Partie Ecossaise

 

https://en.wikipedia.org/wiki/Scotch_Game

 

 

La Partie Ecossaise commence ainsi :

                   1.e4 e5

                   2. Cf3 Cc6

                   3.d4



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Ercole del Rio, dans son traité (de 1750) Sopra il giuoco degli Scacchi, Osservazioni pratiche d’anonimo Autore Modenese ("A propos du jeu d'Echecs, observations pratiques d'un auteur anonyme de Modène"), fut le premier auteur à mentionner ce qu'on appelle aujourd'hui la Partie Ecossaise. Celle-ci doit son nom à une partie par correspondance de 1824 entre Edimbourg et Londres. Populaire au XIX° siècle, l'Ecossaise perdit les faveurs des grands joueurs vers 1900, car on pensait qu'elle relâchait la pression au centre trop tôt et qu'elle permettait aux noirs d'égaliser sans difficultés. Récemment, les grands maîtres Garry Kasparov et Jan Timman l'ont re-popularisée en l'utilisant comme arme-surprise pour échapper à la sur-analysée Ruy Lopez.

Programme

·         1 Analyse

·         2 Principales variantes

o 2.1 Ligne officielle : 4.Cxd4

§  2.1.1 Variante Classique : 4...Fc5

§  2.1.2 Variante Schmidt : 4...Cf6

§  2.1.3 Variante Steinitz : 4...Dh4!?

o 2.2 Gambit Ecossais : 4.Fc4

o 2.3 Gambit Göring : 4.c3

§  2.3.1 4...d5

§  2.3.2 Autres refus possibles

§  2.3.3 Gambit un-pion : 4...dxc3 5.Cxc3

§  2.3.4 Gambit deux-pions : 4...dxc3 5.Fc4

 

Analyse

Les blancs ont pour objectif de dominer le centre en échangeant leur pion d contre le pion e des noirs. Les noirs prennent généralement le pion, par 3...exd4,  vu qu'ils ne pourront défendre à terme leur pion en e5 (à noter qu'on obtient cette même position à partir de la Partie du Centre, après 1.e4 e5 2.d4 exd4 3.Cf3 Cc6). Sur 3...d6, les blancs sont mieux après 4.dxe5 dxe5 5.Dxd8+ Rxd8 6.Fc4; ils peuvent également simplement jouer  4.Fb5, après quoi 4...exd4 5.Cxd4 Fd7 transpose dans la variante Steinitz de la Ruy Lopez.

3...Cxd4 est possible, bien que peu joué par les forts joueurs de notre temps. Ce coup était populaire au XIX° siècle, et fit l'objet de 5 colonnes d'analyse dans le livre sur les ouvertures Chess Openings Ancient and Modern (Freeborough et Ranken). Aujourd'hui, on considère souvent qu'il s'agit d'une erreur stratégique, car après 4.Cxd4 exd4 5.Dxd4 (5.Fc4 est appelé Gambit Napoléon), la dame blanche est sur une case centrale, et on ne peut pas dire qu'elle a été sortie trop tôt, car elle ne peut être chassée efficacement (5...c5? affaiblit sérieusement les noirs, bloquant leur fou-roi). Néanmoins, l'ECO conclut que les noirs égalisent par 5...Ce7 6.Fc4 Cc6 7.Dd5 Df6 8.0-0 Ce5 9.Fe2 c6 10.Db3 Cg6 11.f4 Fc5+ 12.Rh1 d6. De même, Harald Keilhack conclut dans  Knight on the Left: 1.Nc3 (p. 21) que bien que …Cd4 soit une "non-ligne" en ce moment, si les noirs continuent parfaitement il n'est pas dit que les blancs prennent le moindre avantage. Keilhack analyse 5.Dxd4 d6 6.Cc3 Cf6 7.Fc4 Fe7 8.0-0 0-0 9.Fg5 c6 10.a4 Da5 11.Fh4, et conclut qu'alors, après 11...De5 ou 11...Fe6, "Les blancs ne disposent plus au mieux que de l'indescriptible néant qu'est l'avantage du premier coup." L'ECO indique également que les noirs égalisent avec la ligne alternative 4.Cxe5 Ce6 5.Fc4 Cf6 6.Cc3 Fe7 7.0-0 0-0 8.Fe3 d6 8.Cd3 Cxe4 10.Cxe4 d5.

