GAMBIT DAME ACCEPTÉ


http://en.wikipedia.org/wiki/Queen%27s_Gambit_Accepted


Le Gambit Dame Accepté (ou GDA) est l'ouverture caractérisée par les coups :

                        1. d4 d5
                        2. c4 dxc4

Gambit dame accepté

Le Gambit Dame Accepté est la 3ème option la plus populaire après ce 2ème coup blanc, derrière 2...e6 (le Gambit Dame Refusé) et  2...c6 (la défense Slave). Dans ces deux variantes, des manœuvres lentes et subtiles sont souvent nécessaires pour parvenir à un bon développement, les blancs tentant d'exploiter l'avantage d'espace et de développement, tandis que les noirs défendent la position et visent le contre-jeu sur l'aile-dame.

Le Gambit Dame n'est pas considéré comme un vrai gambit, contrairement au Gambit Roi, car le pion est soit regagné, soit conservé par les noirs, mais sans qu'ils en tirent bénéfice. Les noirs laissent les blancs recapturer le pion, et utilisent ce temps ("perdu" par les blancs) pour s'attaquer à leur centre.

Etant donné que les noirs abandonnent le centre par 2...dxc4, les blancs vont tenter de s'emparer de l'espace central, et de l'utiliser pour lancer une attaque sur la position noire. Toutefois, les noirs ne sont pas dépourvus de possibilités d'opposition. Et s'ils parviennent à tenir à distance le centre blanc, ils pourront affaiblir le centre de pions blancs, prenant l'avantage dans la fin de partie qui s'ensuivra, en jouant ...c5 and ...cxd4 à un moment donné; et si alors les blancs répondent par exd4, ils devront poursuivre la partie avec un pion isolé en d4 – ce qui peut également mener à une bataille de milieu de jeu passionnée. Si, au lieu de cela, les blancs recapturent en d4 avec une pièce, le centre est liquidé et la partie qui s'ensuit est habituellement assez équitable.

Le Gambit Dame Accepté est classé dans les sections D20 à D29 de l' Encyclopaedia of Chess Openings (ECO).

 

Sommaire

           1 Histoire

           2 Principales variantes

§  2.1 3.Cf3

§  2.1.1 3...a6

§  2.2 3.e4

§  2.3 3.e3

§  2.4 3.Cc3

§  2.5 3.Da4+

 

Histoire

Le Gambit Dame Accepté apparaît dans la littérature échiquéenne dès le XVème siècle, mais ce n'est qu'à l'occasion du Championnat du Monde de 1886 entre Wilhelm Steinitz et Johannes Zukertort que sont présentées les premières idées modernes dans cette ouverture. Jusqu'à cette date, la tactique des noirs se focalisait sur la conservation du pion c4. Le plan mis en œuvre par Steinitz était le suivant : rendre le pion, mais laisser le pion d4 des blancs isolé, pour ensuite exploiter cette faiblesse.

Malgré cette modernisation, au début du XXème siècle, cette ouverture avait plutôt mauvaise réputation, ce même si Alexander Alekhine avait lui aussi présenté de nouvelles idées pour les noirs. Dans les années 1930, elle était jouée au plus haut niveau, puis on observa une baisse de popularité après la seconde guerre mondiale, période à laquelle on jouait abondamment les défenses indiennes. A la fin des nineties, de nombreux joueurs appartenant à l'élite incluaient le Gambit Dame Accepté dans leur répertoire, et il est, aujourd'hui, considéré comme un choix intelligent.


Principales variantes

Après 1.d4 d5 2.c4 dxc4, le coup le plus courant est 3.Cf3, mais de forts grands maîtres ont aussi joué d'autres mouvements. Les variantes présentées ci-après sont classées par ordre de popularité.


3.Cf3

Les lignes principales du GDA débutent avec ce mouvement. Les blancs retardent la recapture du pion, et empêchent les noirs de frapper au centre par ...e5. La récupération du pion se fera par 4.e3 et 5.Fxc4. La réplique noire la plus commune est 3...Cf6. Notons toutefois qu'Alexander Alekhine a présenté et donné son nom à la variante 3...a6.

 

La ligne principale du Gambit Dame Accepté se poursuit ainsi :

3... Cf6 4. e3

4.Da4+ mène à la Variante Mannheim (du nom d'une des villes dans lesquelles s'est déroulé le Championnat du monde d'Echecs 1934 en Allemagne, lors duquel elle fut utilisée; notons toutefois que ce coup était connu antérieurement). Le plus fréquemment, les noirs égalisent facilement après 4...Cc6, d'où la rareté de cette ligne. Les Grands Maîtres Michał Krasenkow et Ulf Andersson l'ont plusieurs fois employée.

4.Cc3 mènent à la Variante des Deux Cavaliers, qui est un vrai gambit, étant donné que les blancs ne peuvent plus espérer regagner le pion c4, après 4...a6 5.e4 b5. La suite de la partie est super compliquée, les blancs étant dédommagés de la perte de leur pion par un fort centre. Les noirs ne sont pas obligés de jouer cette ligne, et 4...Cc6, 4...e6, et 4...c6 permettent une transposition, respectivement dans une Défense Chigorin, un GDR variante Viennoise et une défense Slave.

