https://en.wikipedia.org/wiki/Two_Knights_Defense
La
défense des deux cavaliers débute par les coups :
1. e4 e5
2. Cf3 Cc6
3. Fc4 Cf6
Apparue
pour la première fois chez
Polerio (1550-1610) vers la fin du XVI° siècle, cette ligne de la
partie
Italienne connut son apogée au XIX° siècle. Ce troisième coup noir
constitue
une défense plus agressive que le Giuoco Piano (3…Fc5). A vrai dire,
David
Bronstein a même suggéré que le terme "défense" ne convenait pas dans
ce cas, et que le nom "contre-attaque Chigorin" serait plus
adapté. La
Deux-cavaliers a été utilisée par de nombreux joueurs de type agressif,
parmi
lesquels Mikhail Chigorin, Paul Keres, ainsi que les champions du monde
Mikhail
Tal et Boris Spassky. Au niveau "grand-maître", 3.Fc4 est bien moins
commun que 3.Fb5, et, de plus, le plus solide 3…Fc5 est la réponse
habituelle.
De sorte que la Défense des Deux Cavaliers n'est que rarement vue.
Celle-ci
reste toutefois populaire chez les amateurs. La théorie sur cette
ouverture a
été explorée en profondeur dans les échecs par correspondance, par des
joueurs
tels que Hans Berliner et Yakov Estrin.
Principales
variantes
4.Cg5
Le
maître Allemand
Siegbert Tarrasch appelait 4.Cg5 un coup "de glandu" (ein
richtiger Stümperzug) et le théoricien des ouvertures soviétique
Vasily
Panov le jugeait "primitif"; mais cette attaque sur f7 force
quasiment le gain d'un pion. Malgré les critiques de Tarrasch, 4.Cg5
est resté
un choix populaire chez les blancs, et a été joué par les champions du
monde Wilhelm
Steinitz, Bobby Fischer, Anatoly Karpov, Garry Kasparov
et Viswanathan
Anand.
4...Cxe4
4...Cxe4?!
est
considéré comme faible, mais il doit malgré tout être appréhendé avec
attention. 5.Cxe4 d5 ne pose pas de problèmes aux noirs. Si 5.Cxf7?
Dh4! 6.g3
(6.0-0 Fc5!) Dh3 7.Cxh8 Dg2 8.Tf1 Cd4 9.Dh5+ g6 10.Cxg6 hxg6 11.Dxg6+
Rd8 et
les noirs se font menaçants. La suite correcte est 5.Fxf7+! Re7
6.d4!
(6.d3 est bon aussi), et s'ensuivent:
a.
6...d5
7.Cc3! (le meilleur coup, découvert par le joueur soviétique Lopukhin;
les
blancs ont un gros avantage) Cxc3 8.bxc3 Dd6 (8...Ff5 9.Df3±; 8...e4
9.f3!) 9.a4!
Rd8
10.Fg8! Re8 11.Fxh7±
(Estrin).
b.
6...h6
7.Cxe4 Rxf7, puis 8.dxe5 De8 9.f4 d6 10.0-0 (±) Rg8 11.Cbc3 dxe5 12. f5
Df7 13.Cd5
Fd7 14.f6 g6 15.Ce7+! et les horizons blancs sont excellents (Estrin).
4...Fc5
(Variante Traxler ou Wilkes-Barre)
Ce
coup audacieux
ignore l'attaque blanche sur f7, et mène à un jeu sauvage. Le
problémiste
Tchèque Karel Traxler le joua contre Reinisch à Hostoun en 1896.
Quelques
décades plus tard, plusieurs amateurs d'échecs de Pennsylvanie (en
particulier K.
Williams) proposèrent une analyse de cette variante et décidèrent de
lui donner
le nom de leur ville natale : Wilkes-Barre, Pennsylvanie. C'est pour
cela que,
de nos jours, 4...Fc5 est connu à la fois sous le nom de Variante
Traxler et (uniquement
aux USA et en Grande-Bretagne) de Variante Wilkes-Barre.
Les
blancs peuvent
tenter 5.d4, 5.Cxf7, ou 5.Fxf7+. Après 5.d4 d5!, leur meilleur choix
consiste à
se diriger vers une fin de partie égale après 6.dxc5 dxc4 7.Dxd8+. Les
autres
sixièmes coups n'ont apporté aux blancs que très peu de résultats.