Après l'habituel 3...exd4, les blancs peuvent répondre (ligne principale) 4.Cxd4 ou bien ils peuvent jouer un gambit, en offrant aux noirs un ou deux pions en échange d'un rapide développement.

Principales variantes

Après 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.d4 exd4, les suites les plus importantes sont :

·         4.Cxd4 (ligne officielle)

·         4...Fc5 (Variante Classique)

·         4...Cf6 (Variante Schmidt)

·         4...Dh4!? (Variante Steinitz)

·         4...Df6

·         4...Cxd4?!

·         4...Fb4+?!

·         4.Fc4 (Gambit Ecossais)

·         4.c3 (Gambit Göring)

·         4.Fb5


Ligne officielle : 4.Cxd4


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Dans la ligne officiele, après 4.Cxd4, les noirs disposent de deux coups principaux. Soit 4...Fc5, soit 4...Cf6. Et ces deux coups offrent aux noirs de bonnes chances de faire jeu égal.

Variante classique : 4...Fc5

Après 4...Fc5,  les blancs disposent de 5.Cxc6, 5.Fe3, ou 5.Cb3. Après 5.Cxc6, le jeu se poursuit presque toujours par 5...Df6 (les noirs ne perdent pas la pièce en c6, car ils menacent mat avec 6...Dxf2) 6.Dd2 dxc6 7.Cc3. Après 5.Fe3, on voit presque toujours 5...Df6 6.c3 Cge7 7.Fc4 (proposé par le MI Gary Lane dans Winning with the Scotch) {les blancs ont de nombreux septièmes coups à leur disposition, par exemple 7.g3} 0-0 {7...Ce5 est plus souvent jouer que le roque après 7.Fc4. La partie se poursuit généralement 8.Fe2 Dg6 (bien que 8...d5 soit possible aussi) 9.0-0. A ce stade, les noirs peuvent prendre le pion non-protégé en e4, mais il est jugé "empoisonné"} 8.0-0 Fb6 avec position à-peu-près égale. Si 5.Cb3 est joué, alors la partie continue presque toujours comme cela : 5...Fb6 6.a4 a6 7.Cc3. Autre plan pour les blancs : 6.Cc3, suivi de (dans un ordre ou un autre) De2, Fe3, h4 et grand-roque.

Variante Schmidt : 4...Cf6

Après 4...Cf6, les blancs ont deux options : 5.Cxc6 (la variante Mieses) ou 5.Cc3 (Partie des 4 cavaliers de l'Ecossaise). Sur 5.Cc3, on voit presque toujours 5...Fb4 6.Cxc6 bxc6 7.Fd3 d5 8.exd5 cxd5 9.0-0 0-0 10.Fg5 c6. Après 5.Cxc6 bxc6 6.e5 De7 7.De2 Cd5 8.c4 est également très répandu.

Variante Steinitz : 4...Dh4!?

Le coup de Steinitz, 4...Dh4!? force presque le gain d'un pion, mais en compensation les blancs obtiennent un avantage de développement et de bonnes possibilités d'attaque. Depuis 2005, la ligne qui a eu les meilleurs résultats pour les blancs a été 5.Cc3 Fb4 6.Fe2 Dxe4 7.Cb5 Fxc3+ 8.bxc3 Rd8   9.0-0 : la position exposée du roi noir s'avérant plus significative que son pion de plus.


Gambit Ecossais : 4.Fc4


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En lieu et place de 4.Cxd4, les blancs ont deux manières d'offrir un gambit. Le Gambit Ecossais (ligne recommandée par le GM Lev Alburt dans son livre Chess Openings for White, Explained) commence par 4.Fc4. Les noirs peuvent transposer dans la Défense des Deux Cavaliers, par 4...Cf6 ou bien poursuivre dans l'Ecossaise avec 4...Fc5 5.c3 après quoi 5...Cf6 transpose dans une variante sûre du Giuoco Piano. Les noirs peuvent tenter d'accepter le gambit, en jouant 5...dxc3 mais c'est risqué, car les blancs obtiennent un avantage de développement. Une continuation possible est 6.Cxc3 (l'option principale, qui a les faveurs du GM Sveshnikov, est la suivante : 6.Fxf7+ Rxf7 7.Dd5+ suivi de 8.Dxc5) 6...d6 7.Fg5 (7.Db3 est douteux, vu que 7...Dd7 8.Cd5 Cge7 9.Dc3 0–0 10. 0–0 Cxd5! 11.exd5 Ce5 12.Cxe5 dxe5 13.Dxe5 Fd6 est bon pour les noirs, mais 7.0-0 l'est aussi) 7...Cge7 8.0-0 0-0 9.Cd5.


