GAMBIT EVANS

http://en.wikipedia.org/wiki/Evans_Gambit

 

Le gambit Evans est l'ouverture dont les premiers coups sont :

 

1. e4 e5

2. Cf3 Cc6

3. Fc4 Fc5

4. b4


evans

Elle est classée dans deux sections de l'Encyclopédie des ouvertures :

C51 : 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4 Fc5 4.b4

C52 : 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4 Fc5 4.b4 Fxb4 5.c3 Fa5

 

SOMMAIRE


1 Histoire


2 Remarques générales
       2.1 Accepté
       2.2 Décliné


3 Replis du fou après acceptation du gambit
       3.1   5...Fa5
       3.2   5...Fc5
       3.3   5...Fe7
       3.4   5...Fd6
       3.5   5...Ff8

      

 

1 Histoire

Ce gambit doit son nom au capitaine de marine gallois William Davies Evans, dont on pense qu'il fut le premier joueur à l'avoir utilisé. La première partie connue débutant par cette ouverture fut  Evans–McDonnell, Londres 1827, même si dans ce match, on essaya un ordre de coup légèrement différent (1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4 Fc5 4.0-0 d6, et seulement alors 5.b4). En 1832, fut publiée la première analyse de ce gambit, dans l'ouvrage de William Lewis Second Series of Progressive Lessons. Il devint très populaire peu après, et fut notamment utilisé plusieurs fois lors d'une série de parties entre McDonnell et Louis de la Bourdonnais en 1834. Des joueurs tels qu'Adolf Anderssen, Paul Morphy et Mikhail Chigorin l'employèrent par la suite. Après qu'Emanuel Lasker ait présenté sa ligne, une défense de simplification, lors d'un tournoi en 1895, il perdit les faveurs des joueurs pendant la majeure partie du XX° siècle, jusqu'à ce que John Nunn et Jan Timman ne le jouent à la fin des années 1970 et au début des années 1980, et que, dans les années 1990, Garry Kasparov ne l'utilise dans quelques-uns de ces matchs (en particulier une célèbre victoire en 25 coups face à Viswanathan Anand à Riga en 1995), ce qui eut pour effet de susciter à son égard un bref regain d'intérêt.

 

2 Remarques générales

Le Gambit Evans est une variante agressive du Giuoco Piano (Jeu Calme), qui continue pour sa part par les coups positionnels 4.c3 ou 4.d3. L'idée derrière le coup 4.b4 est d'abandonner un pion pour bâtir un centre fort puis fondre sur le point faible des noirs en f7. Souvent dans l'air également, des idées basées sur Fa3, qui empêche les noirs de roquer. D'après Reuben Fine, le Gambit Evans représente un défi pour les noirs, car les défenses habituelles (jouer...d6 et/ou rendre le pion gambité) sont plus difficiles à mettre en œuvre que dans les autres gambits. (Fait intéressant, Fine fut battu avec ce gambit lors d'une partie amicale face à Bobby Fischer, en seulement 17 coups : Fischer–Fine 1963 1–0.)

 

La célèbre partie La Toujours Jeune débuta par un Gambit Evans.

 

2.1   Accepté

La réponse noire la plus évidente et habituelle est l'acceptation du gambit, avec 4...Fxb4, ce à quoi les blancs répliquent 5.c3; ensuite, les noirs poursuivent souvent par 5...Fa5 (5...Fe7 et, moins fréquemment 5...Fc5 et 5...Fd6, la variante Stone Ware, sont aussi joués). Les blancs poursuivent généralement par 6.d4. La ligne d'Emanuel Lasker est : 4...Fxb4 5.c3 Fa5 6.d4 d6 7.0-0 Fb6 8.dxe5 dxe5 9.Dxd8+ Cxd8 10.Cxe5 Fe6. Cette variante neutralise l'attaque blanche en rendant le pion gambité et en échangeant les dames et, selon Fine, la position simplifiée qui en résulte est "psychologiquement déprimante pour le joueur de gambit", dont l'intention est généralement un assaut agressif. Chigorin a beaucoup analysé l'alternative 9.Db3 Df6 10.Fg5 Dg6 11.Fd5 Cge7 12.Fxe7 Rxe7 13.Fxc6 Dxc6 14.Cxe5 De6, qui évite l'échange des dames, mais n'a pu établir avec certitude s'il s'agissait d'un bon choix ou non. Les blancs esquivent souvent cette ligne par 7.Db3 Dd7 8.dxe5, et les noirs peuvent rendre le pion avec 8...Fb6 ou s'accrocher à lui avec 8...dxe5, même si dans cette ligne les blancs obtiennent une compensation suffisante.

