Le Giuoco Piano

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Le Giuoco Piano (Italien: "Jeu Calme"; prononcer [dʒwɔːko ˈpjaːno]) est l'ouverture débutant par les coups :


1. e4 e5   2. Cf3 Cc6  3.Fc4 Fc5

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Le fou blanc "italien" en c4 empêche les noirs d'avancer au centre avec ...d5 et attaque la case vulnérable f7. Le plan des blancs est de dominer le centre par d2–d4 puis d'attaquer le roi noir. L'objectif des noirs est de se libérer grâce à l'échange de pièces, puis de jouer la poussée ...d5, ou de tenir la position de leur pion central en e5.

 

Parmi les alternatives possibles à 3...Fc5, les plus jouées sont 3...Cf6 (la Défense des Deux Cavaliers) et 3...Fe7 (la Défense Hongroise). Bien plus rarement, on voit 3...d6 (l'Ouverture Semi-Italienne), 3...g6, 3...Cd4 (le Gambit Blackburne Shilling), et 3...f5.

 

1 - Histoire

Le Giuoco Piano est l'une des plus vieilles ouvertures du jeu d'Echecs. Le portugais Damiano la jouait au début du XVI° siècle, et l'italien Greco au début du XVII°. Elle est également connue sous le nom de Partie Italienne (Pinski 2005:5), bien que ce nom soit aussi utilisé pour définir toutes les parties débutant par 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4, sans tenir compte du troisième coup noir (Gufeld & Stetsko 1996:5). Le Giuoco Piano était populaire au XIX° siècle, mais les améliorations modernes sur le plan de jeu défensif ont poussé la plupart des maîtres vers des ouvertures telles que la Ruy Lopez, qui offrent aux blancs de meilleures perspectives en termes d'initiative sur le long terme.

 

Dans les temps modernes, les grands maîtres ont montré une nette préférence pour le plus lent et plus stratégique Giuoco Pianissimo (4.d3). Anatoli Karpov employa le Giuoco Pianissimo contre Viktor Korchnoi par deux fois lors du Championnat du monde 1981, avec pour résultat deux parties nulles. Garry Kasparov l'utilisa face à Joël Lautier à Linares en 1994, et abandonna après 26 coups. Vladimir Kramnik choisit de s'en servir lors d'une partie jouée avec Teimour Radjabov à Linares (2004). Viswanathan Anand s'imposa avec lui contre Jon Hammer en 2010, et Magnus Carlsen l'utilisa face à Hikaru Nakamura à London 2011, et l'emporta en  41 coups.

Note : retrouvez toutes ces parties sur le site http://www.chessgames.com/

2 - Variantes

Les principaux 4èmes coups blancs sont :

- 4.c3 (la variante Greco), voir ci-dessous.

- 4.d3 (le Giuoco Pianissimo, en italien : "Jeu Très Calme"), voir ci-dessous.

- 4.b4 (le Gambit Evans) : les blancs offrent un pion pour accélérer leur développement. Cette ouverture était populaire au XIXème siècle, plus que le Giuoco Piano classique.

- 4.d4 (le Gambit Italien) : les blancs ouvrent le centre, et évitent ainsi les lignes calmes du Giuoco Piano et du Giuoco Pianissimo.

- 4.0-0, souvent avec l'intention de répondre à 4...Cf6 par 5.d4, le Gambit Max Lange, avec des idées semblables à celles rencontrées dans le Gambit Italien si on excepte quelques différences transpositionnelles.

- 4.Fxf7+? Rxf7 5.Cxe5+ Cxe5 (le Gambit Jerome) : variante extrêmement peu fiable, les blancs sacrifiant deux pièces dans l'espoir d'exposer le roi noir et d'obtenir une attaque de mat.

- 4.Cc3 (la variante des Trois Cavaliers).

 

Ligne principale : 4.c3

Dans la ligne principale (Variante Greco), les blancs jouent 4.c3 pour préparer l'avance au centre d2-d4. Les noirs peuvent essayer de tenir leur "place forte" centrale en e5 avec 4...De7, ou bien ils peuvent contre-attaquer avec 4...Cf6. La ligne place-forte-centrale peut continuer ainsi : 4...De7 5.d4 Fb6 6.0-0 d6 7.a4 a6 8.h3 Cf6 9.Te1 0-0.

Le premier à avoir analysé le coup 4...Cf6, plus agressif, fut Greco au XVIIème siècle. Dans l'Attaque Greco, les blancs semblent offrir une pièce majeure pour tendre un piège aux noirs. La partie se poursuit :

4. c3 Cf6 5. d4 exd4 6. cxd4

Les blancs disposent aussi de l'option 6.e5, une ligne appréciée par Evgeny Sveshnikov, avec ensuite 6...d5 7.Fb5 Ce4 8.cxd4 Fb6, avec une position approximativement égale. Sinon, les blancs peuvent tenter un gambit, avec 6.0-0, une alternative exposée par Graham Burgess dans le livre 101 Chess Opening Surprises; la ligne intéressante est 6...Cxe4 7.cxd4 d5 8.dxc5 dxc4 9.De2. L'autre alternative, 6.b4, est, selon Jeremy Silman, réfutée par un fort sacrifice de pièce : 6...Fb6 7.e5 d5 8.exf6 dxc4 9.b5 0-0!

