECO : C69), 6.d4, mène à un milieu de partie serré. Les noirs peuvent espérer maintenir l'équilibre, mais une erreur est si vite arrivée...


Attaque Worrall

Dans l'attaque Worral (ECO : C86), les blancs remplacent 6.Te1 par 6.De2. L'idée est de défendre le pion e avec la dame, en permettant ainsi à la tour de supporter l'avance du pion d en se postant en d1, même si le déroulement de la partie ne le permet pas toujours. La suite usuelle de la partie est : 6...b5 7.Fb3, puis 7...d6 ou 7...0-0.

Paul Keres joua cette ligne plusieurs fois. Plus récemment, Sergei Tiviakov l'a utilisée, tout comme Nigel Short, qui l'employa deux fois en 1992 lors de son match contre Anatoly Karpov, remportant par deux fois la victoire.


Variante Averbakh

Dans la variante Averbakh (C87), qui tient son nom de Yuri Averbakh, les noirs défendent le pion e, menacé, par 6...d6, au lieu d'éloigner le fou blanc par la manœuvre plus commune 6...b5. Cette défense partage quelques points communs avec la Steinitz moderne et la défense Russe, puisque les noirs se passent de l'avance ...b5 : un coup qui leur permet d'habitude de gagner de l'espace sur le flanc, mais qui affaiblit en contrepartie quelque peu leur aile dame. Les blancs peuvent répondre soit 7.Fxc6 bxc6 8.d4, soit 7.c3 Fg4 (côté noir, il est trop tard pour transposer sur les lignes plus classiques de la défense fermée, puisque 7...b5 permettrait maintenant 8.Fc2, avec gain de temps pour les blancs par rapport à la séquence de deux coups Fb3 et Fc2 des autres variantes). Le clouage interdit temporairement aux blancs le coup d2-d4. Ceux-ci peuvent, en réaction à ce clouage, soit forcer d4 par 8.h3 Fh5 9.Fxc6 bxc6 10.d4, soit remettre d4 à plus tard, et jouer 8.d3, suivi d'une manœuvre visant à amener le cavalier dame sur l'aile-roi : Cbd2 / Cf1 / Cg3.


Variante Trajković

L'alternative à 7...d6, 7...Fb7, est connue sous le nom de variante Trajković. Il y a un sacrifice de pion noir possible dans cette variante : 8.c3 d5 9.exd5 Cxd5 10.Cxe5 Cxe5 11.Txe5 Cf4.


Attaque Marshall

L'attaque Marshall est une des alternatives noires les plus agressives : après 3...a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fe7 6.Te1 b5 7.Fb3 0-0 8.c3, les noirs jouent le gambit 8...d5, sacrifiant un pion. La ligne officielle débute par les coups 9.exd5 Cxd5 (9...e4!?, la variante Herman Steiner, est considérée plus faible) 10.Cxe5 Cxe5 11.Txe5 c6 (les coups choisis originellement par Marshall, 11...Cf6, et 11...Fb7, sont considérés inférieurs, mais se sont eux aussi avérés porteurs de bons résultats pour les noirs à très haut niveau). Le plan des noirs va consister à attaquer et à affaiblir l'aile roi blanche, désormais dénuée de défenseurs. La première question que doivent se poser les blancs est : d3 ou d4 ? Dans les deux cas, il semble évident que le coup 8.c3 n'a plus alors aucune utilité pour les blancs. L'attaque noire peut s'avérer perfide. Puisque les compensations obtenues par les noirs en échange de leur pion sont basées sur des considérations positionnelles plutôt que tactiques, il est difficile, voire impossible, de trouver une réfutation, et les variantes possibles ont été analysées de manière très profonde (parfois jusqu'au trentième coup), sans qu'on parvienne toutefois à déterminer avec certitude si le gambit noir était judicieux ou non. Dans la huitième partie du match de championnat du monde 2004 entre Vladimir Kramnik et Péter Lékó, Kramnik succomba à l'attaque noire après 12.d4 Fd6 13.Te1 Dh4 14.g3 Dh3. L'attaque Marshall est une des lignes les plus efficaces pour contrer la Ruy Lopez. Les blancs l'évitent souvent en adoptant un système anti-Marshall : 8.a4 ou 8.h3, au lieu de 8.c3.