5.Cxf7
est très
compliqué après 5...Fxf2+. Les lignes principales actuelles semblent
toutes à
l'heure qu'il est mener à la nulle ou à des positions égales (par
exemple, 6.Rxf2
Cxe4+ 7.Rg1, ou même 7.Re3.
S'ils veulent prendre l'avantage, les blancs doivent essayer 5.Fxf7+ Re7 6.Fb3 (bien que 6.Fd5 soit recommandé par Lawrence Trent dans son récent DVD Fritztrainer), car c'est la suite qui va poser aux noirs le plus de problèmes. Aucun grand maître n'a adopté la Wilkes-Barre de manière régulière avec les noirs, mais Alexander Beliavsky et Alexei Shirov l'ont jouée à l'occasion, même lors de compétitions de premier ordre. On n'en connaît pas de réfutation.
L'attaque Traxler :
4...d5 (la ligne
officielle)
Pour
répondre à 4...
d5, les blancs n'ont d'autre choix que de jouer 5. exd5, vu que le fou
et le
pion e4 sont tous deux attaqués. Ensuite, les noirs jouent généralement
5... Ca5
mais il existe d'autres options :
·
La
recapture 5...Cxd5?! est extrèmement
risquée. Albert
Pinkus a apporté son soutien à ce coup par des analyses publiées en
1943 et
1944 dans Chess Review. Mais les blancs obtiennent une bonne attaque,
soit avec
la Variante Lolli, très sûre (6.d4!), soit avec la sacrificielle
Attaque Fegatello, ou "Foie gras poêlé" (6.Cxf7!? Rxf7 7.Df3+ Re6
8.Cc3). Ces
variantes sont bien souvent considérées comme trop difficiles à
défendre pour
les noirs face à l'échiquier, mais elles sont parfois utilisées en jeu
par
correspondance. Lawrence Trent décrit ainsi 5...Cxd5 : "un mauvais
coup,
c'est bien connu".
·
La
Variante Fritz 5...Cd4 et la Variante Ulvestad 5...b5
sont liées car
elles partagent une sous-variante commune. Le maître américain Olav
Ulvestad
présenta 5...b5 dans un article de Chess Review en 1941. Les blancs ne
disposent que d'une seule bonne réponse : 6.Ff1!, protégeant g2, de
sorte
qu'ils peuvent répondre à 6...Dxd5? par 7.Cc3. Sont faibles : 6.Fxb5
Dxd5 7.Fxc6
Dxc6 ainsi que 6.dxc6 bxc4 7.Cc3. La meilleure réponse noire est la
transposition
dans la Variante Fritz par 6...Cd4, qui rend visible un autre avantage
de 6.Ff1
– le fou n'est pas attaqué comme il l'aurait été si les blancs avaient
joué 6.Fe2.
Le maître Allemand Alexander Fritz (1857–1932) suggéra 5...Cd4 à Carl
Schlechter, qui écrivit sur cette idée dans un numéro de 1904 de Deutsche
Schachzeitung. En 1907, Fritz lui-même écrivit un article sur
son idée
dans le journal suédois Tidskrift för Schack. La
meilleure
réponse noire est 6.c3, et la partie se poursuit souvent ainsi : 6...b5
7.Ff1 Cxd5
8.Ce4 ou 8.h4.
Sur
5...Ca5, Paul
Morphy jouait pour conserver le pion sacrifié : 6.d3. La variante
Morphy (ou
Attaque Kieseritzky) n'est pas populaire, étant donné qu'on sait depuis
longtemps que les noirs obtiennent de bonnes perspectives en échange du
pion,
par 6...h6 7.Cf3 e4 8.De2 Cxc4 9.dxc4 Fc5. (Bronstein a à une occasion
essayé
le sacrifice de pièce 8.dxe4!? avec succès, mais sa pertinence est
douteuse).
Au
lieu de cela, les
blancs jouent souvent 6.Fb5+, et la partie se poursuit habituellement
6...c6
(6...Fd7 est possible également) 7.dxc6 bxc6 8.Fe2 h6. (Le mouvement
8.Df3?!,
populaire au XIX° siècle et remis au goût du jour au XX° par Efim
Bogoljubov,
est toujours joué à l'occasion. Mais les noirs s'offrent une forte
attaque
après soit 8...h6!, 8...Tb8, ou 8...Fe7.) Les blancs doivent alors
jouer le
repli de leur cavalier. Le coup usuel est 9.Cf3, après quoi les noirs
prennent
l'initiative par 9...e4 10.Ce5 Fd6. C'est
la variante Knorre, et la ligne officielle de la Défense des Deux
Cavaliers. On
a tenté 11.d4 et 11.f4, mais sans conclure à quelque certitude.
