Défense Philidor

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 La Défense Philidor est caractérisée par les coups :

1. e4 e5

2. Cf3 d6

philidor 1


Cette ouverture tient son nom du célèbre joueur français du XVIII° siècle François-André Danican Philidor, qui la prônait comme alternative à l'habituel 2...Cc6. A l'origine, son idée était de défier le centre blanc par la poussée f7–f5.

De nos jours, la Philidor est réputée solide mais passive pour les noirs, et est rarement vue à top-niveau (elle est toutefois parfois utilisée en tant qu'alternative aux ouvertures avec 2…CC6, analysées en profondeur).

Le code ECO de la défense Philidor est C41.

Table des matières

 

1 - Utilisation

La Philidor apparut dans l'une des parties les plus célèbres jamais jouée, la "Partie de l'Opéra", qui opposa en 1858 le maître américain Paul Morphy et deux forts amateurs, le duc Karl de Brunswick (un noble allemand) et le comte Issouard (un aristocrate français). La partie se poursuivit 3.d4 Fg4, s'écartant des lignes modernes classiques.

En 2004, aucun joueur de haut niveau n'emploie régulièrement la Philidor. Signalons toutefois qu' Étienne Bacrot et Liviu-Dieter Nisipeanu s'y essaient de temps en temps, et que, ces vingt dernières années, sa popularité chez les maîtres a légèrement grimpé.


2 – Lignes débutant par 3.d4

Avec 3.d4, les blancs défient immédiatement le centre noir. Dans cette position, les noirs disposent de plusieurs options :

3...exd4

La réponse noire la plus jouée est 3...exd4, qui relâche la tension centrale, mais abandonne le centre aux blancs. Après 4. Cxd4 Cf6 5. Cc3, les noirs poursuivent normalement par ...Fe7 et ...0-0 (la variante Antoshin), mettant en place une position défensive solide.

Dans cette ligne, les noirs peuvent aussi fianchetter leur fou en g7, même si c'est plutôt inhabituel. Bent Larsen tenta cela dans quelques parties, parmi lesquelles un nul face à Mikhail Tal en 1969.

A la place de 4.Cxd4, les blancs peuvent aussi jouer 4. Dxd4, un coup apprécié par Paul Morphy, avec l'intention 4... Cc6 5. Fb5 Fd7 6. Fxc6 Fxc6 7. Cc3 Cf6 8. Fg5 suivi de 0-0-0. Cette ligne fut jouée dans de nombreuses parties au XIX° siècle.

Variante Hanham

L'autre option noire principale est de maintenir la tension au centre et d'adopter une formation avec  ...Cd7, ...Fe7, et ...c6. Ce plan est appelé Variante Hanham (du nom du maître américain James Moore Hanham) et avait les faveurs d'Aron Nimzowitsch. Une ligne souvent vue : 3... Cf6 4. Cc3 Cbd7 5. Fc4 Fe7 6. 0-0 (6.Cg5 constitue une alternative intéressante : après 6...0-0 7.Fxf7+ Txf7 8.Ce6 De8 9.Cxc7 Dd8 10.Cxa8, les blancs ont l'avantage matériel, mais les noirs ont une forte initiative après, par exemple, 10...b5 11.Cxb5 Da5+) 6... 0-0 7. a4 (pour empêcher ...b5) 7... c6.


philidor 2


Le grand maître Larry Kaufman, dans son livre The Chess Advantage in Black and White, fait remarquer que l'objectif de la variante Hanham est de conserver le pion noir en e5, tout comme dans les lignes fermées de la Ruy Lopez; il affirme que la Hanham "serait plutôt populaire et sur un pied d'égalité avec les principales défenses contre 1.e4, s'il n'y avait un détail ennuyeux : les noirs ne peuvent atteindre la position de la Hanham de force."

Signalons une alternative au 4.Cc3 blanc, en réponse au 3...Cf6 des noirs : 4. dxe5! Cxe4 5. Dd5! Cc5 6. Fg5 Fe7 7. exd6 Dxd6 8. Cc3. Cette ligne, selon Kaufman et le grand maître Christian Bauer, donne l'avantage aux blancs.

Ordre de coups alternatif

Les noirs essaient parfois 3... Cd7, espérant 4.Cc3 Cgf6, permettant d'atteindre la Variante Hanham. Mais alors 4. Fc4! est difficile à gérer pour les noirs, car 4...Cgf6 échoue sur 5.Cg5, et 4...Fe7 perd un pion après 5.dxe5 Cxe5 (5...dxe5?? 6.Dd5! gagne) 6.Cxe5 dxe5 7.Dh5! La meilleure option pour les noirs est 4... c6, mais elle offre aux blancs l'avantage de la paire de fou après 5. 0-0 Fe7 6. dxe5 dxe5 (6...Cxe5 perd un pion : 7.Cxe5 dxe5 8.Dh5) 7. Cg5! Fxg5 8. Dh5! De7, et ensuite 9.Fxg5 ou 9.Dxg5.

Expérimentations noires pour atteindre la variante Hanham

Ces dernières années, les noirs ont expérimenté d'autres ordres de coups, de manière à atteindre la Variante Hanham tout en évitant 3...Cf6 4.dxe5! et 3...Cd7 4.Fc4!

L'intention originale de Philidor : 3...f5


philidor 3


Après 3.d4, existe une approche plus agressive pour les noirs : 3...f5!?, un coup aujourd'hui appelé Contre-gambit Philidor car recommandé par Philidor lui-même. Selon lui, le mouvement 3...f5 est jouable également après 3.Fc4, et peut mener à des positions incroyables comme 3.Fc4 f5 4.d3 c6, puis pourquoi pas f5–f4, b7–b5, a7–a5, et même g7–g5 et h7–h5 (tous les pions noirs ont bougé avant les pièces!)

Au XIX° siècle, 3...f5 était employé aussi par Paul Morphy. Ce coup peut mener à des positions plus ouvertes que les autres lignes, mais il a plutôt mauvaise réputation. Cependant, certains soutiennent que 3...f5 est une idée valable. Le grand maître Tony Kosten le traite avec respect dans sa monographie sur cette ouverture. Ce coup était aussi utilisé par David Bronstein et Teimour Radjabov.

Après 3.d4 f5, les possibilités principales sont :

S'ils jouent convenablement, les blancs ont un petit avantage dans toutes ces positions.

3...Fg4?!

3...Fg4?! est un coup inférieur, à la lumière de 4. dxe5 Fxf3 (sinon, les noirs peuvent gambiter un pion, avec 4...Cd7?!, coup connu sous le nom de Gambit du Duc de Brunswick) 5. Dxf3 dxe5 6. Fc4, qui offre aux blancs l'avantage de la paire de fou dans une position ouverte. (Et maintenant, le "naturel" 6...Cf6? permet aux blancs de gagner un pion, en jouant 7.Db3. Ce fut ce qui advint lors de la célèbre "Partie de l'Opéra", et Paul Morphy avec les blancs refusa le pion, mais s'offrit une forte initiative après 7...De7 8.Cc3.)


3 - Ligne débutant par 3.Fc4

Les blancs disposent d'une autre alternative : 3.Fc4, retardant d2–d4, ou y renonçant complètement, jouant d2–d3 à la place. Le coup 3.Fc4 permet aussi aux blancs de préparer le piège de Légal. Après 3...Cc6, on entre dans la Semi-Italienne.