4... e6

Il existe une alternative: 4...Fg4 5.Fxc4 e6, qui mène généralement à une position solide, même si la partie peut devenir électrique si les blancs tentent d'immédiatement exploiter la faiblesse de l'aile-dame noire, avec la ligne 6.Db3 Fxf3 7.gxf3 Cd7, dans laquelle les pièces noires ont une bonne activité et massacrent à terme les pions aile-roi des blancs en échange du sacrifice d'un pion.

5. Fxc4 c5 6. 0-0

Au lieu de roquer, les blancs disposent d'un autre bon coup : 6.De2, appelé Variante Furman (de Semion Furman). L'idée de ce mouvement est de soutenir l'avance du pion e.

6... a6

6...cxd4 provoque une structure pion-dame isolé. On l'appelle Variante Steinitz, du nom de Wilhelm Steinitz. Cette ligne doit sa notoriété à son match avec Zukertort en 1886, mais la théorie développée à son sujet estime qu'elle permet aux blancs d'avoir une très forte activité. Le relâchement, tôt dans la partie, de la tension au centre, laisse le champ libre aux blancs, et on voit aujourd'hui très peu cette ligne dans la pratique.

 

Dans cette ligne principale, les noirs ont joué à défier le pion d4, tout en préparant ...b5 qui leur permettra de gagner du temps en chassant le fou posté en c4. Dans le même temps, les blancs ont mis leur roi à l'abri et regagné le pion. A ce stade de la partie, les blancs disposent de plusieurs options, et doivent se poser la question de prendre au sérieux ou non la menace positionnelle ...b5. L'ancienne ligne principale, 7.De2, autorise ...b5, et la théorie montre quel les noirs peuvent égaliser. La préférence moderne va au repli 7.Fb3, qui permet de contrer 7...b5 par 8.a4. 7.a4, stoppant ...b5 au coût del 'affaiblissement de la case b4 est populaire aussi, et fut joué par Mikhail Botvinnik lors de son match de 1963 face à Tigran Petrosian. 7.dxc5 provoque tôt dans la partie l'échange des dames, et également souvent une nulle rapide. Plus rarement, d'autres lignes ont été jouées : 7.e4 (Geller), 7.Cc3, 7.Cbd2, 7.a3, 7.b3, et 7.Fd3.

            3...a6

C'est la variante Alekhine. Les blancs poursuivent souvent par 4.e3. Avec 4...Cf6, on revient vers la ligne principale.


3.e4

Les blancs peuvent essayer d'établir un centre de pions fort, avec 3.e4, un vieux coup redevenu populaire cette dernière décennie. Rizzitano la nomme Variante Centrale, remarquant sa hausse de popularité et sa complexité stratégique et tactique. Raetsky et Chetverik la trouvent directe et dangereuse, et pointent le fait que quiconque joue le GDA doit se préparer à y être confronté.

Il est assez risqué de tenter de protéger le pion par 3...b5, c'est pourquoi c'est un coup rarement utilisé. La réponse la plus courante à la Variante Centrale consiste à opposer au centre de pions blanc 3...e5, amenant une position hautement théorique. D'autres réponses visent à disputer le centre : 3...Cc6 avec des idées similaires à celles de la Défense Chigorin, 3...Cf6, provoquant 4.e5, et 3...c5 ébranlant le centre blanc en d4.


3.e3

3.e3, un coup d'apparence modeste, prépare la récupération immédiate du pion, et a souvent été employé par de forts joueurs, parmi lesquels Anatoly Karpov. On a longtemps pensé que cette ligne était inoffensive, car très tôt a été découverte la contre-attaque au centre 3...e5. Une suite-type est alors 4.Fxc4 exd4 5.exd4, qui mène à une position avec pion dame isolé. Cependant, les positions ouvertes qui découlent de cette ligne ne se sont pas, dans la pratique, avérées faciles à appréhender pour les noirs, et nombre de joueurs jouent simplement 3...e6 pour transposer dans les lignes principales. Néanmoins, 3...e5 était recommandé par Rizzitano dans son répertoire contre 3.e3.

Alessandro Salvio, en 1604, a exposé un piège d'ouverture, qui survient lorsque les noirs s'accrochent à leur pion c4. S'ils défendent le pion par 3...b5? 4.a4 c6 5.axb5 cxb5??, la diagonale a8–h1 est irrémédiablement affaiblie, et 6.Df3 gagne une pièce mineure. Essayer de défendre le pion par 3...Fe6 permet certes de tenir le pion, mais les blancs sont dédommagés après 4.Ce2.


3.Cc3

3. Cc3 est qualifié de "malavisé" par Raetsky and Chetverik, car ce coup de développement ne permet pas le contrôle des cases d4 and e5, et car, de plus, le cavalier est menacé par une avance du pion b des noirs. 3...e5, 3...Cf6, and 3...a6 sont des réponses acceptables, et 3...Cc6 mène à une ligne standard de la défense Chigorin. 3. Cc3 est recommandé par Keene et Jacobs dans leur répertoire d'ouverture pour les blancs.


3.Da4+

L'échec de la dame, par 3.Da4+ Cc6 4.Cf3 permet de reprendre rapidement le pion avec Dxc4, mais le développement prématuré de la dame permet aux noirs de gagner du temps en la harassant, c'est pourquoi cette ligne est rarement jouée.