Le Gambit Dame Accepté (ou GDA) est l'ouverture caractérisée par les coups :
1. d4 d5Le
Gambit Dame Accepté est la 3ème option la plus
populaire après ce 2ème coup blanc, derrière 2...e6 (le Gambit Dame
Refusé) et 2...c6 (la défense Slave). Dans
ces deux
variantes, des manœuvres lentes et subtiles sont souvent nécessaires
pour
parvenir à un bon développement, les blancs tentant d'exploiter
l'avantage
d'espace et de développement, tandis que les noirs défendent la
position et
visent le contre-jeu sur l'aile-dame.
Le
Gambit Dame n'est pas considéré comme un vrai
gambit, contrairement au Gambit Roi, car le pion est soit regagné, soit
conservé par les noirs, mais sans qu'ils en tirent bénéfice. Les noirs
laissent
les blancs recapturer le pion, et utilisent ce temps ("perdu" par les
blancs) pour s'attaquer à leur centre.
Etant
donné que les noirs abandonnent le centre par
2...dxc4, les blancs vont tenter de s'emparer de l'espace central, et
de
l'utiliser pour lancer une attaque sur la position noire. Toutefois,
les noirs
ne sont pas dépourvus de possibilités d'opposition. Et s'ils
parviennent à
tenir à distance le centre blanc, ils pourront affaiblir le centre de
pions
blancs, prenant l'avantage dans la fin de partie qui s'ensuivra, en
jouant
...c5 and ...cxd4 à un moment donné; et si alors les blancs répondent
par exd4,
ils devront poursuivre la partie avec un pion isolé en d4 – ce qui peut
également mener à une bataille de milieu de jeu passionnée. Si, au lieu
de
cela, les blancs recapturent en d4 avec une pièce, le centre est
liquidé et la
partie qui s'ensuit est habituellement assez équitable.
Le
Gambit Dame Accepté est classé dans les sections D20 à D29 de l' Encyclopaedia of Chess Openings (ECO).
Sommaire
1
Histoire
2 Principales
variantes
§
2.1 3.Cf3
§ 2.1.1 3...a6
§
2.2 3.e4
§
2.3 3.e3
§
2.4 3.Cc3
§
2.5 3.Da4+
Histoire
Le
Gambit Dame Accepté apparaît dans la littérature
échiquéenne dès le XVème siècle, mais ce n'est qu'à l'occasion du
Championnat
du Monde de 1886 entre Wilhelm Steinitz et Johannes
Zukertort que sont présentées les premières idées modernes dans
cette
ouverture. Jusqu'à cette date, la tactique des noirs se focalisait sur
la
conservation du pion c4. Le plan mis en œuvre par Steinitz était le
suivant :
rendre le pion, mais laisser le pion d4 des blancs isolé, pour ensuite
exploiter cette faiblesse.
Malgré cette modernisation, au début du XXème siècle, cette ouverture avait plutôt mauvaise réputation, ce même si Alexander Alekhine avait lui aussi présenté de nouvelles idées pour les noirs. Dans les années 1930, elle était jouée au plus haut niveau, puis on observa une baisse de popularité après la seconde guerre mondiale, période à laquelle on jouait abondamment les défenses indiennes. A la fin des nineties, de nombreux joueurs appartenant à l'élite incluaient le Gambit Dame Accepté dans leur répertoire, et il est, aujourd'hui, considéré comme un choix intelligent.
Principales
variantes
Après 1.d4 d5 2.c4 dxc4, le coup le plus courant est 3.Cf3, mais de forts grands maîtres ont aussi joué d'autres mouvements. Les variantes présentées ci-après sont classées par ordre de popularité.
3.Cf3
Les
lignes principales du GDA débutent avec ce
mouvement. Les blancs retardent la recapture du pion, et empêchent les
noirs de
frapper au centre par ...e5. La récupération du pion se fera par 4.e3
et 5.Fxc4.
La réplique noire la plus commune est 3...Cf6. Notons toutefois
qu'Alexander
Alekhine a présenté et donné son nom à la variante 3...a6.
La
ligne principale du Gambit Dame Accepté se poursuit
ainsi :
3...
Cf6
4. e3
4.Da4+
mène à la Variante Mannheim (du nom d'une des
villes dans lesquelles s'est déroulé le Championnat du monde d'Echecs
1934 en
Allemagne, lors duquel elle fut utilisée; notons toutefois que ce coup
était
connu antérieurement). Le plus fréquemment, les noirs égalisent
facilement
après 4...Cc6, d'où la rareté de cette ligne. Les Grands Maîtres Michał
Krasenkow et Ulf Andersson l'ont plusieurs fois
employée.
4.Cc3
mènent à la Variante des Deux Cavaliers, qui est
un vrai gambit, étant donné que les blancs ne peuvent plus espérer
regagner le
pion c4, après 4...a6 5.e4 b5. La suite de la partie est super
compliquée, les
blancs étant dédommagés de la perte de leur pion par un fort centre.
Les noirs
ne sont pas obligés de jouer cette ligne, et 4...Cc6, 4...e6, et 4...c6
permettent
une transposition, respectivement dans une Défense Chigorin, un GDR
variante
Viennoise et une défense Slave.