6... Fb4+ 7. Cc3 Cxe4

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Greco prônait l'attaque sur la tour blanche en a1, avec 8.0-0, permettant 8...Cxc3!? (9.bxc3 Fxc3? 10.Db3. Et là, si les noirs prennent la tour par 10...Fxa1, les blancs gagnent la dame noire par 11.Fxf7+ Rf8 12.Fg5 Ce7 13.Te1. Ce piège est aujourd'hui bien connu, et les noirs peuvent l'éviter en jouant 10...d5, ou plus tôt 8...Fxc3.) Après 8...Cxc3 9.bxc3, le meilleur coup noir est 9...d5! 10.cxb4 dxc4 11.Te1+ Ce7 12.Da4+! Fd7 13.b5 0-0 14.Dxc4 Cg6!

Cette ligne fut remise au goût du jour en 1898 par le joueur danois Jørgen Møller, qui en publia une analyse dans Tidsskrift for Skak. Dans ce qu'on appelle maintenant l'attaque Møller, les blancs sacrifient un pion en échange d'un développement plus rapide et de l'initiative :

8. 0-0 Fxc3! 9. d5

9.bxc3 et 9.Dc2 sont deux bonnes alternatives.

9... Ff6

9...Ce5 est intéressant également; une suite possible: 10.bxc3 Cxc4 11.Dd4 f5 12.Dxc4 d6.

10. Te1 Ce7 11. Txe4 d6 12. Fg5 Fxg5 13. Cxg5 h6!?

On considère que 13...0-0 14.Cxh7! mène à la partie nulle si les meilleurs coups sont joués. Toutefois, les noirs peuvent se tromper en de nombreuses occasions.

14. Fb5+

Après 14.De2 hxg5 15.Te1 Fe6! 16.dxe6 (les blancs peuvent tenter aussi 16.Dd2 c6! 17.dxe6 f6 18.Fd3 d5 19.Tg4 Dc7 20.h3 0-0-0 21.b4, avec peut-être une belle attaque) 16...f6 17.Te3 c6 18.Th3 Txh3 19.gxh3 g6, les blancs n'ont, selon le Grand Maître Larry Kaufman, probablement pas de compensation pour le pion sacrifié; 14.Dh5 0-0 15.Tae1 Cg6! semble également favorable aux noirs.

14... Fd7 15. De2 Fxb5 16. Dxb5+ Dd7 17. Dxb7

17.De2 Rf8 gagne un second pion.

17... 0-0

Et les noirs sont au moins égaux.

Si les blancs ne souhaitent pas gambiter de matériel, ils peuvent, au lieu de 7.Cc3, jouer 7. Fd2; la partie peut se poursuivre ainsi : 7... Fxd2+ (Kaufman recommande 7...Cxe4!? 8.Fxb4 Cxb4 9.Fxf7+ Rxf7 10.Db3+ d5!? [10...Rf8 11.Dxb4+ De7 12.Dxe7+ Rxe7 est plus sûr, avec une fin de partie égale] 11.Ce5+ Re6! 12.Dxb4 c5!?) 8.Cbxd2 d5 9.exd5 Cxd5 10.Db3 Cce7 (10...Ca5 constitue une alternative, avec en perspective une répétition de coups après 11.Da4+ Cc6 [menaçant 12...Cb6] 12.Db3 Ca5) 11.0-0 0-0 12. Tfe1 c6. Dans cette position, les blancs sont plus libres, mais leur pion isolé sur la colonne d peut constituer une faiblesse. Note: 7.Cbd2 est aussi une option viable pour les blancs, même s'il n'offre qu'une presque-égalité. Ce coup n'est pas populaire chez les joueurs humains, mais les moteurs d'analyse le recommandent.

 

Giuoco Pianissimo: 4.d3

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Avec 4.d3, les blancs jouent le Giuoco Pianissimo (en Italien : "Jeu Très Calme"). Ils choisissent de se développer lentement, préférant bien préparer la poussée d2-d4. En évitant la confrontation immédiate, les blancs empêchent la baisse de tension au centre (qui a souvent lieu dans cette ouverture grâce à une série d'échange), et entrent dans un jeu de manœuvres positionnelles. S'ils jouent c2–c3, la position sera quelque peu similaire à celle de la Ruy Lopez, lorsque le fou se replie en c2 via Fc4–b3–c2. Bien que cette variante ait une réputation de lenteur et de "nullité", elle a connu un regain de popularité après avoir été abordée par John Nunn dans les années 80. Les ordres de coups les plus fréquents sont :

L'habituel : 4.c3 Cf6 5.d3

La transposition à partir de l'ouverture du Fou : 2.Fc4 Cf6 3.d3 Cc6 4.Cf3 Fc5 5.c3.

 

3 – Codes ECO

Les codes ECO traitant du Giuoco Piano sont les suivants :

C50 Partie Italienne, comprenant les lignes du Giuoco Piano autres que 4.c3 et 4.b4

C51 Gambit Evans

C52 Gambit Evans, avec 4...Fxb4 5.c3 Fa5

C53 Giuoco Piano, 4.c3:

-          sans 4...Cf6

-          avec 4...Cf6 mais sans 5.d4

-          avec 4...Cf6 5.d4 exd4 mais sans 6.cxd4

C54 Giuoco Piano, 4.c3, avec 4...Cf6 5.d4 exd4 6.cxd4