L'attaque Marshall fut introduite par Frank Marshall dans une partie célèbre qui l'opposa à José Capablanca en 1918. Selon la légende, Marshall dû patienter huit ans avant d'avoir l'opportunité de placer cette variante, qu'il avait étudiée en détails, contre Capablanca. Cela semble en fait peu probable, et ce gambit avait déjà était joué auparavant, lors de parties méconnues, même si on n'a aucune preuve que Marshall ait été au courant de l'existence de ces parties. Capablanca lamina l'attaque noire et l'emporta brillament. Depuis, des innovations ont été apportées à cette attaque (au départ, Marshall jouait 11...Cf6!? mais, plus tard, il découvrit 11...c6!) et l'attaque Marshall a été adopté par des joueurs de premier plan tels que Boris Spassky et, plus récemment, Michael Adams.


Défense fermée, ligne officielle : 3...a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fe7 6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 0-0

Les lignes principales de la Ruy Lopez fermée se poursuivent par les coups :

6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 0-0. Les blancs peuvent alors jouer 9.d3 ou 9.d4, mais le coup le plus courant est de loin 9.h3, qui prépare d4 tout en empêchant le clouage gênant ...Fg4. C'est à vrai dire la ligne officielle de la Ruy Lopez, la variante la plus jouée : au plus haut niveau, des centaines de parties ont débuté par ces coups. Les blancs ont dans l'idée de jouer d4, puis Cbd2 / Cf1 / Cg3, ce qui permettra de défendre e4 très efficacement, avec les fous disposés sur des diagonales ouvertes et les deux cavaliers menaçant l'aile roi noire. Les noirs doivent tenter d'empêcher cette manœuvre de cavalier : en se développant sur l'aile dame, en réagissant au centre, ou encore en mettant la pression sur e4.

Après 6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 0-0, on peut trouver :


Variante Pilnik

La variante Pilnik, qui tient son nom d'Hermann Pilnik, est aussi appelée variante Teichmann, d'après la partie Teichmann–Schlechter, Carlsbad 1911. Les blancs jouent 9.d3, avec dans l'intention d'avancer en d4 plus tard, lorsque la situation sera favorable. Bien que d2-d3 d3-d4 semble perdre un temps, par rapport à d2-d4, il est possible que les blancs aient l'occasion de regagner ce tempo plus tard, en ne jouant pas h3, en particulier si les noirs jouent ...Fb7.


Variante Bogoljubow

La variante Bogoljubow explique le fait que les blancs jouent la majeure partie du temps 9.h3 plutôt que 9.d4. Après 9.d4, en effet, Fg4, clouant le cavalier aile-roi blanc s'avère gênant. Cette variante doit son nom au match Capablanca–Bogoljubow, Londres 1922.

Variante Chigorin

La variante Chigorin a été élaborée par Mikhail Chigorin vers le début du XXème siècle, et s'est imposée comme la principale défense des noirs contre la Ruy Lopez durant près de 50 ans.

Grâce au coup 9...Ca5, les noirs chassent le fou blanc de la diagonale a2-g8, et libèrent le pion c, facilitant ainsi le développement sur l'aile-dame. Après 10.Fc2 c5 11.d4, le choix classique des noirs est le coup 11...Dc7, qui renforce la sécurité du pion e5 tout en positionnant la dame sur la colonne c, susceptible de s'ouvrir par la suite avec ...cxd4. Les autres coups noirs possibles dans cette situation sont 11...Fb7 et 11...Cd7; ce dernier fut quelque fois adopté par Keres dans les années 1960. On a pu constaté une chute de la popularité de la variante Chigorin. Ce relatif déclin peut en partie s'expliquer par le fait que les noirs doivent sacrifier du temps pour remettre en jeu le cavalier en a5.