Gambit Göring : 4.c3


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Le gambit Göring est un cousin du Gambit Danois qui débute par 4.c3. Les blancs sacrifient un ou deux pions en échange d'un avantage de développement, et poursuivent la partie en mettant la pression sur f7 avec Fc4, Db3 et parfois Cg5. Le livre Oxford Companion to Chess indique que ce gambit fut joué pour la première fois à haut niveau par Howard Staunton dans les années 1840, et que la partie la plus ancienne fut probablement jouée en 1843. La première partie de gambit Göring accepté fut peut-être Meek - Morphy, New York 1857. Carl Theodor Göring le présenta à niveau maître en 1872. Son nom est très souvent associé au gambit un-pion (5.Cxc3), bien qu'invariablement il utilisa le gambit deux-pions en poursuivant avec 5.Fc4. Ce gambit fut joué par Ljubomir Ljubojevic, David Bronstein, Frank Marshall et Jonathan Penrose. Lors de parties-détente, Alexander Alekhine transposait souvent dans cette ligne par l'ordre de coups 1.e4 e5 2.d4 exd4 3.c3 dxc3 4.Cxc3, souvent suivi de ...Cc6 pour les noirs et de Cf3 pour les blancs. En général, cette ligne est populaire chez les joueurs de club, mais pas chez les maîtres. Il est recommandé d'étudier le gambit Göring en lien avec le Danois.

 

4...d5

Les noirs peuvent égaliser en transposant dans le Danois refusé : 4...d5, avec à suivre la ligne 5.exd5 Dxd5 6.cxd4 Fg4 7.Fe2 Fb4+ 8.Cc3 Fxf3 9.Fxf3 Dc4 (ou 6...Fb4+ 7.Cc3 Fg4 8.Fe2 Fxf3 9.Fxf3 Dc4, qui mène à la même position), souvent nommée Variante Capablanca, en référence à la partie Marshall-Capablanca, Lake Hopatcong 1926. Cette ligne (qui peut aussi émerger de la Défense Chigorin), force les blancs soit à échanger les dames, soit à renoncer au droit de roque, par 10.Fe3, qui est un coup risqué. Cela dissuade de nombreux joueurs d'utiliser ce gambit. On obtient des fins de parties égales après 10.Db3 Dxb3 11.axb3 Cge7 ou 10.Fxc6+ bxc6 11.De2+ Dxe2+ 12.Rxe2 Ce7. Si les noirs évitent cela, par exemple avec 6...Cf6 ou 7...0-0-0 dans les lignes vues ci-dessus, alors les blancs obtiennent un bon jeu de pièces en échange du pion d isolé. Les blancs peuvent dévier avec 6...Fg4 7.Cc3, avec l'idée de contrer 7...Fb4 par 8.a3 (ou 6...Fb4+ 7.Cc3 Fg4 8.a3) ou le rare 5.Fd3. Ni l'une ni l'autre de ces possibilités ne promettent un avantage, sauf celui d'éviter ces fins de parties à-la-Capablanca.

 

Autres refus possibles

Les noirs peuvent aussi décliner par 4...Cf6, transposant dans une ligne de l'ouverture Ponziani. La suite 5.e5 Ce4, est approuvée par Dangerous Weapons, 1.e4 e5 (Everyman Chess, 2008) mais Tim Harding considère que 5...Cd5 est une meilleure façon d'essayer d'égaliser : les blancs peuvent poursuivrent 6.Fb5 a6 7.Fa4 Cb6 8.Fb3, 6.Db3, 6.Fc4 ou 6.cxd4. Autre possibilité : 4...Cge7 pour préparer 5...d5, avec à suivre 5.Fc4 d5 6.exd5 Cxd5 7.0-0. Selon le MI John Watson, s'ils veulent égaliser, les noirs peuvent aussi tenter 7...Fe7. Toutefois, le refus 4...d3 offre un avantage aux blancs après 5.Fxd3 d6 6.Ff4 Fe7 7.h3 Cf6 8.Cbd2 Fd7 9.Dc2 selon Batsford Chess Openings 2.