4...
e6
Il
existe une alternative: 4...Fg4 5.Fxc4 e6, qui mène
généralement à une position solide, même si la partie peut devenir
électrique
si les blancs tentent d'immédiatement exploiter la faiblesse de
l'aile-dame
noire, avec la ligne 6.Db3 Fxf3 7.gxf3 Cd7, dans laquelle les pièces
noires ont
une bonne activité et massacrent à terme les pions aile-roi des blancs
en
échange du sacrifice d'un pion.
5.
Fxc4 c5 6. 0-0
Au
lieu de roquer, les blancs disposent d'un autre bon
coup : 6.De2, appelé Variante Furman (de Semion Furman). L'idée de ce
mouvement
est de soutenir l'avance du pion e.
6... a6
6...cxd4
provoque une structure pion-dame isolé. On
l'appelle Variante Steinitz, du nom de Wilhelm Steinitz. Cette
ligne doit sa notoriété à son match avec Zukertort en 1886, mais
la théorie
développée à son sujet estime qu'elle permet aux blancs d'avoir une
très forte
activité. Le relâchement, tôt dans la partie, de la tension au centre,
laisse
le champ libre aux blancs, et on voit aujourd'hui très peu cette ligne
dans la
pratique.
Dans
cette ligne principale, les noirs ont joué à
défier le pion d4, tout en préparant ...b5 qui leur permettra de gagner
du
temps en chassant le fou posté en c4. Dans le même temps, les blancs
ont mis
leur roi à l'abri et regagné le pion. A ce stade de la partie, les
blancs
disposent de plusieurs options, et doivent se poser la question de
prendre au
sérieux ou non la menace positionnelle ...b5. L'ancienne ligne
principale, 7.De2,
autorise ...b5, et la théorie montre quel les noirs peuvent égaliser.
La
préférence moderne va au repli 7.Fb3, qui permet de contrer 7...b5 par
8.a4.
7.a4, stoppant ...b5 au coût del 'affaiblissement de la case b4 est
populaire
aussi, et fut joué par Mikhail Botvinnik lors de son match de 1963
face à Tigran
Petrosian. 7.dxc5 provoque tôt dans la partie l'échange des dames, et
également
souvent une nulle rapide. Plus rarement, d'autres lignes ont été jouées
: 7.e4
(Geller), 7.Cc3, 7.Cbd2, 7.a3, 7.b3, et 7.Fd3.
3...a6
C'est la variante Alekhine. Les blancs poursuivent souvent par 4.e3. Avec 4...Cf6, on revient vers la ligne principale.
3.e4
Les
blancs peuvent essayer d'établir un centre de
pions fort, avec 3.e4, un vieux coup redevenu populaire cette dernière
décennie. Rizzitano la nomme Variante Centrale, remarquant sa hausse de
popularité et sa complexité stratégique et tactique. Raetsky et
Chetverik la
trouvent directe et dangereuse, et pointent le fait que quiconque joue
le GDA
doit se préparer à y être confronté.
Il est assez risqué de tenter de protéger le pion par 3...b5, c'est pourquoi c'est un coup rarement utilisé. La réponse la plus courante à la Variante Centrale consiste à opposer au centre de pions blanc 3...e5, amenant une position hautement théorique. D'autres réponses visent à disputer le centre : 3...Cc6 avec des idées similaires à celles de la Défense Chigorin, 3...Cf6, provoquant 4.e5, et 3...c5 ébranlant le centre blanc en d4.
3.e3
3.e3,
un coup d'apparence modeste, prépare la récupération
immédiate du pion, et a souvent été employé par de forts joueurs, parmi
lesquels Anatoly Karpov. On a longtemps pensé que cette ligne
était
inoffensive, car très tôt a été découverte la contre-attaque au centre
3...e5. Une
suite-type est alors 4.Fxc4 exd4 5.exd4, qui mène à une position avec
pion dame
isolé. Cependant, les positions ouvertes qui découlent de cette ligne
ne se sont
pas, dans la pratique, avérées faciles à appréhender pour les noirs, et
nombre
de joueurs jouent simplement 3...e6 pour transposer dans les lignes
principales. Néanmoins, 3...e5 était recommandé par Rizzitano dans son
répertoire contre 3.e3.
Alessandro Salvio, en 1604, a exposé un piège d'ouverture, qui survient lorsque les noirs s'accrochent à leur pion c4. S'ils défendent le pion par 3...b5? 4.a4 c6 5.axb5 cxb5??, la diagonale a8–h1 est irrémédiablement affaiblie, et 6.Df3 gagne une pièce mineure. Essayer de défendre le pion par 3...Fe6 permet certes de tenir le pion, mais les blancs sont dédommagés après 4.Ce2.
3.Cc3
3. Cc3 est qualifié de "malavisé" par Raetsky and Chetverik, car ce coup de développement ne permet pas le contrôle des cases d4 and e5, et car, de plus, le cavalier est menacé par une avance du pion b des noirs. 3...e5, 3...Cf6, and 3...a6 sont des réponses acceptables, et 3...Cc6 mène à une ligne standard de la défense Chigorin. 3. Cc3 est recommandé par Keene et Jacobs dans leur répertoire d'ouverture pour les blancs.
3.Da4+
L'échec
de la dame, par 3.Da4+ Cc6 4.Cf3 permet de reprendre rapidement le
pion avec Dxc4, mais le développement prématuré de la dame permet aux
noirs de
gagner du temps en la harassant, c'est pourquoi cette ligne est
rarement jouée.