La Chigorin occupe trois sections de l'encyclopédie ECO. Dans C97, les blancs poursuivent par 12.a4, 12.d5, 12.b4, ou 12.Cbd2, et les noirs répondent par ...Fe6, ...Rd8, ...Re8, ...Fb7 ou ...Fd7. Dans C98, les blancs ouvrent le jeu avec 12.Cbd2 Cc6 13.dxc5 dxc5. Dans C99, les noirs initient les échanges par les coups 12.Cbd2 cxd4 13.cxd4.


Variante Breyer

L'histoire raconte que la variante Breyer fut suggérée par Gyula Breyer, dans les années 1920, dans un manuscrit jamais publié; mais le manuscrit en question n'a jamais été découvert, et aucune partie dans laquelle Breyer ait utilisé cette ligne n'est connue. On ne sait pas exactement pourquoi, mais cette variante est associée avec son nom. La variante Breyer n'est populaire que depuis les années 1960 ; elle fut adoptée par Spassky, ainsi que par d'autres joueurs de renom. En particulier, la victoire au coude à coude de Spassky face à Tal à Tbilisi en 1965 a largement contribué à bâtir sa réputation, et Spassky a un score positif avec la Breyer sur l'ensemble de sa carrière. Avec 9...Cb8, les noirs libèrent le pion c et dirigent leur cavalier vers la case d7, où il soutiendra e5. Ils pourront alors poursuivrent par ...Fb7 et ...c7-c5.
Les blancs peuvent attaquer soit l'aile-roi, soit l'aile-dame. Dans la section de l'encyclopédie ECO C93, les blancs fortifient leur position au centre avec 10.d3. La suite la plus jouée, 10.d4, est répertoriée dans la section ECO C94.


Variante Zaitsev

La variante Zaitsev (ou variante Flohr-Zaitsev) était recommandée par Igor Zaitsev, qui fut un des entraîneurs de Karpov durant de nombreuses années. La Zaitsev était une des préférées de Karpov, et reste aujourd'hui une des variantes les plus importantes de la Ruy Lopez. En jouant 9...Fb7, les noirs s'apprêtent à mettre la pression sur e4. Après 10.d4 Te8 11.Cbd2 Ff8, la partie devient souvent très tactique et très serrée. Cette ligne a cependant un inconvénient : les blancs ont la possibilité de forcer les noirs à choisir un autre système de défense, ou à concéder la nulle par répétition de coups, après 11.Cg5 Tf8 12.Cf3. Même si forcer rapidement le match nul est très souvent considéré comme peu sportif, plusieurs des adversaires de Karpov ont saisi cette opportunité.


Variante Karpov

Karpov tenta 9...Cd7 plusieurs fois lors du championnat du monde 1990, mais Kasparov parvint a obtenir un avantage significatif lors de la 18ème partie. C'est un coup solide, mais malgré tout un peu passif. On peut noter que 9...Cd7 est aussi appelé variante Chigorin : deux variantes de la Ruy Lopez portent ainsi ce nom. Toutefois, on a pris l'habitude d'associer le coup 9...Ca5 à Chigorin, et le coup 9...Cd7 à Karpov.


Variante Kholmov

La variante Kholmov, 9...Fe6, était populaire dans les années 1980, mais est rarement jouée aujourd'hui.


Variante Smyslov

La variante Smyslov (ECO C93) est bâtie autour de la même idée que la variante Zaitsev. Par 9...h6, les noirs préparent 10...Te8 et 11...Ff8, sans avoir à craindre 10.Cg5. La perte d'un temps consentie avec 9...h6 donne aux blancs suffisament de temps pour manœuvrer avec leur cavalier de la colonne b à la colonne g, et, de plus, le déplacement du pion est susceptible d'affaiblir l'aile-roi noire. La Zaitsev peut donc être considérée comme une Smyslov améliorée, dans laquelle les noirs tentent de gagner du temps en ne jouant pas ...h6.

Kasparov joua une Smyslov et perdit contre l'ordinateur d'Echecs Deep Blue (match de 1997, seconde partie). Svetozar Gligoric fut le joueur de C93 le plus prolifique.