10...Fc5 constitue
une alternative viable pour les noirs, tout comme 10...Dc7 (la Variante
Goring).
Le coup 9.Ch3 avait pour sa part les faveurs de Steinitz, même s'il ne lui porta pas chance dans son fameux match de 1891 face à Chigorin. La variante Steinitz tomba dans l'oubli, jusqu'à ce que Fisher la remette au goût du jour dans les années 1960. Nigel Short lui offrit une seconde jeunesse dans les années 1990, et, aujourd'hui, on pense que que ce mouvement est sensiblement aussi fort que le plus usuel 9.Cf3. En plus des coups 8.Fe2 et 8.Df3, 8.Fd3 constitue une alternative valable, à la mode ces derniers temps. A noter également qu'après 5...Ca5 6.Fb5+, la réponse 6...Fd7 s'est avérée à l'usage efficace pour les noirs.
Ligne officielle après 10...Fd6 :
4.Cc3
La défense du pion par 4.Cc3 ne fonctionne pas, car les noirs peuvent prendre le pion malgré tout, et regagner la pièce par une fourchette : 4.Cc3?! Cxe4! 5.Cxe4 d5. Et la tentative 5.Fxf7+? ne marche pas non plus, car les noirs ont alors la paire de fous et une meilleure position après 5...Rxf7 6.Cxe4 d5. En revanche, 4.Cc3 est souvent joué dans l'intention de sacrifier carrément le pion e : c'est le Gambit Boden-Kieseritzky - 4.Cc3 Cxe4 5.0-0. Ce gambit est peu joué en tournoi, car tenu en basse estime par la théorie des ouvertures, mais, en particulier en blitz, il peut offrir aux blancs de bonnes perspectives.
Le gambit Boden-Kieseritzky :
4.d3
Le
calme 4.d3
transpose dans le Giuoco Pianissimo si les noirs répondent 4…Fc5, mais
il
existe également des lignes indépendantes, après 4...Fe7 ou 4...h6. Les
blancs
tentent d'esquiver les batailles tactiques communes dans d'autres
lignes de la
Défense des Deux Cavaliers, et entrent dans un jeu plus positionnel.
Les
positions qui résultent de ce choix partagent quelques caractéristiques
avec la
Ruy Lopez, si les blancs jouent c3 et replient leur fou en c2, via
Fc4-b3-c2.
Ce mouvement est devenu populaire dans les années 80, et a été employé
par John
Nunn, entre autres. Les noirs peuvent contrecarrer ce plan blanc pour
éviter la
lutte tactique, par 4...d5!?. Ce coup est peu joué, car la théorie des
ouvertures ne l'approuve pas; cependant, Jan Pinski suggère qu'il est
en fait
meilleur que ce qu'on croit généralement. En pratique, après5. exd5,
les blancs
conservent de bonnes chances de gain.
4.d4
Les blancs peuvent choisir de se développer rapidement, avec 4.d4 exd4 5.0-0. Les noirs égalisent alors facilement en éliminant le dernier pion central blanc, par 5...Cxe4, les blancs regagnant alors le matériel grâce à 6.Te1 d5 7.Fxd5 Dxd5 8.Cc3; mais les noirs obtiennent alors une position confortable après 8...Da5 ou 8...Dh5, ou bien de bonnes opportunités avec la compliquée Attaque Max Lange : 5...Fc5 6.e5 d5. Cette ligne, très analysée, peut aussi émerger du Giuoco Piano ou de la Partie Ecossaise. Les blancs ont aussi la possibilité d'éviter ces lignes, en jouant 5.e5, une ligne souvent utilisé par Sveshnikov. Après 5.e5, 5...Ce4 et 5...Cg4 sont jouables, mais le plus naturel et précis est 5...d5 6.Fb5 Ce4 7.Cxd4 Fc5. Le complexe 5.Cg5?! se voit pour sa part contrer par 5...d5! 6.exd5 De7+!.
L'attaque Max Lange :