https://en.wikipedia.org/wiki/Ponziani_Opening
L'ouverture
Ponziani débute ainsi
:
1.
e4 e5
2.
Cf3 Cc6
3. c3
Il
s'agit de l'une
des plus anciennes ouvertures : on en trouve trace dans la littérature
dès
1497. Elle était prônée par Howard Staunton, qui est considéré comme le
plus
fort joueur du monde de 1843 à 1851, dans son ouvrage de 1847 The
Chess-Player's Handbook. Durant de nombreuses années, on l'a
appelée
Ouverture Staunton, ou Partie du Cavalier Anglais. Aujourd'hui, on la
nomme
généralement Ponziani, de Domenico Lorenzo Ponziani, dont la principale
contribution à la théorie de ce début fut la présentation, en 1769, du
contre-gambit 3…f5!?
Ce
début est
considéré aujourd'hui comme moins bon que 3.Fb5 (Ruy Lopez) et 3.Fc4
(la partie
Italienne), et on ne le voit de ce fait que rarement (et ce à tous les
niveaux
de jeu). Les principales réponses noires sont 3...Cf6, qui mène à un
jeu calme,
et 3...d5, qui conduit à des suites plus accrochées. Le contre-gambit
Ponziani,
3...f5!? a été utilisé avec succès lors d'une partie entre grands
maîtres de
2007 : Hikaru Nakamura vs Julio Becerra Rivero (Championnat des USA
2007).
·
1
Histoire
·
2
Présentation
et vue d'ensemble
1 - Histoire
L'ouverture 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.c3 est l'une des ouvertures les plus anciennes : on la trouve dans un ouvrage de 1497. Elle fut mentionnée dans deux des plus vieux traités sur le jeu d'échecs : Repetición de Amores y Arte de Ajedrez con ci Iuegos de Partido, de Lucena et le Göttingen manuscript. Elle doit son nom actuel à Domenico Lorenzo Ponziani. Ponziani l'analysa en 1769, mais sa principale contribution fut l'étude du contre-gambit 3.f5!? Plus tard, elle eut les faveurs d'Howard Staunton, qui en parle en ces termes dans son ouvrage The Chess-Player's Handbook (1847) : "tellement pleine d'intérêt et de variété, que son omission dans nombre de travaux sur les échecs est tout à fait incompréhensible ... elle atteindra une place plus élevée parmi les ouvertures que celle qui lui est maintenant attribuée".
2
– Présentation et vue d'ensemble
La
Ponziani est
rarement jouée de nos jours, sauf en temps qu'arme-surprise, car elle
offre aux
noirs un choix plaisant : égaliser facilement, ou essayer de prendre
l'avantage
avec des coups plus précis. Le troisième coup blanc prépare un
fort centre
de pions, si l'on poursuit par 4.d4, objectif logique que l'on retrouve
dans
les plus populaires Ruy Lopez et Giuoco Piano. Toutefois, 3.c3 est
quelque peu
prématuré, car: (1) il enlève au cavalier-dame blanc sa case naturelle,
(2) il
crée temporairement un trou en d3 et (3) il développe un pion plutôt
qu'une
pièce, créant chez les blancs un retard de développement, et
mettant
ceux-ci en mauvaise posture pour affronter une contre-attaque au
centre. De
plus, contrairement au Giuoco Piano, dans lequel l'avance blanche en d4
attaque
le fou-roi noir en c5, d4 ne gagne pas de tempo dans la Ponziani. Côté
positif,
le coup 3.c3 ouvre une seconde diagonale à la dame blanche.
Dès
1904, Marshall écrivait
: "Ce troisième coup blancs ne mène à rien, à moins que les noirs ne
jouent mal ... Les blancs abandonnent leur privilège du premier
coup". Plus
récemment, Graham Burgess la présentait ainsi : "une relique d'un âge
révolu, populaire ni chez les joueurs top-niveau, ni chez les joueurs
de club.
Bruce
Pandolfini a
dit : "Etrangement, les grands "savants" des ouvertures qui se
sont penché sur la Ponziani ont conclu qu'elle menait à des parties
intéressantes,
et qu'elle mériterait d'être utilisée plus souvent. Et pourtant elle
n'a jamais
vraiment excité les joueurs d'échecs en général. L'avenir nous dira si
la
Ponziani appartient au passé ou au futur".
Dans Chess Master Vs. Chess Amateur, Max Euwe et Walter Meiden écrivent : "Que faire avec cette ouverture? Elle n'est pas faite pour les débutants, car la tactique prédomine dans le jeu. Aucun principe stratégique simple ne gouverne ses principales lignes".
3
– Variantes
Après
1.e4 e5 2.Cf3 Cc6
3.c3, les principales continuations sont :
·
3...Cf6,
la variante
Jaenisch, est considérée comme la plus sûre pour les noirs. Elle
constitue
d'ailleurs probablement un frein pour des joueurs qui adopteraient la
Ponziani,
car les positions qui en découlent sont de tous types (de la plus
chaotique à
la plus monotone). Les blancs, en cohérence avec 3.c3, poursuivent
par 4.d4.