 

Gambit Simple-pion : 4...dxc3 5.Cxc3

Si les noirs acceptent le gambit avec 4...dxc3, les blancs peuvent tout-à-fait ne sacrifier qu'un pion, par 5.Cxc3. La meilleure réponse noire est peut-être 5...Fb4, car les blancs n'obtiennent pas assez de dédommagement pour le pion : après 6.Fc4 d6 7.0-0 Fxc3 8.bxc3 Cf6!, et 9.Fa3 Fg4 est insuffisant, tandis que 9.e5 Cxe5 10.Cxe5 dxe5 11.Db3 (11.Dxd8+ Rxd8 12.Fxf7 Re7 est bon également pour les noirs) 11...De7 12.Fa3 c5 n'offre pas de compensation suffisante pour deux pions. Les blancs peuvent dévier avec 7.Db3; voici la vieille ligne officielle : 7...De7 8.0-0 Fxc3, et alors 9.Dxc3 est suffisant pour les blancs. John Watson et Mark Morss recommandent 7...Fxc3+, pour pouvoir parer 8.Dxc3 avec 8...Df6! et les blancs perdent trop de temps avec la Dame. C'est la raison pour laquelle les blancs poursuivent souvent 8.bxc3, et alors ils peuvent répondre à 8...De7 9.0-0 Cf6 par 10.e5 (avec retransposition dans des lignes émergeant de 7.0-0 Fxc3 8.bxc3 Cf6 9.e5, toutefois insuffisantes pour eux) ou par le peu étudié 10.Fg5. Citons d'autres déviations pour les blancs : 7.Cg5 et 6.Fg5.

La principale alternative pour les noirs consiste à jouer 5...d6, qui mène généralement à des complications et à des chances égales, après 6.Fc4 Cf6 7.Db3 Dd7 8.Cg5 Ce5 9.Fb5 c6 10.f4, ou 7.Cg5 Ce5 8.Fb3 h6 9.f4. 5...Fc5 est jouable également, transposant dans le Gambit Ecossais après 6.Fc4, sans la possibilité Fxf7+. 5...Cf6 6.Fc4 peut voir une retransposition dans les lignes avec 5...d6 après 6...d6; ou bien encore les noirs peuvent essayer de transposer dans les lignes avec 5...Fb4, en jouant 6...Fb4, mais cela permet 7.e5 d5 8.exf6 dxc4 9.Dxd8+ Cxd8 10.fxg7 Tg8 11.Fh6.

 

Gambit Double-pion : 4...dxc3 5.Fc4

Sinon, les blancs peuvent transposer dans le gambit danois en donnant un deuxième pion : 5.Fc4 cxb2 6.Fxb2. John Emms considère que cette approche est bien plus dangereuse pour les noirs. S'ils n'acceptent pas le second pion par 5...cxb2, alors les blancs peuvent éviter la meilleure réponse noire à 5.Cxc3 (5...Fb4 6.Fc4 d6). Par exemple, après 5...d6, le meilleur choix blanc est 6.Cxc3, avec retransposition dans la ligne 5.Cxc3 d6. 5...Cf6 6.Cxc3 transpose dans la ligne 5.Cxc3 Cf6, 5...Fb4 se voit contré par 6.0-0 ou 6.bxc3 (transposition dans le Gambit Ecossais), 5...Fc5 transpose aussi dans le Gambit Ecossais, tandis que 5...Fe7?! (bien paré par 6.Dd5) transpose dans la Défense Hongroise.

La meilleure option pour les noirs consiste donc à prendre le second pion, en jouant 5...cxb2 6.Fxb2. Contrairement à ce que l'on observe dans le vrai Danois, comme les noirs ont engagé leur cavalier-dame en c6, ils ne peuvent contrer 6.Fxb2 par 6...d5. Au lieu de cela, la partie se poursuit souvent ainsi : 6...d6 7.0-0 Fe6 8.Fxe6 fxe6 9.Db3 Dd7 ou 7.Db3 Dd7 8.Fc3 Ch6. 6...Fb4+ est la principale alternative noire, face à laquelle les blancs peuvent ébaucher un plan avec grand-roque, dangereux pour les noirs (par exemple 7.Cc3 Cf6 8.Dc2 d6 9.0-0-0).