 

Les noirs disposent d'un coup alternatif pour répondre à 6.d4 : 6...exd4, auquel les blancs peuvent rétorquer 7.Db3, mouvement auquel s'est souvent essayé Nigel Short. 7.0-0 se voit traditionnellement opposer 7...Cge7 avec l'intention de répondre 8…d5 à 8.Cg5 ou 8.cxd4 (rendant le pion dans de nombreuses lignes), plutôt que le matérialiste 7...dxc3, bien contré par 8.Db3 avec très forte initiative en échange des pions sacrifiés. Autre choix, 7...d6 8.cxd4 Fb6, la Position Normale, dans laquelle les noirs se contentent de cet avantage d'un pion et les blancs cherchent un dédommagement sous la forme de lignes ouvertes et d'un centre fort.

 

2.2   Décliné

Autrement, on peut refuser le gambit avec 4...Fb6, la partie se poursuivant souvent par 5.a4 a6. Mais, étant donné que ce coup induit une perte de temps, la plupart des commentateurs considèrent que le refus de ce gambit est plus faible que son acceptation (avec l'idée de rendre le pion plus tard dans la partie). Les noirs peuvent aussi jouer la Variante Contre-Gambit (4...d5), mais ce coup a plutôt mauvaise réputation.

 

Notons toutefois que, dans son livre Mon Système, Aron Nimzowitsch déclare que, en refusant le gambit, les noirs ne perdent en fait pas de tempo, étant donné que le coup b4, du point de vue du développement, est improductif, "comme tout coup de pion sans lien avec l'occupation, le contrôle ou l'influence sur le centre. Par exemple, après 4...Fb6 5.b5 (persiste et signe), 5...Cd4, si les blancs jouent 6.Cxe5, les noirs ont une belle attaque avec 6...Dg5."

 

3 Replis du fou après acceptation du gambit

Après 4.b4 Fxb4 5.c3, le fou doit se déplacer sous peine d'être capturé. Ci-dessous, les replis possibles, avec pour chacun les points positifs et négatifs :

 

3.1   5...Fa5

Selon Chessgames.com, c'est la retraite noire la plus populaire. Le fou se dégage des griffes des pions centraux blancs, et cloue le pion c3 si les blancs jouent 6.d4. Le désavantage est que, ce faisant, il ôte au cavalier-roi noir la case a5. Les noirs placent donc ensuite leur fou en b6, pour permettre ...Ca5, qui est particulièrement fort lorsque les blancs font le choix de l'aproche Fc4 - Db3.

 

3.2   5...Fc5

D'après Chessgames.com, il s'agit du second repli en termes de popularité. Les blancs obtiennent de meilleurs résultats que sur 5...Fa5. C'est un coup fréquemment joué par des gens qui connaissent peu le Gambit Evans, mais il n'est sans doute pas aussi bon que 5...Fa5, car 6.d4 attaque le fou et restreint les possibilités des noirs, comparé à 5...Fa5 6.d4.

 

3.3   5...Fe7

Souvent considérée l'une des retraites les plus "sûres", elle a été testée par Viswanathan Anand. Après 6.d4 Ca5, les blancs peuvent tenter de maintenir l'initiative avec 7.Fe2 (joué par Kasparov), ou recapturer le pion immédiatement avec 7.Cxe5.

 

3.4   5...Fd6

Il s'agit de la défense Stone-Ware (elle doit son nom à Henry Nathan Stone et Preston Ware). Ce coup renforce le pion e5, et a été essayé par plusieurs grands maîtres, comme par exemple Andrei Volokitin, Alexander Grischuk et Loek van Wely.

 

3.5   5...Ff8

C'est la défense Mayet, qui est jouée très rarement.