·
4...Cxe4,
puis 5.d5 Ce7 (5...Cb8 est jouable également)
6.Cxe5 Cg6, (et pas 6...d6?? car 7.Fb5+! qui gagne
du matériel). Ensuite,
7.Dd4 Df6 8.Dxe4
Dxe5 (une invention assez récente), 7.Df3 ou 7.Cxg6 hxg6 8.De2 De7
9.Ff4
d6 10.Ca3 Th5 11.0-0-0 Tf5 mènent à l'égalité (selon MCO-15).
·
4...exd4,
qui mène à une position qu'on peut atteindre
à partir du Gambit Göring. Les blancs peuvent répondre à 5.e5 soit par
5...Cd5,
soit par 5...Ce4, avec un jeu à double-tranchant (plus qu'après
4...Cxe4).
·
3...d5,
contrant au centre, est une réponse agressive.
Généralement, dans les parties ouvertes, lorsque les noirs jouent …d5
assez
tôt, ils perdent un temps après exd5 Dxd5, car les blancs jouent Cc3,
attaquant
la dame. Dans la Ponziani, c'est impossible, le coup Cc3 étant empêché
par la
présence d'un pion.
·
4.Fb5
est considéré inférieur à 4.Da4, mais la partie
peut s'avérer féroce, avec des chances pour chacun des adversaires
(bien que
les noirs puissent prendre l'avantage après 4...dxe4! 5.Cxe5 Dg5! 6. Da4
Dxg2 7. Tf1 Fh3).
·
4.Da4,
les blancs menacent indirectement le pion e5
par le clouage du cavalier. Les noirs doivent choisir : soit
défendre le
pion e5, par 4...f6 ou 4...Dd6, soit sacrifier un pion, par 4...Fd7 ou
4...Cf6.
·
4...Fd7, la variante Caro, peu
convaincante selon Euwe. Après
5.exd5 Cd4 6.Dd1 Cxf3 7.Dxf3, les noirs ont
sacrifié un pion mais la situation n'est pas claire.
·
4...Dd6,
protégeant e5 sans affaiblir la structure de
pions. Batsford Chess Openings 2 met à ce coup un point
d'exclamation,
mais ne tient pas compte de la réponse 5.d4, coup principal du plus
récent Nunn's
Chess Openings.
·
4...Cf6, la variante Leonhardt. Les
blancs gagnent du matériel par 5.Cxe5, mais la théorie indique qu'après
5...Fd6
6.Cxc6 bxc6 7.d3 0-0 8.Fe2 Te8 les noirs ont des compensations pour le
pion.
·
4...f6,
la variante
Steinitz, protégeant le pion central e5, est considérée solide,
mais peu
naturelle, car elle prive le cavalier noir de la case f6. La ligne
se
poursuit ainsi : 5.Fb5 Cge7 6.exd5 Dxd5, puis soit 7.d4 Fd7, soit 7.0-0 Fd7 avec une position égale.
·
3...f5,
le contre-gambit
Ponziani, est une réponse noire agressive, à l'origine suggérée par
Ponziani,
un auteur Italien du XVIIIème siècle. En 1951, Boris Spassky
choisit ce contre-gambit
face à Yakov Estrin. Il est considéré
comme favorable aux blancs, après 4.d4 fxe4 5.Cxe5 Df6 6.Cg4 Dg6
7.Ff4 ou
5...Cf6 6.Fg5.
·
3...Cge7,
l'inhabituelle variante Kmoch, était prônée par Hans
Kmoch. Selon Reuben Fine,
citant l'analyse de Kmoch, les noirs égalisent après 4.d4 exd4 5.Fc4 d5
6.exd5 Cxd5
7.0-0 Fe7 8.Cxd4 Cxd4 9.cxd4 Fe6.
· 3...d6, renforce le pion e5, dans l'espoir de prouver l'inutilité de c3. Toutefois, il s'agit d'un coup passif, qui ne pose pas de problème aux blancs. Après 4. Fc4, les noirs répondent le plus souvent 4...g6, 4...Fe6, ou 4...Fg4.
4 – Parties
illustratives
Voici
une calme
nulle, typique de la ligne 3...Cf6:
V. Medvedev (2365)
contre Charles Milgram (2375),
ICCF 1991
1. e4 e5 2. Cf3
Cc6 3. c3 Cf6 4. d4 Cxe4 5. d5 Ce7 6. Cxe5 Cg6 7. Dd4
Df6 8. Dxe4 Dxe5 9. Dxe5+ Cxe5 10. Cd2 d6 11. Cc4 Cxc4 12. Fxc4 Fe7 13.
0-0
0-0 14. Te1
Ff6 15. Fe3 Fd7
½–½
La
nulle fut conclue,
mais les blancs ont de bonnes chances de gain dans ce type de fin de
partie.
On
a attribué la
variante 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.c3 Cge7 à Reti, car il l'a utilisée contre
Tartakower, et a perdu. De récentes analyses montrent que les blancs
prennent
l'avantage. Par exemple : 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.c3 Cge7 4.Fc4 (avec
menace
immédiate sur f7) d5 5.exd5 Cxd5, et les blancs prennent l'ascendant,
par 6.0-0
ou 6.Db3. Les blancs peuvent aussi tenter4. Fb5, qui transpose
dans une
ligne de la Défense Cozio de la Ruy Lopez.
Et
voici deux parties
qui montrent la sauvagerie du jeu tactique souvent observé dans la
ligne 3...d5
4.Da4 f6 5.Fb5 Ce7 :
·
Mikhail Chigorin contre George H.D. Gossip, New York 1889 :
1. e4 e5 2. Cf3
Cc6 3. c3 d5 3...Cf6
est la
réponse la plus sûre, si les noirs connaissent mal les complications
qui
s'ensuivent (ce qui est apparemment le cas de Gossip). 4. Da4 f6 5.
Fb5 Ce7
6. exd5 Dxd5 7. 0-0 7.d4! est la ligne principale de nos
jours. 7...
Fd7? 7...e4! 8.Ce1 Ff5 9.f3 mène à l'égalité. 8. d4 e4
9. Cfd2
Cg6? 9...f5! ou 9...0-0-0 étaient meilleurs. 10. Fc4
Da5 11. Db3
f5? 11...0-0-0! Offrait de
meilleures perspectives. 12. Ff7+ Re7? 12...Rd8 est
forcé. 13.
Cc4! Les noirs se trouvent face à un problème 13...
Da6 14. Fg5+!
Rxf7 15. Cd6# 1–0 Le roi noir ne peut se soustraire au
double-échec.
·
S. Kaouras contre
R. Vorlop, e-mail 2003 :
1. e4 Cc6 2. Cf3 e5 3. c3 d5 4. Da4 f6 5. Fb5
Cge7 6. exd5 Dxd5 7. d4 7.0–0
est aujourd'hui la
ligne officielle (par ex : 7...Fd7 8.d4 a6!? (8...exd4 9.cxd4 Ce5
10.Fxd7+ Dxd7
avec égalité) 9.c4 Df7 10.d5 Cb8 11.Fxd7+ Cxd7 12.Cc3 Cf5 13.b4 donna
l'avantage aux blancs dans la partie S. Hassan–B. Amin, Le Caire
2003). 7...
e4 Sinon, les noirs peuvent aussi essayer les coups plus
anciens 7...Fd7,
et 7...Fg4. 8. c4 Dd7
9. Cfd2 Dxd4 10. 0–0 Fd7 11. Cc3 a6 12. Cb3
De5 13. c5 f5 14.
g3 Cg6 15. Td1 Fe7 16. Fc4 Cd4 Les
blancs se
retrouvent en grand danger. 17. Dxd7+! Le meilleur
choix en
pratique pour les blancs, jouer agressivement.17... Rxd7 18. Fe3 Ch4 Si
18...Rc8, 19.Fxd4 prend la dame noire au piège. 19. gxh4 Rc8
20. Fxd4
Les blancs ont trois pièces pour la dame, et l'initiative; les pièces
noires
manquent de coordination. 20... Df4 21. Fe6+ Rb8 22. Ce2 Df3
23. Cg3 Fxh4
24. Fe3 g6 24...f4? 25.Cd2 gagne la dame. 25. Td7 Ff6
26. c6
b5 27. Td5 Te8 28. Cc5 Fg7 29. Tad1! Les blancs créent un
réseau de
mat, menaçant Td8+. 29... Ra7 30. Td7 Fe5 31. Fxf5
gxf5 32. Cb7+
Dxe3 33. fxe3 Et
les blancs ont regagné la dame, et disposent d'un avantage matériel qui
va les
mener à la victoire. 33... f4 34. exf4
Fxf4 35. Cd6 Fxd6 36. T1xd6 Rb6 37. Td1
Te6 38. Te1 e3
39. Txh7 Tae8 40. Tg7 Rxc6 41. Te2 Te5 42. Cf1 Rd5 43. Rg2 c5 44. Tg3
Rd4 45.
h4 c4 46. Texe3 Txe3 47. Cxe3 Rd3 48. Rh3 Rd2 49. Cd5 Rc1 50. Tg2 Te5
51. Cf4 b4 52. h5 Rb1 53. h6 Te8 54. Rg4
Th8 55. Rg5 c3
56. bxc3 bxc3 57. Th2 c2 58. Cd3
1–0 (notes
inspirées de celles du maître international
Gary Lane).